| PRÉVÔTÉ, subst. fém. I. − HISTOIRE A. − HIST. DU DR. [Sous l'Ancien Régime] 1. a) Juridiction du prévôt (royal); étendue de cette juridiction. Dans toute l'étendue de la prévôté (Ac.): . La Prévôté était une subdivision du bailliage lui-même. Les prévôts étaient les lieutenants des baillis; leurs droits et leurs devoirs étaient les mêmes; mais leur pouvoir, qui n'était qu'une délégation de celui des baillis, était nécessairement moins étendu.
Pol.1868. b) P. méton. Siège de cette juridiction; tribunal présidé par le prévôt (royal). Il fut assigné à la prévôté (Ac.1835-1935).En France (...) les sergents de la prévôté aiment mieux payer une amende (...) que de lui succéder [au bourreau]! (Hugo, Han d'Isl., 1823, p.188).Sous le régime féodal les prévôtés et les bailliages, sous la monarchie (...) les parlements donnent aux peuples les garanties premières de la justice (Vivien, Ét. admin., t. 1, 1859, p.4).Un gentilhomme lorrain nommé Bertrand de Poulengy (...) avait une terre près de Gondrecourt et remplissait un office dans la prévôté de Vaucouleurs (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p.75). 2. P. ext. a) Juridiction d'un prévôt (v. ce mot I A b), étendue de cette juridiction. La Prévôté de Paris était une charge vénale et peu estimée avant saint Louis; mais ce prince ayant jugé à propos de confier à Étienne Boileau la garde de la Prévôté de Paris, les choses changèrent bientôt de face (Pol.1868).Un arrêt du conseil du 1eravril 1762 s'efforça de déterminer les limites peu précises de la compétence de la prévôté de l'hôtel et des autres juridictions (MarionInstit.1923). b) P. méton. Siège de cette juridiction; tribunal où le prévôt exerce sa juridiction. Banni de toute la prévôté et vicomté de Paris (Ac.1798-1878).Je suis maître Caboche, bourreau de la prévôté de Paris (Dumas père, Reine Margot, 1847, ii, 3, p.78).V. prévôt I A 1 b ex. de La Gde encyclop. ♦ Prévôté des marchands. Louix XIII dans son enfance, un jour qu'il jouait au jeu des métiers, fit preuve d'une imagination singulière en inventant un métier dont les règlements n'avaient pas été enregistrés par la Prévôté des marchands: Soyons, dit-il, coupeurs de bourse (D'Allemagne, Récr. et passe-temps, 1904, p.203).V. prévôt I A 1 b ex. de La Gde Encyclop. B. − HIST. RELIG. Bénéfice auquel est attachée l'administration du chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale. La prévôté de tel chapitre, de tel lieu fut donnée à un tel (Ac.1835, 1878). II. − Domaine milit.Formation de gendarmerie placée sous le commandement d'un prévôt (V. ce mot II B), chargée de la police d'une caserne ou d'une armée en campagne, qui exerce, en outre, une juridiction sur les forces françaises en territoire étranger. Les officiers et gradés de la garde en fonction dans les prévôtés (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p.170).La gendarmerie des Forces françaises d'Allemagne, qui comprend des groupements de prévôté (détachements, pelotons et postes prévôtaux) et des formations dans le secteur français de Berlin (La Gde encyclop., Larousse, t. 26, 1973, p.5333).V. prévôtal II ex. − P. méton. Siège administratif de cette formation. J'avais couru à la prévôté stimuler le zèle des gendarmes (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.111). Prononc. et Orth.: [pʀevote]. Ac. 1694, 1718: prevosté; 1740: prevôté; 1762: prévôté; 1798: prevôté; dep. 1835: prévôté. Étymol. et Hist. 1130-40 provosté (Wace, Vie Ste Marguerite, ms. A, éd. E. A. Francis, 89); 1260 prevosté (Étienne Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p.207). Dér. de prévôt* (provôt); suff. -é*. Cf. le lat. médiév. praepositatus «charge de prévôt d'une église collégiale» viiies. ds Nierm.; «ensemble des revenus qui se rattachent à la charge de prévôt d'une église» (909, ibid.), «circonscription domaniale» (1210, ibid.). Fréq. abs. littér.: 38. |