| PURIFICATION, subst. fém. A. − Domaine phys.Action de purifier (une substance, un organisme) d'(un élément hétérogène). Essayer la purification du microbe par inoculation d'animaux divers jusqu'à ce que vous trouviez une espèce qui devienne malade tout au moins, si elle ne meurt pas (Pasteur, Corresp., 1883, p. 378).Le groupe secondaire ou mésozoïque comprend les formations sédimentaires qui se sont déposées depuis la purification définitive de l'atmosphère terrestre (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 224). B. − Domaine relig.Rite usité dans de nombreuses religions. 1. Rite destiné à effacer une souillure (physique ou morale, naturelle ou contractée). C'est là que l'ambassade va subir, pour commencer, les trois jours de quarantaine et de purification imposés toujours aux étrangers qui ont eu la faveur d'entrer à Fez (Loti, Maroc, 1889, p. 144): 1. Les Maricopa considéraient le contact de l'ennemi comme une cause de maladie; par conséquent tous les membres d'une expédition devaient à leur retour se soumettre à une période de purification fixée à seize jours (...). Cet intense sentiment de souillure se retrouve chez d'autres tribus de l'Arizona.
Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux 1936, p. 252. 2. Rite destiné à (se) mettre en état d'entrer en relation avec le divin. Près de l'autel de gauche, dans la cour, était une petite loge destinée aux purifications; quelques bas-reliefs en décoraient les murailles. Deux vases contenant l'eau lustrale se trouvaient en outre placés à l'entrée de la porte intérieure, comme le sont nos bénitiers (Nerval, Filles feu, Isis, 1854, p. 654).V. ablution ex. 11: 2. Parmi les cérémonies les plus importantes de la religion de la cité il y en avait une qu'on appelait la purification (...) cette cérémonie devait avoir pour vertu d'effacer les fautes commises par les citoyens contre le culte.
Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 201. 3. Spécialement a) RELIG. JUIVE. Acte par lequel on enlève une impureté d'origine physique, légale ou morale. ♦ Purifications (légales). Purifications prescrites par la Thora et consistant en ablutions auxquelles s'ajoutaient, à l'époque du Temple, et selon les cas, un sacrifice et/ou une offrande. (Ds Ac. 1798-1935, Littré, Guérin 1892, DG). ♦ Purification des femmes. Cérémonie au cours de laquelle la femme qui avait enfanté se purifiait, quarante jours après la naissance d'un garçon et quatre-vingts jours après la naissance d'une fille. La purification des mères après les relevailles (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 41). b) RELIG. CATH. ♦ Purification de la Vierge. Fête fixée au 2 février commémorant la purification à laquelle se soumit la Vierge en même temps qu'elle présentait l'Enfant Jésus au Temple, quarante jours après sa naissance. Le jour de la Purification, 2 février, on arrêta Savreux, l'un des libraires et imprimeurs ordinaires de Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 554).Sous le nom de Chandeleur, la Purification compte aussi parmi les grandes fêtes (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 223). − LITURG. Ablutions auxquelles sont soumis les vases sacrés après qu'ils ont servi à l'Eucharistie, de manière qu'il n'y reste rien des Saintes Espèces. V. ablution ex. 8. C. − Domaine mor. et métaphys.Action de purifier (quelqu'un) de toute faute. Quand Pierre Bezoukhov, dans Guerre et paix, se présente à l'initiation maçonnique, et qu'on lui désigne la purification et l'amélioration de soi comme le but principal de la fraternité, il hausse les épaules (Mounier, Traité caract., 1946, p. 691). − P. méton. Peine expiatoire purificatrice: 3. Virgile parle (...) des peines expiatoires que devaient subir ceux qui n'étaient pas assez purs pour entrer dans l'élysée. Ces purifications étaient douloureuses pour les manes, et de véritables supplices. Il suppose que les ames, en sortant du corps, étaient rarement assez purifiées pour se réunir au feu éther dont elles étaient émanées.
Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 523. D. − Domaine intellectuel et esthét. 1. Action de purifier quelque chose de ses imperfections. Purification de la langue. Il n'existe pas de bonne grammaire française, le linguiste qui consacrerait quelques années à cette tâche ferait plus que n'importe qui pour la purification de notre idiome (Du Bos, Journal, 1923, p. 279).De nombreux écrivains se refusèrent à ne voir dans l'objet de la poésie qu'un simple prétexte à la purification du langage et à l'affermissement de la pensée (Arts et litt., 1936, p. 40-1). 2. Action de purifier (une œuvre) de (ses imperfections). La méthode convenable pour la purification et la restitution des textes a été dégagée des expériences accumulées par plusieurs générations d'érudits (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist., 1898, p. 54). Prononc. et Orth.: [pyʀifikasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « cérémonie par laquelle on se purifie dans la loi de Moïse (surtout des relevailles de la Vierge) » (Li Sermon Saint Bernard, éd. W. Foerster, p. 124); 2. 1580 « pratiques religieuses de propreté usitées dans certaines religions » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 518); 3. 1688 chim. « action d'ôter d'une substance ce qui s'y trouve d'étranger » (Glaser ds Rich. t. 2); 4. 1694 liturg. cath. (Ac.). Empr. au lat.purificatio « purification », dér. de purificare (v. purifier). Fréq. abs. littér.: 158. |