| PUTE, subst. fém. A. − Trivial 1. Synon. de prostituée, putain.Aller voir les putes; bar à putes; putes à soldats; pute de luxe. Les putes de la rue aux Ours ne craignent pas plus Dieu que la neige, pas plus le diable que la pluie ou le soleil. Elles sont putes, Rue aux Ours (R. Fallet, Paris au mois d'août, Paris, Gallimard, 1982 [1964], p. 13).Le plaisir des hommes chercheurs de putes est sale; il pue le vieux garçon négligé, le mari salop, la soupe aux cafards (Libération, 1ermars 1985, p. 37, col. 1): 1. ... les (...) putes dans les petites maisons peintes de la venelle (...) se tenaient tout le long du jour à leur fenêtre, en face de moi, et elles faisaient de l'œil aux passants...
Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 148. − Loc. Aller aux putes. Fréquenter les prostituées. Les clients, eux, ont au contraire toutes les excuses [par rapport aux prostituées]. C'est la nature qui parle et quand ils vont aux putes, c'est qu'ils ne peuvent pas faire autrement (L'Événement du jeudi, 10 avr. 1986, p. 45, col. 1). − [En manière d'injure] Quant à toi, sale pute, mère maquerelle (...) ça te plairait, sacrée garce, que je sois cocu (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 102). ♦ [Avec ou sans idée précise de prostitution] Enfant, fils de pute. − Où tu as appris à jouer comme ça? qu'il demande. Sacré garçon! Fils de... fils de... j'allais dire: fils de pute, mais, dans mon genre c'est censément un éloge que je voulais dire (Giono, Baumugnes, 1929, p. 159).− Regarde, dit-il à voix basse. Sur la pente, vers le désert, une forme noire bouge. Un sanglier. − Ah l'enfant de pute! Déjà Jaume a pris le fusil et l'épaule (Giono, Colline, 1929, p. 197). 2. Femme aux mœurs faciles. Synon. putain.Il ouvrit sa braguette et cette fois, je détournai les yeux. « Ça ne m'intéresse pas. » Ils rirent. « Vous voyez! dit le feuilletoniste. Une vraie pute aurait regardé et dit: il n'y a pas de quoi se vanter! » (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 270). − [En manière d'injure] Il a craché le bout du tuyau de pipe pour dire: − Pute! Angèle est droite et fière, serrée contre Albin; son corsage est dégrafé, et l'on voit son sein de nourrice (Giono, Baumugnes, 1929, p. 217). − Loc. Faire la pute. Se faire entretenir. Moi-z-aussi je veux-z-être riche et hhonorée (...) Faut faire la pute alors (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 17). − En appos. Le succès de Maupassant près des femmes putes de la société constate leur goût canaille (Goncourt, Journal, 1893, p. 429). − P. métaph., en empl. adj., fam. Dominique est l'homme le plus pute que je connaisse. Il a déjà fait la coquette avec la politique, avec l'amour, avec la religion. Il ne couchera pas plus avec la mort qu'avec le reste (Morand, Rococo, 1933, p. 217). B. − Loc., pop. Pute de + subst. désignant une pers. ou une chose que l'on maudit. [Sans idée de prostitution] Ce ne sont pas les fusils qui manquent dans cette pute de guerre (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 50): 2. Ma femme s'est pendue dans la grange, une nuit que j'étais à l'espère du lièvre. C'est toi qui a fait cela. Pas avec tes mains, sûr, avec ta langue, ta pute de langue. T'as dans la bouche tout le jus sucré du mal...
Giono, Colline, 1929, p. 138. − [En manière d'injure, de juron] Il rentre dans la grange, mais il en ressort aussitôt, en roulant des yeux féroces et en murmurant: « Pute de moine! » et: « Voleur! » (Barbusse, Feu, 1916, p. 147).− Pute de nature! − Qu'est-ce que tu lui veux à la nature? C'est pute de nous qu'il faut dire. − Pute de nous, si tu veux (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 77). REM. Peut, peute, adj.,région. (Lorraine et Est de la France notamment). Synon. de désagréable, laid, mauvais, méchant, vilain.J'ai tué quelques vipères et je le regrette. On dit que ce sont les peutes bêtes. Je dirais volontiers que ce sont de pauvres bêtes, et pas si méchantes (...) (J. Cressot, Le Pain au lièvre, 1973 [1943], pp. 185-186).Elle n'était pas belle la paufe [sic] Nonôre (...). Longtemps, on a cru qu'elle ne trouverait pas à se placer tellement qu'elle était peute (F. Rousselot, À l'ombre du mirabellier, Nancy, éd. Arts et Lettres, 1976, pp. 54-55).La femme se mit en colère: − Ah, la foutue bête! Ah, le peut gourmand! (A. Jeanmaire, Veillées lorr., Metz, éd. Serpenoise, 1978, p. 145). Prononc.: [pyt]. Étymol. et Hist. Ca 1200 « prostituée » en partic. comme terme d'injure (1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, 10179, p. 277). Fém. subst. de l'adj. put propr. « puant » d'où « mauvais, sale, méchant » ca 1100 put aire (Roland, éd. J. Bédier, 763) auj. usité dans les parlers de l'Est de la France au sens de « laid », v. peut, peute (supra rem.), et qui est issu du lat. pūtidus « puant, pourri, fétide », dér. de pūtere « être pourri, corrompu, puer »; cf. de même a. prov. puta « fille, putain » mil. xiies. (Marcabru, Poésies, éd. J. M. L. Dejeanne, XLIV, 5). Fréq. abs. littér.: 28. |