| PÂTÉ, subst. masc. A. − 1. Vx. Pâte feuilletée légèrement salée enveloppant un hachis de viande, de volaille, de poisson, et cuite au four avec son contenu. Synon. croûte: 1. Le Pédant (...) plaça triomphalement au milieu de la table une forteresse de pâté aux murailles blondes et dorées, qui renfermait dans ses flancs une garnison (...) de perdreaux.
Gautier, Fracasse,1863, p.23. − P. anal., pop. et fam. Un gros pâté. Un enfant ou un adulte gras, potelé. Synon. patapouf (fam.).Viens ici, gros pâté! (Ac. 1935). Le père Guillaume! il n'est pas mince non plus. Oh! certainement vous êtes son frère! lui aussi est un fameux pâté! ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq,1830,p.292). 2. En partic. Pâté (en croûte). Pièce de charcuterie faite d'un hachis de viande épicée, de poisson, enveloppé dans une croûte, cuit au four et souvent consommé chaud. Moule à pâté; croûte d'un pâté; petit pâté; pâté chaud, froid; entamer un pâté; pâté de Strasbourg, de Chartres. Ils dévorèrent jusqu'aux croûtes des pâtés d'Amiens (Reybaud, J. Paturot,1842, p.331).Un petit pâté à la viande (...) qui avait gardé un peu de la chaleur du fourneau (Roy, Bonheur occas.,1945, p.193). ♦ Vx, ART CULIN. (Pâtés) bouillants (v. bouillant). ♦ Crier les/aux petits pâtés (vieilli). Vendre des petits pâtés dans la rue. Le Dragon prétendit l'avoir vu à Lyon, à la montée du Gourgouillon, qui criait les petits pâtés (Pourrat, Gaspard,1930, p.169).P. anal. Crier beaucoup en accouchant. Ah! ma pauvre femme! (...). Et moi qui rigolais, il n'y a pas une heure, pendant que tu criais aux petits pâtés! (Zola, Assommoir,1877, p.468). − Loc. fig., fam. ♦ Cela se vend, s'enlève comme des petits pâtés. Cela se vend très bien, vite et facilement. Synon. cela part comme des petits pains*. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979). ♦ Prix fait comme celui des petits pâtés (vx). Prix réglé, fixe et connu de tous. C'est 2000 francs, prix fait comme un petit pâté, vous connaissez ma cuisine, manuscrit livré, argent touché (Balzac, Corresp.,1844, p.665). 3. Région. (Belgique). ,,Petit gâteau, petite pâtisserie`` (Piron Belgique 1978, p.53). B. − Préparation de charcuterie, hachis de viandes épicées ou de poisson, cuit dans une terrine et consommé froid. Synon. terrine.Tranche de pâté; sandwich au pâté; pâté de foie gras truffé; pâté de campagne, de ménage; pâté d'alouettes, de canard, de chevreuil, de grives, de lièvre, de sanglier, de saumon; pâté en boîte. Il coucha un morceau de pâté sur une tranche de pain et mordit dedans (Beauvoir, Mandarins,1954, p.11): 2. −«Et puis, une tranche de ça!» dit-elle, avec gourmandise, en pointant son index ganté vers une terrine de vulgaire pâté de foie. «Ça», c'était pour elle; le pâté de foie était sa folie...
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p.112. ♦ Chair à pâté. V. chair I B 1 syntagmes.Hacher menu comme chair à pâté. V. hacher A 1 b. ♦ Avoir les jambes en pâté de foie. V. foie B 1 p.métaph. − P. anal. Synon. de croustade.Petits pâtés aux champignons. Sur la table d'étalage, des pâtés d'épinards et de chicorée, dans des terrines, s'arrondissaient (Zola, Ventre Paris,1873, p.619). C. − P. anal. 1. Fam. Tache d'encre sur une feuille de papier. Synon. bavure.Un gros pâté; faire des pâtés. Sa conscience est nette comme le feuillet d'un grand livre, sans ratures et sans pâtés (Bernanos, Soleil Satan,1926, p.241): 3. ... sur la page irréprochable tombait un superbe pâté: −alors on lui tirait les oreilles, et il fondait en larmes; mais on lui défendait de pleurer, parce qu'il tachait le papier...
Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p.98. 2. IMPR., TYPOGR. Composition tombée en pâte, caractères mélangés et brouillés par accident ou par négligence (d'apr. Comte-Pern. 1963). 3. Pâté de maisons. Ensemble de maisons formant bloc. Boutiques situées à l'angle du pâté de maisons qui longent les galeries du vieux Louvre (Balzac, Cous. Bette,1846, p.74).Un bruit qui court dans le quartier avec persistance la rend soucieuse: des industriels auraient l'intention d'exproprier le pâté de maisons où ils habitent (Dabit, Hôtel Nord,1929, p.214). 4. JEUX. Pâté (de sable). Sable humecté et moulé à l'aide d'un seau, d'un moule. Faire des pâtés de sable; moule à pâtés. Je considérais les jeux des autres enfants. Ils faisaient, à l'aide de seaux, des rangées de jolis pâtés de sable... Soudain, à un moment que ma bonne tournait la tête, je m'élançais et piétinais tous les pâtés (Gide, Si le grain,1924, p.350). 5. BROD., vx. Ustensile de brodeur à plusieurs cases. Cannetilles, paillettes d'un pâté. Sur les métiers, trottaient le bourriquet et le pâté, les dés et les aiguilles (Zola, Rêve,1888, p.158).V. cannetille ex. 6. FORTIF., DÉFENSE, vx. Fortification ronde; ouvrage avancé dans un terrain inondé ou entouré d'eau. Le pâté de Blaye (Ac.). On a élevé une grosse tour ou pâté elliptique en pierres de taille de granit, au centre et en dedans de la digue, qu'elle soutient, et dont, à son tour, elle est recouverte (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.2, 1823, p.255). Prononc. et Orth.: [pɑte]. Martinet-Walter 1973 [-ɑ-], [-a-] (10/7). Ac. 1694, 1718: pasté; dep. 1740: pâté. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1170 «pâtisserie qui renferme des viandes et du poisson» (Chrétien de Troyes, Érec et Énide, éd. M. Roques, 5105); 2. dernier quart xives. pasté en pot «hachis de viande cuit dans un pot» (Taillevent, Viandier, éd. Pichon et Vicaire, 70); 3. 1508 hacher comme chair a petis pastez (Amerval, Diablerie, 520 ds IGLF). II. 1. 1606 «goutte d'encre sur le papier» (Crespin); 2. 1690 typogr. (Fur.); 3. 1813 «assemblage de maisons faisant un groupe compact» (Jouy, Hermite, t.3, p.35); 4. 1886 pâtés de sable (Zola, OEuvre, p.224). Dér. de pâte*; suff. -é*. Fréq. abs. littér.: 487. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 647, b) 1008; xxes.: a) 650, b) 587. Bbg. Quem. DDL t.1, 9, 14, 17. |