| PURGATION, subst. fém. A. − 1. THÉOL., vx. Purification (du pécheur). Il apprit (...) qu'il y a une purgation active et une purgation passive (...), quatre espèces d'oraisons (Flaub.,Bouvard, t. 2, 1880, p. 127).La doctrine de l'illumination de saint Augustin, celle de la purgation (...) ne sont pas condamnées par le concile (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 847). − P. anal. Il y a un étrange enivrement dans la destruction de tout dieu au fond de nous, dans cette purgation rationaliste (Duhamel,Cécile, 1938, p. 162). 2. HIST. LITTÉR. Purgation des passions (dans la tragédie). Action d'apaiser ou d'éliminer les passions par leur représentation dans le théâtre tragique, d'après la doctrine d'Aristote. Synon. catharsis.La force de (la) grâce de Corneille est telle qu'elle n'effectue pas seulement cette célèbre purgation des passions que disaient, que voulaient les anciens; cette purgation des caractères et des mœurs. Mais elle va jusqu'à ce point qu'elle effectue la purgation de l'événement même (Péguy,V.-M., comte Hugo, 1910, p. 793). B. − MÉDECINE 1. Vieilli. Action de (se) purger; p. méton., effet ainsi obtenu; remède purgatif. Synon. purgatif, purge, médecine (vieilli).Purgation douce, légère; petite purgation; prendre une purgation. J'ai de l'humeur, je ne ferai pas mal de me purger (...). Qu'est-ce que je prendrai en purgation?... des pilules... c'est plus tôt fait (Leclercq,Prov. dram., Humor., 1835, 10, p. 417).Les autres ont la mine fade des veaux, procèdent avec lenteur et sont doucereux comme une purgation (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1840, p. 222): − Montre-moi ta langue... J'aurais dû m'en douter (...). Au premier jour qu'il pleuvra, tu auras une bonne purge. L'Adélaïde ne croyait pas qu'il fût opportun d'administrer une purgation par les jours de grand soleil...
Aymé,Jument, 1933, p. 176. 2. Vx, au plur. Synon. de menstrues (vx), règles.Ses brutalités de paysanne, de non civilisée, de femme parlant de ses purgations (Goncourt,Journal, 1884, p. 385). C. − DR. ANC. Purgation (canonique). Au Moyen Âge, épreuve qui consistait à se justifier d'une accusation par le serment devant un juge ecclésiastique (p. oppos. à purgation vulgaire, épreuve par les éléments (combat de l'eau, du feu...)). Dans les premiers temps, la cérémonie de la purgation consistait à prendre une poignée d'épis, que l'on jetait en l'air, en attestant le ciel de son innocence (St-Edmet. 51828). Prononc. et Orth.: [pyʀgasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 « purification du pécheur » (Li Dialogue Gregoire le pape, 255, 12 ds T.-L.); b) 1359 « action de se laver d'une accusation » (A.N. JJ 90, f o179 v ods Gdf. Compl.); c) 1372-74 « apaisement des passions » (N. Oresme, Politiques, éd. A.-D. Menut, f o308c); d) 1549 purgation canonique (Est.); 2. xiiies. « fait de provoquer une évacuation intestinale » (Image du monde, BN 1553, f o181 v ods Gdf. Compl.); xives. « remède qui purge » (Manuscrit Messin, éd. P. Meyer ds Romania t. 15, p. 184, 37); 3. 1530 « élimination des impuretés » (Palsgr.). Empr. au lat. méd.purgatio (dér. de purgare, v. purger) « nettoyage, curage ». Fréq. abs. littér.: 41. |