| PYGMÉE, subst. masc. A. − ANTIQ. Individu appartenant à une population légendaire de très petite taille localisée aux sources du Nil ou en Éthiopie. Les anciens ont dit que les Pygmées combattaient contre les grues (Ac.). B. − 1. ETHNOL. Individu appartenant à certaines populations naines d'Afrique centrale et méridionale ou d'Insulinde. Synon. négrille.Puis à travers les monts Cassaniens, la mer Rouge et l'île Topazos, nous avons pénétré en Éthiopie par le royaume des Pygmées (Flaub.,Tentation, 1849, p. 295).Quand les anciens voyageurs racontaient qu'ils avaient vu en Afrique des êtres aux lèvres démesurées, des femmes à queue, ou des pygmées, ils ne mentaient pas, le cinéma l'a prouvé (Morand,Paris-Tombouctou, 1929, p. 247). 2. P. ext. Individu de très petite taille. Anton. colosse, géant.Un jour, on pourra non seulement guérir les maladies, mais encore bouleverser les règles normales de la vie, déterminer le sexe à volonté, créer des êtres asexués, des races de pygmées ou des races de géants. Quelle puissance! (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 143). − P. anal. Individu insignifiant, sans talent ou sans crédit. Les pygmées de la littérature (Ac.1835-1935).Il était curieux de voir un pygmée raidir ses petits bras pour étouffer les progrès du siècle, arrêter la civilisation et faire rétrograder le genre humain! (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 41): Et ne dis pas: « (...) J'ai honte de moi, pygmée ridicule qui prétend ébranler le monde. » Déclamer, non. Appeler des temps nouveaux et saluer lyriquement leur aurore, non (...). Ni messie, ni penseur, rien de plus qu'un enfant frémissant et cabré.
Genevoix,Assassin, 1948, p. 283. REM. 1. Pygméen, -enne, adj.a) Qui concerne les pygmées. Langues pygméennes. (Ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). b) Qui évoque les pygmées par ses traits et par sa petite taille (Ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). 2. Pygméries, subst. fém. plur.,hapax. [Maurras] est bien trop grand pour se plaindre, ou se rapetisser à ces pygméries, indigne du promontoire d'où Pie X le déclarait « beau défenseur de la Foi » (L. Daudet,Rech. beau, 1932, p. 80). 3. Pygmoïde, pygmiforme, adj.Qui a les traits et la petite taille du pygmée, qui lui ressemble. (Ds Lar. Lang. fr., Termes nouv. Sc. Techn. 1983, Rob. 1985). Prononc. et Orth.: [pigme]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1246 pigmain « nom donné dans l'Antiquité à un peuple légendaire fait d'hommes de très petite taille » (Gossuin de Metz, Ym. du monde, Bibl. nat. fr. 2021 [xiiies.], fol. 99d ds Gdf.); 1491 pigmées (La Mer des Histoires, I, 34b, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 27); 2. p. anal. 1532 (Rabelais, Pantagruel, XVII, 85, éd. V. L. Saulnier, p. 143: plus de cinquante mille petitz hommes nains, et contrefaictz; et [...] autant de petites femmes acropies [...] Et quoy, dist Panurge, [...] il fault les marier ensemble [...] Ce que fist Pantagruel et les nomma Pygmées); 3. 1756 p. ext. nom donné à une population de petite taille [ici, en Laponie] (Voltaire, Essai sur les mœurs, éd. R. Pomeau, Paris, Garnier, t. 2, 1963, p. 140). B. 1. 1595 empl. adj. fig. « sans mérite » (Montaigne, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 647); 2. 1611 subst. « être de très petite taille » (Cotgr.). Empr. au lat.Pygmaei, les Pygmées, nom d'un peuple mythique diversement localisé, adapt. du gr. ο
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Π
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ο
ι subst. plur., de π
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γ
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α
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ο
ς adj. « nain », propr. « grand d'une coudée », dér. de π
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́ « poing; mesure de longueur: distance depuis le coude jusqu'à la naissance des doigts » (Chantraine, s.v.
π
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ξ). Fréq. abs. littér.: 62. |