| PÂQUE, PÂQUES, subst. I. − La Pâque, subst. fém. A. − LITURGIE 1. Pâque juive. Fête juive mobile célébrant la sortie d'Égypte. Célébrer, fêter la pâque. Les fêtes du calendrier hébraïque étaient d'abord les néoménies, premier jour du mois, puis la Pâque au 14 Nisan, en souvenir de la sortie d'Égypte (Chauve-Bertrand, Question calendrier, 1920, p.27).Veillée familiale de la Pâque avec la (...) galette de pain azyme, et les herbes amères (Weill, Judaïsme, 1931, p.143): 1. Toute pénétrée du mystère de cette Pâque, j'étais chargée de poser en hébreu les questions auxquelles mon grand-père répondait par le déroulement du récit biblique et l'explication des rites de la nuit pascale.
R. Maritain, Les Grandes amitiés, New York, Éd. de la Maison fr., 1941, p.29. ♦ Faire la pâque. Célébrer la pâque selon les rites. Je pensais (...) au cénacle, à cette salle bien ornée où Jésus voulut faire la Pâque avec ses disciples, se donnant lui-même pour agneau (E. de Guérin, Journal, 1835, p.61). ♦ P. méton. (Immoler, manger) la pâque. (Immoler, manger) l'agneau pascal. On trouve dans saint Jean lui-même l'indication que les Pharisiens mangèrent la Pâque après la mort de Jésus (Daniel-Rops, Jésus en son temps, 1947, p.472). 2. Fête chrétienne, mobile, célébrant la résurrection du Christ. La (grande) pâque russe; la pâque copte. Les gravats que paissaient, durant cette semaine de la Pâque grecque, d'innombrables agneaux pascals (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p.38). Rem. Cette forme est utilisée pour désigner la fête de Pâques dans les églises orthodoxes; elle est vieillie pour désigner cette fête dans l'église catholique. B. − THÉOL. CHRÉT. [Le Christ qui symbolise, pour les chrétiens, l'agneau pascal] [Le Christ] ne se présente pas (...) comme «notre» Christ, «notre» Pâque, «notre» hostie, mais comme «hostie à son père» (Bremond, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.347). II. − Pâques, subst. A. − Fête chrétienne, mobile, célébrant la résurrection du Christ. − Subst. masc. sing. [Non précédé d'un art.] La fête, les fêtes de Pâques; célébrer Pâques. Le lendemain matin était le premier jour du mois de mai. Les cloches de Pâques avaient sonné depuis quelques jours la résurrection du printemps (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.201). ♦ OEuf* de Pâques. − Subst. fém. plur. [Précédé de l'art. déf. ou d'une épithète] :
2. ... dès que la marche glorieuse était avec la procession des rameaux finie, l'angoisse du Christ et de son Église reprenait aussitôt avec la messe pour ne plus cesser qu'avec les Pâques; déjà la lecture de la Passion commençait avec saint Matthieu...
Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.63. ♦ Joyeuses Pâques. [Formule de voeu] B. − P. méton. Dimanche où est célébré la fête de Pâques; période entourant ce dimanche. − Subst. masc. sing. Pâques a été trop précoce cette année et ma villégiature tombe trop tôt (Amiel, Journal, 1866, p.219).La neige (...) de Noël à Pâques, sera de la poudreuse (Comment parlent les sportifsds Vie Lang., 1953, p.88). ♦ [Dans des syntagmes désignant une période de temps repérée par rapport à cette fête] Temps de Pâques; lundi de Pâques; vacances de Pâques. Les congés de Noël et de Pâques sont eux-mêmes en cours d'allongement (Capelle, Éc. demain, 1966, p.153).Semaine de Pâques. Semaine qui suit le dimanche de Pâques. La semaine de Pâques empêche toute affaire ailleurs. J'attends une réponse (Balzac, Corresp., 1845, p.790). − Fém. plur. [Qualifié par une épithète] Quelle crise de la confiance, après des Pâques neigeuses comme celles de cette année! (Alain, Propos, 1930, p.934). ♦ [Entre dans la composition de syntagmes désignant une fête qui suit ou qui précède] Vieilli Pâques closes. (Dimanche de) Quasimodo. Quasimodo, que les anciens du village nomment «Pâques Closes», termine, comme son nom l'indique, le cycle printanier des Pâques (Menon, Lecotté, Vill. de Fr., t.1, 1954, p.66).Pâques fleuries. (Dimanche des) Rameaux. Pâques fleuries, le nom évoque au village les petites marguerites, les «pâquerettes», dont s'émaillent alors les prairies (Menon, Lecotté, Vill. de Fr., t.1, 1954, p.55). − Locutions ♦ À Pâques ou à la Trinité. Dans un avenir lointain, indéterminé, voire jamais. Il ajouta entre ses dents, comme dans la chanson, qu'il reviendrait à Pâques ou à la Trinité, et, comme dans la chanson, la Trinité se passa sans qu'on le revît (A. France, Bonnard, 1881, p.344). ♦ Long comme d'ici à Pâques (vieilli). Très long. (Dict.xixeet xxes., Rey-Chantr. Expr. 1979). Rem. Pâques entre dans la composition de nombreux dictons p.ex. Noël au balcon, Pâques au tison (v. ce mot A 3). V. aussi Chass. 1970, p.274 et sq. − HIST. Pâques véronaises. Révolte de Vérone contre Bonaparte en avril 1797 (d'apr. Lar. encyclop., s.v. Vérone). C. − P. méton., subst. fém. plur., gén. dans la loc. faire ses pâques. Action de communier pendant le temps pascal, selon la prescription de l'église catholique. Ils ont oublié de faire maigre, manqué les Pâques, giflé leurs gosses, que sais-je encore? (Duhamel, Journ. Salav., 1927, p.153).[Ils] se bornent à entendre messe sans faire Pâques ou vice-versa (Philos., Relig., 1957, p.44-1): 3. Religieuse sans être dévote, Lydie faisait ses pâques et allait à confesse tous les mois. Néanmoins, elle se permettait de temps en temps la petite partie de spectacle.
