| PURITAIN, -AINE, subst. et adj. A. − 1. HIST. RELIG. Protestant de l'Angleterre et de l'Écosse très attaché à la lettre de l'Écriture, appartenant à une secte rigide, apparue au xvies., dont beaucoup de membres émigrèrent en Amérique du Nord pour fuir les persécutions des Stuart. Cromwel, par exemple, était, selon moi, puritain sincère jusqu'au fanatisme, et avide de domination jusqu'à l'hypocrisie (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., t. 2, 1829, p. 488).Le XVIIes. et le XVIIIesiècle voient affluer [en Amérique du Nord] des colons d'origine diverse: puritains anglais (les « pélerins » du May-Flower), huguenots français (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 54): 1. Ainsi se sont colonisés la partie maritime de Massachussets, toute l'île de Rhodes et le Connecticut, sans parler du nouveau Hampshire. Aujourd'hui que l'esprit du siècle est si différent, les descendans de ces anciens puritains peuvent à peine se former une idée de l'importance que leurs pères attachoient à l'interprétation de certains textes de l'écriture sainte...
Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 291. 2. En empl. adj. a) [En parlant d'un inanimé] Qui appartient aux protestants puritains, est composé de puritains. Il n'y a pas eu, entre le parti épiscopal et le parti puritain, de véritable querelle religieuse; la lutte ne s'est guère engagée sur les dogmes (Guizot, Hist. civilis., leçon 13, 1828, p. 14).L'étudiant de Harvard, élevé dans cette atmosphère de franchise rude mais saine que la tradition puritaine crée dans la grande université du Massachusetts (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 75).Ma famille ne vient pas de la Nouvelle-Angleterre et je ne crois pas avoir dans les veines une seule goutte de sang puritain (Green, Journal, 1947, p. 133). b) [En parlant d'un animé] Qui appartient à une secte rigoriste. Les juifs puritains, arrivant d'Allemagne ou de Pologne, sont blessés des licences que leurs coreligionnaires se permettent de ce côté du Rhin (Renan, St-Paul, 1869, p. 69).Ici, il y a plus de neuf cents ans, des musulmans puritains sont venus chercher un refuge contre les persécutions de leurs coreligionnaires (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 159). B. − P. ext. 1. Personne austère et prude très attachée aux principes (moraux, religieux, politiques...). Synon. rigoriste.Les financiers ne sont pas des puritains. Depuis que le grand succès de l'autre soir m'a mise en valeur, comme il dirait, cet aimable homme me comble, il me traite de puissance à puissance (Vogüé, Morts, 1899, p. 173).Le puritain est par excellence l'homme du sérieux, celui qui se situe aux antipodes du joueur (Jeux et sports, 1967, p. 1160): 2. − Bien sûr que si! Vous êtes tous les deux des puritains, comme tous les gens de gauche, dit Volange en se tournant vers Henri; le luxe vous choque, parce que vous ne supportez pas d'avoir mauvaise conscience.
Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 268. 2. En empl. adj. a) [En parlant d'un animé] Austère et prude. L'éducation protestante a laissé beaucoup de traces chez Gide, (...) au fond il est très puritain (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 95).C'est une femme absolument sobre!... Sauf pour le tabac... Plutôt même assez puritaine je dirai dans un sens! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 498). b) [En parlant d'un inanimé] Qui fait preuve de pruderie; qui témoigne de rigidité jusqu'à la sévérité. Éducation puritaine; mœurs puritaines. Cette maison propre, rangée, sévère, puritaine, bien organisée pour le service, lui plut (Verne, Tour monde, 1873, p. 7).Sedan, très puritain, a toujours jugé avec sévérité Charleville, cité de rires et de fêtes (Zola, Débâcle, 1892, p. 181).V. exercice ex. 4. REM. Puritainement, adv.De manière puritaine. Une partie du clergé américain s'irrite de certaines légèretés du cinéma ou de ce qu'il affirme dangereux. Son influence, dit-on, se fera « puritainement » sentir (Arts et litt., 1936, p. 34-8). Prononc. et Orth.: [pyʀitε
̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1718-62, au plur., 1694-1798, au masc. uniquement). Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1587 « membre d'une secte de la religion réformée d'Angleterre » (Ronsard, Continuation du discours des misères de ce temps, vers 244, var. éd. 1587 ds
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 11, p. 50); 2. 1775 « celui, celle qui est aussi sévère ou rigoureux qu'un membre d'une secte puritaine » (Beaumarchais, Le Barbier de Séville, II, 2, note de l'aut.). B. Adj. 1. 1590 ministres puritains (Sommaire discours du notable martyre de deux vénérables prêtres [...] Lyon, Jean Patrasson, 19 ds Fonds Barbier); 2. 1751 (Prévost, Lettres angloises, t. 4, 1repart., lettre 142, p. 87: vous rirez [...] de l'air puritain que vous verez prendre à la Sainclair. Il ne sortira pas de ses levres une ordure ni un mot équivoque). Empr. à l'angl.puritan (1572, daterait de 1564, v. NED) formé sur le lat. puritas (v. pureté) et qui désigna d'abord des membres de l'Église anglicane qui voulaient épurer le rite officiel et refusaient un certain nombre de traditions héritées du catholicisme romain que la reine Élisabeth Ireavait maintenues puis, ces opposants s'étant alliés aux presbytériens dans les luttes contre Jacques Ieret Charles Ier, le terme désigna des protestants calvinistes prônant des principes intransigeants. Fréq. abs. littér.: 256. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 303, b) 277; xxes.: a) 233, b) 540. Bbg. Barb. Loan-words 1921, p. 147. − Boulan 1934, p. 118. − Dub. Pol. 1962, p. 393. |