| PUNITION, subst. fém. A. − Action de punir, d'infliger une privation, de faire subir une peine pour une faute commise; acte par lequel on punit. Synon. châtiment, répression.Punition des coupables, des traîtres; punition d'un acte, des délits, des infractions; droit de punition; mériter punition; en punition de; sous peine de punition. La vue des exécutions augmente la férocité des peuples et (...) ainsi la punition des crimes en fait commettre de nouveaux (Michelet, Journal, 1820, p. 78).La punition ordinaire des grands crimes était l'exil (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 253): 1. ... il est tombé à mes pieds, se tordant dans les convulsions de la mort. Car j'ai sauvé ce pays avec mon épée, et, revenant sur le maître incapable, je l'ai mis à mort comme il était juste, et la punition n'est pas au delà de sa faute.
Claudel, Tête d'Or, 1901, 2epart., p. 254. ♦ Punition exemplaire, capitale. La plus haute punition que l'on puisse infliger. Je crois qu'il y a lieu de recourir à la punition exemplaire (...) je crois que l'exemple peut être plus saisissant encore tel qu'il est obtenu en Angleterre, où la punition capitale à la muette derrière les hauts murs me semble plus terrifiante encore que cette manière d'apothéose infâme que nous dressons sur les places publiques (Barrès, Cahiers, t. 7, 1908, p. 27). B. − Peine infligée à quelqu'un pour une faute dont il est jugé responsable, dans le but de l'aider à s'amender, à améliorer sa conduite à venir. Synon. châtiment, peine, sanction. 1. [À propos d'une punition concrète exercée par une autorité parentale, éducative ou autre, vis-à-vis d'un enfant, d'un élève, d'un étudiant, etc.] Punition collective; punitions scolaires. Le système des punitions et des récompenses (...) ne répond pas à ce qu'on va trouver dans la vie où nos actions portent en elles leurs conséquences bonnes ou mauvaises (A. France, Vie fleur, 1922, p. 429).La punition était terrible. C'était l'interruption de toutes ses études, l'impossibilité de les recommencer dans une autre université (Maurois, Ariel, 1923, p. 43): 2. Tout cela est très grave et mérite une punition exemplaire. Ferdinand sera fouetté. De plus, il restera enfermé dans sa chambre pendant un mois. Il sera, bien entendu, privé de dessert durant toute cette période et ne sortira que pour aller à la messe.
H. Bazin, Vipère, 1948, p. 166. ♦ Auto-punition*. ♦ En punition. En guise de punition. Dans le coin, et le nez au mur, en punition, la sœur longuement pleurnichait à sa place (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 9). ♦ Punition corporelle. Synon. de correction, fessée.La misère matérielle et morale des pupilles, mal nourris, mal logés, soumis aux punitions corporelles (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 679). − En partic. ♦ Devoir supplémentaire infligé à un élève. Synon. pensum.Faire sa punition; comme punition, vous (m') écrirez dix fois votre leçon. Le pensum, punition dont le genre varie selon les coutumes de chaque collége, consistait à Vendôme en un certain nombre de lignes copiées pendant les heures de récréation (Balzac, L. Lambert, 1832, p. 53).Il doit passer sa journée à distribuer des punitions à des garçons de l'âge de vos fils (Butor, Modif., 1957, p. 75). ♦ SPORTS (en partic., boxe). Sévère défaite infligée à un adversaire. J. administre à B. une formidable « punition » (L'Auto, 28 déc. 1908ds Petiot 1982).Le gardien de but encaissa une sévère « punition » (L'Ami des Sports, 22 déc. 1931ds Petiot 1982). 2. [À propos d'un malheur considéré comme envoyé du Ciel, ou du destin, ou relevant d'une morale distributive] Punition de Dieu; punition divine; punition des méchants; porter la punition d'une faute, d'un péché; en punition de ses fautes, de son orgueil; pour punition de. Il (...) alla jusqu'à dire que la maladie du roi et l'assassinat du duc d'Orléans avaient été des punitions du Ciel pour le désordre de leur conduite (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 336).Les catastrophes les plus affreuses seront la juste conséquence, la juste punition infligée à ceux qui n'ont pas obéi (Brasillach, Corneille, 1938, p. 40): 3. Que le soldat allemand qui se bat à Verdun connaisse par surcroît l'insécurité matérielle de ceux qu'il a laissés en arrière, c'est une trop juste punition de l'abominable fléau déchaîné par une nation, toute entière enivrée de sa force, qui ricanait quand Paris avait faim en 1870 et qui a voulu organiser la guerre de terreur...
Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 130. C. − Sanction disciplinaire infligée à un militaire, à un fonctionnaire, à un prisonnier, etc. par ses chefs hiérarchiques, en conformité avec le règlement de discipline générale. Punition disciplinaire. Vous m'obligez à vous infliger une punition: vous garderez les arrêts huit jours, monsieur (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 20).Les journaux (...) nous ont annoncé qu'une punition de soixante jours d'arrêts de forteresse allait être infligée au colonel Picquart (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 62). Prononc. et Orth.: [pynisjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1250 [ms. ca 1425] punission « action de punir » (doc. ap. G. Espinas, La Vie urbaine de Douai au moyen âge, t. 3, 1913, p. 103); ca 1330 punicion (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 629 ds T.-L.); 2. ca 1355 « peine infligée pour une faute » (P. Bersuire, f o17 ds Littré); 3. a) ca 1485 pugnicion divine (Myst. du V. Test., éd. J. de Rothschild, 1805); b) 1643 « conséquence pénible (d'une faute, d'un défaut dont on semble puni) » (Corneille, Polyeucte, II, 6 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 520); 4. 1908 boxe (L'Auto, loc. cit.). Empr. au lat. class.punitio « action de punir ». Fréq. abs. littér.: 749. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 325, b) 1 016; xxes.: a) 1 208, b) 782. |