| PUPITRE, subst. masc. A. − 1. Petit meuble porté sur un ou plusieurs pieds, dont la partie supérieure est formée par un plan incliné sur lequel on peut poser un livre ouvert, un cahier, du papier, pour lire, écrire, dessiner plus commodément. Pupitre en bois; pupitre à pied; pupitre mobile d'église; pupitre d'orchestre; être debout près du pupitre. Madame de Lamballe était (...) assise dans une embrasure de fenêtre et établie devant un pupitre de peintre en miniature. Sur le tapis vert du pupitre, un ivoire tout préparé; près de l'ivoire, des pinceaux (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 102).[Habeneck] invita à déjeuner chez lui une trentaine de ses amis, lauréat du Conservatoire, la plupart musiciens de l'orchestre de l'Opéra, en les priant d'apporter leurs instruments... sur les pupitres, ils trouvèrent la Symphonie héroïque (Enseign. mus., 1, 1950, p. 9). ♦ P. métaph. Le nez rouge, la face blême. Sur un pupitre de glaçons, L'Hiver exécute son thème Dans le quatuor des saisons (Gautier,Émaux, 1854, p. 68). − Spécialement ♦ BEAUX-ARTS. Pupitre (de graveur). Meuble sur lequel le graveur pose sa planche. Les pupitres de graveur (...) consistent en une planche qu'on incline plus ou moins et sur laquelle travaillent les aquafortistes, les miniaturistes, les peintres en émail. Ces sortes de pupitres remontent, au moins, au XVIIesiècle (Havard1890). ♦ HIST. DU MEUBLE. Pupitre (à livres). Tablette à plan incliné sur laquelle les livres restent en place fixés par des chaînes. Cabinet de Sully. On remarque, en entrant, un énorme pupitre dont les cinq ou six tablettes tournent sur un axe (Michelet,Journal, 1840, p. 331).V. aussi infra ex. 1.En appos. avec valeur d'adj. Bibliothèque pupitre. Bibliothèque présentant ce type de mobilier: 1. − À la Renaissance et surtout en Italie, nous voyons (...) survivre la copie et se développer le type des bibliothèques pupitres. Les bibliothèques de la Renaissance utilisent les pupitres à livres et les armoires murales. La bibliothèque de Malatesta (...) contient de chaque côté 29 pupitres de 3 m 10 de long et 1 m 28 de haut. Sous la tablette supérieure du pupitre qui reçoit le livre ouvert se trouve une tablette pour ranger les manuscrits enchaînés à une tringle.
Civilis. écr., 1939, p. 5-9. ♦ LITURG. Pupitre de chapelle. Synon. de lutrin.Un vieux pupitre de chapelle, en fer forgé, un de ces antiques lutrins sur lesquels le diacre plaçait jadis l'antiphonaire et qui supportait maintenant l'un des pesants in-folios (Huysmans,À rebours, 1884, p. 22). ♦ P. méton., MUS. Place du musicien d'orchestre. Les musiciens (...) des grands orchestres symphoniques (...) ou désertent leur pupitre, ou s'ils y restent, inclinent à marchander leur effort (Arts et litt., 1936, p. 8-9).Le même orchestre: les fils ont seulement pris la suite des pères aux divers pupitres (Guéhenno,Journal « Révol. », 1938, p. 156).En partic. Place du chef d'orchestre. Aussi sérieux qu'un chef d'orchestre à son pupitre (Flaub.,Champs et grèves, 1848, p. 348).Les jours où ils [les Kapellmeister d'outre-Rhin] remplacent au pupitre nos chefs ordinaires, les auditeurs sont trop nombreux pour les salles trop petites (P. Lalo,Mus., 1899, p. 366).Loc. Être au pupitre. Diriger un orchestre. (Dict. xxes.). Qui sera au pupitre? (Rob.). 2. Petit meuble sans pied, se prêtant aux mêmes usages que le précédent (supra A 1), qui se pose sur une table, un bureau, un lit, etc., ou plus généralement qui fait corps avec cette table, ce bureau, et qui consiste soit en une simple planchette inclinée, soit en une boîte au couvercle incliné. Sur un coin de table, un petit pupitre de laque montre, exposée, la photographie du tableau de la Fête-Dieu de Philippe Rousseau (Goncourt,Journal, 1874, p. 1017).Devant lui, sur un pupitre de lit, reposait « Jean de La Monnerie ou la Quatrième génération du romantisme » (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 40). − Spécialement ♦ [Dans un établissement scolaire] Meuble formant table composé d'un coffre à couvercle dont la surface est en plan incliné. Synon. table (d'école).Pupitre d'écolier; pupitres d'une classe, d'un collège; fermer, ouvrir le couvercle de son pupitre; faire claquer son pupitre. Une salle où quatre-vingts jeunes gens étaient silencieux, assis sur un banc de bois, chacun devant son pupitre (Balzac,L. Lambert, 1832, p. 50).Maurice de Guérin ressemble à un pauvre enfant dont on a retrouvé les cahiers d'écolier au fond d'un pupitre (Mauriac,Journal 3, 1940, p. 232): 2. Pupitres pour les écoles. − On nomme ainsi ces boîtes presque plates, dont la forme carrée est plus basse devant que derrière. Le dessus est mobile jusqu'à la partie horizontale, nommée porte-chandelier, avec lequel il est joint par des charnières de fil de fer: une planchette transversale forme cette partie. Il y a dans l'intérieur du pupitre trois cases pour ranger encre, plumes, etc.
Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 216. ♦ [Au Parlement] Sorte de bureau formé par le dos des bancs de la rangée précédente et attribué à chaque député. Chaque rangée consiste en un long banc, garni de velours rouge, dont le dos forme pupitre pour les occupants de la rangée supérieure. Elle est divisée en places séparées et numérotées, chaque député ayant son propre siège et son propre pupitre (Lidderdale,Parlement fr., 1954, p. 138). ♦ LITURG. Petit meuble léger que l'on pose généralement sur l'autel, l'ambon et les stalles, pour faciliter la lecture ou le chant du texte. Pupitre de chœur, d'autel. Le moins important de ces deux meubles [nommés ambons] porte toujours un pupitre ayant généralement la forme d'un livre ouvert et construit en marbre comme le reste (Lenoir,Archit. monast., 1852, p. 189). ♦ MUS. Élément, généralement mobile, d'un harmonium, d'un piano, etc. sur lequel on pose la partition. Gaston se leva, se mit au piano et commença cette merveilleuse mélodie de Weber, dont la musique était ouverte sur le pupitre (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 90). 3. P. compar. ou p. métaph. À nos pieds, comme un livre ouvert, incliné sur le pupitre de la montagne, la grande prairie verte et diaprée, que bleuit l'ombre, que dore le soleil, et dont les mots distincts sont des fleurs (Gide,Symph. pastor., 1919, p. 910).Jacques, pour écrire, s'asseyait généralement sur son lit, un atlas sur les genoux en guise de pupitre (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 17). − En appos. avec valeur d'adj. En forme de pupitre, à plan incliné. On fait des traversins ronds, des traversins plats, dits traversins pupitres, à cause de leur forme (Lar. mén.1926, p. 767).Enveloppe de traversin pupitre (Catal. 3 Suisses, printemps-été 1989, p. 706). B. − TECHNOLOGIE 1. ÉLECTRON., INFORMAT. Pupitre (de commande, de visualisation). Appareil sur lequel sont rassemblés les boutons, les commutateurs de commande d'un ordinateur, les instruments et les voyants de contrôle, et pouvant comporter un clavier, une imprimante par caractères, et/ou un écran de visualisation (d'apr. scom Informat. 1977). Ni le professeur de faculté ni le responsable d'une grande entreprise ne peuvent désormais se passer d'un pupitre électronique (L'Express, 6 juin 1966, p. 42, col. 2).C'est à partir du pupitre que la mise en marche des différents organes est effectuée et que les commandes sont dictées à un ordinateur (Val.Informat.1976). 2.
ŒNOL. Pupitre (à bouteilles, de cave). Meuble de cave constitué par deux panneaux de bois inclinés, percés de trous, dans lesquels on introduit le col des bouteilles et qui sert à les maintenir en position inclinée, en particulier dans la fabrication du champagne. Pour amener sur le bouchon les matières en suspension [dans le vin de champagne] qui se forment pendant la fermentation, on fait usage de pupitres à bouteilles (Brunet,Matér. vinic., 1925, p. 515). Prononc. et Orth.: [pypitʀ]. Ac. 1694, 1718: pupitre, pulpitre; 1740: pupitre ,,on écrivait autrefois pulpitre``; dep. 1762: pupitre. Étymol. et Hist. 1. 1357 pepistre de l'eglise « meuble fait d'un plan incliné, propre à poser des livres; lutrin » (ds Bullet. Soc. Hist. de Paris, 1875, p. 40, ibid.); 1374 pulpite (J. Goulain [Jean Golein] Trad. du Ration. de G. Durant, B. N. 437, f o10b ds Gdf. Compl.); 1529 servant à écrire popistre (M. d'Amboise, Complainctes, 40 r ods Hug.); 1690 dont se servent les écoliers (Fur.); 1768 « petit écritoire portatif » (Dict. crit. pittoresque et sentencieux ds Havard t. 4, p. 610a); 2. 1959 électron. « tableau de commande à panneaux inclinés » (Électron.); 1968 informat. [cf. 1966 le dér. pupitreur] (Lar. encyclop. Suppl.). Empr. au lat.pulpitum « traiteau, estrade; la scène, les planches » dans la lang. class. (d'où l'empr. du xvies.: 1520, G. Michel ds Hug.); à basse époque, dans la lang. eccl. « chaire de lecteur, ambon », ce meuble était prob. pourvu d'un plan incliné pour faciliter la lecture, de là le sens du fr. Fréq. abs. littér.: 487. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 368, b) 1 198; xxes.: a) 989, b) 519. DÉR. Pupitreur, subst. masc.,électron., informat. Informaticien chargé de conduire l'exploitation de l'ordinateur par des manipulations au pupitre, de coordonner l'action des opérateurs compte tenu des consignes du dossier d'exploitation, des messages parvenus de la machine, et des directives du chef d'exploitation (d'apr. scom Informat. 1977). C'est grâce à un tableau de voyants qui renseigne sur l'état des appareils connectés et sur le contenu de certaines zones mémoire, que le pupitreur peut intervenir à tous moments en cas d'incidents (Val.Informat.1976).Actuellement les pupitreurs jouent plus le rôle de contrôleurs qu'ils n'interviennent réellement. Ils détectent les incidents, les signalent et passent la main (...). Cependant les pupitreurs (...) s'avèrent encore très utiles dans des services de taille moyenne qui ne sont pas encore automatisés. Dans un tel cas (...) lorsqu'il doit agir, son rôle est beaucoup plus complexe qu'auparavant (01 Informatique hebdo, 21 mars 1983, n o741, p. 18, col. 2).− [pypitʀ
œ:ʀ]. −1reattest. 1966 (Le Figaro, 29 nov., p. 14, col. 2); de pupitre, terme d'informat., suff. -eur2*. |