| PULVÉRIN, subst. masc. A. − Mélange fait de salpêtre, de charbon et de soufre pulvérisés, destiné à fabriquer la poudre noire grainée et utilisé pour l'amorçage et les mélanges pyrotechniques. Ivan Ogareff tira une amorce de sa poche, il l'enflamma, et il alluma un peu d'étoupe, imprégnée de pulvérin, qu'il lança dans le fleuve (Verne, M. Strogoff, t. 2, 1876, p. 227).La mèche de Bickford est un fil végétal imprégné de pulvérin et entouré de plusieurs rubans de jute goudronné (Bresson, Manuel prospect., 1923, p. 260): ... ces deux fils sont recourbés et leurs extrémités rapprochées l'une de l'autre dans la poudre au chlorate ou dans le pulvérin qui recouvre le fulminate.
Bourde, Trav. publ., 1928, p. 112. − HIST. Poudre noire très fine qui était utilisée pour des armes à feu antérieures à l'invention de la cartouche (d'apr. Mots rares 1965 et Duchartre 1973). − P. méton., vx ♦ Poire, récipient à poudre. (Ds Ac. et dict. xixeet xxes.). ♦ Arg. milit. ,,Sous-chef artificier d'artillerie`` (Merlin, Lang. verte troupier, 1888, p. 73). B. − Terre très pulvérulente. Dans les fentes perpendiculaires qui les séparent un pulvérin roussâtre, échappé aux vents et aux eaux, a pu se loger: c'est dans ces pincées de terre végétale qu'un peu de culture trouve asile (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 268). − Littér. Poussière. « Ce gâte-pâte » qui, le premier, avait eu l'honneur de lui faire baiser du poitrail et du râble le pulvérin (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 40). C. − Poudre d'eau produite par les jets d'eau, les cascades, les chutes, etc. (d'apr. Littré). Synon. bruine.L'homme et la bête, tels que le beau monstre antique, Sont entrés dans la mer, et nus, libres, sans frein, Parmi la brume d'or de l'âcre pulvérin, Sur le ciel embrasé font un groupe athlétique (Heredia, Trophées, 1893, p. 144). − P. anal. Sa bouche édentée, volubile, peu compréhensible [d'un vieillard] souvent crachotait les syllabes emmêlées et un pulvérin de postillons (Arnoux, Roi, 1956, p. 103). Prononc. et Orth.: [pylveʀ
ε
̃]. Ac. 1694, 1718: -ve-; dep. 1740: -vé-; 1718 et 1740: ,,Quelques-uns disent Poulvrin ou Poulverin``. Littré: ,,On disait aussi poulvérin``. DG: ,,Vieilli, poulevrin``. Étymol. et Hist. 1. 1545 « récipient contenant une poudre noire très fine qui servait à amorcer les armes à feu » (Inventaire de Maître Jehan d'Oultremepuis, 10 ds IGLF M. Â.: une petitte hacquebutte [...] garnie de ses pulverins); 2. désigne cette poudre elle-même 1552 bouche du pulverin « orifice (du canon) contenant la poudre » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 62, p. 249, 34; cf. FEW t. 9, p. 570a et p. 572, note 59); 1610 (Fauchet, Origines des chevaliers, L. II, 530 v ods Hug.: Lequel [feu] prenant à l'amorce ou pulverin, c'est à dire plus menue ou affinée, qui [...] allume l'autre plus grosse pouldre); 3. 1690 « poussière d'eau » (Fur.); 4. 1879 synon. de poussière (Cladel, loc. cit.). Empr. à l'ital.polverino, att. aux sens 1 et 2 dep. fin xvie-déb. xviies. (ds Tomm.-Bell.), dér. dimin. de polvere « poudre », du lat. pulvis, -eris (cf. poudre). |