Balzac, Splend. et mis., 1844, p.150. Rem. Par la pâque-Dieu, pâques-Dieu (vieilli). [Juron] Pâques-Dieu! s'écriait-il, que voilà donc un monument bien réussi! comme c'est ça! par saint Pancrace, comme c'est ça! (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.369). La résolution secrète de nous laisser là était bien décidée dans la majorité du congrès, ce qui n'empêchait pas les propos d'être tout farcis de par la Pâque-Dieu! et de par la mort! (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.148). Prononc. et Orth.: [pɑ:k]. Ac. 1694-1718: Pasque (fête juive), Pasque et ,,plus ordinairement Pasques`` (fête chrétienne); dep. 1740: Pâque (fête juive), Pâque et ,,plus ordinairement Pâques`` (fête chrétienne); 1694-1798 toujours avec majuscule: le jour de Pâques, Pâques fleuries, Pâques closes, la Pâque des Juifs, faire ses Pâques; dep. 1835 avec minuscule quand le mot est précédé d'un art., d'un pron. ou d'une épithète: la pâque (juive), faire ses pâques; Littré: Pâque (la pâque juive) et Pâque ou Pâques (fête chrétienne) mais contrairement à Ac. 1835: faire ses Pâques; Rob.: Pâque (la pâque juive) et Pâques (fête chrétienne): joyeuses Pâques mais les pâques véronaises (date hist.) et tolérance pour faire ses pâques ou Pâques; Lar. Lang. fr.: Pâque (la pâque juive) et Pâques (fête chrétienne) avec choix de la minuscule dans les cas de: joyeuses pâques, faire ses pâques. Étymol. et Hist.1. a) Fin xes. Pasches «fête juive» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 89); ca 1170 Pasche (Rois, éd. E. R. Curtius, p.223 [II Rois 23, 21]); fin xiiies. Pasque (M. v. Orelli, Der altfr. Bibelwortschatz des Neuen Testamentes im Berner Cod. 28, p.304 [Luc 22, 1]); b) ca 1235 pasque «agneau pascal» (Bible de l'Université de Paris, ms. B.N. fr. 899, fo86 ds Trénel, p.344 [Deut. 16, 2]: tu sacrefieras pasque); 1694 immoler la Pasque (Ac.); ca 1382 (Raoul de Presles, Bible fr., ms. B.N. fr. 153, fo327 vods Trénel, p.344 [II Chron. 30, 18]: mengea la pasque); 2. a) 2emoitié xes. fém. plur. Paschas «fête chrétienne» (St Léger, éd. J. Linskill, 80); ca 1140 fém. sing. la Pasche (Geoffroi Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3153); ca 1170 fém. sing. Pasque (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 27); 1680 masc. sing. Pâque (Rich.); 1694 masc. sing. Pasques (Ac.); 1474 loc. faire ses Pasques «communier» (J. de Roye, Chron. scandaleuse, éd. B. Mondrot, t.1, p.308); 1845-46 à Pâques ou à la Trinité (Besch., s.v. Trinité); b) av. 1170 Pasche Flurie «Pâques fleuries, le dimanche des Rameaux» (Wace, Rou, III, 2248, éd. A. J. Holden, t.1, p.256). Du lat. chrét. Pascha «la Pâque juive; l'agneau pascal que les Juifs mangeaient pour célébrer la Pâque; l'Agneau pascal, Jésus-Christ (N. T.); Pâques, fête chrétienne» (Blaise Lat. chrét.), empr. au gr. π
α
́
σ
χ
α, mêmes sens, et celui-ci, par l'intermédiaire de l'araméen pasḥa, à l'hébr. biblique pesaḥ
«Pâque; agneau pascal», dér. du verbe pasaḣ
«passer devant, épargner» (v. Bible Suppl. 1960). En a. fr. et m. fr., les fêtes juive et chrétienne étaient désignées indifféremment par Pasque ou Pasques; c'est seulement apr. le xves. que la distinction sém. a été marquée par la graphie, Pasque désignant la fête juive et Pasques la fête chrétienne (cf. Trénel, p.81). Fréq. abs. littér.: 863. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1076, b) 1016; xxes.: a) 1745, b) 1157. Bbg. Quem. DDL t.21. |