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PRÉSIDER, verbe trans.
A. −
1. Qqn préside à qqc.
a) Avoir la direction, le soin, la responsabilité de quelque chose et veiller à sa réalisation pratique sans (nécessairement) être impliqué dans l'exécution de celle-ci. Synon. veiller à.Présider à l'éducation d'un prince, aux épousailles, à l'organisation de la bataille. L'intendant réglait le nombre d'hommes à lever dans chaque paroisse; son subdélégué présidait au tirage (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.105).Le plus souvent, une bonne femme préside à l'accouchement (Renard, Journal, 1889, p.19):
1. ... un émir, avec une centaine de mamelouks, était admis dans la forteresse pour présider à l'embarquement des chrétiens. Grousset, Croisades, 1939, p.383.
Littér. Bad, chez les Perses, est le nom de l'ange qui préside aux vents (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p.60).Mais la puissance est à Zeus qui préside à la parole (Claudel, Euménides, 1920, iii, p.978).
Loc. Présider à la/aux destinée(s) de qqc. Je me trouvai sur la plate-forme d'un autobus qui devait sans doute faire partie de la dot de la fille de M. Mariage, qui présida aux destinées de la T.C.R.P. (Queneau, Exerc. style, 1947, p.22).
b) Vx. Avoir la présidence, exercer les fonctions de président. Celui qui présidait à l'assemblée du clergé, à l'assemblée de la noblesse. Présider à une compagnie (Ac.1798-1878).Cestius présidait aux jeux des Romains (Staël, Corinne, t.1, 1807, p.235).Un jour, y présidant [au collège du Mans] à la thèse d'un de ses élèves (...), il vint au secours du soutenant (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.2, 1842, p.17).
2. Qqc. préside à qqc.Être le principe, la raison, la cause qui soutient, qui régit l'existence ou la réalisation de quelque chose. Synon. sous-tendre.La simplicité préside à sa vie; quels principes président à cela? Ce rapprochement entre les doctrines et les travaux des quatre grands géomètres (...) nous paraît établir la véritable chaîne des pensées qui ont présidé aux progrès de la Géométrie (Chasles, Aperçu hist. orig. et développ. méth. géom., 1837, p.211).Il y a des lois vitales qui président à la santé et d'autres qui président à la maladie (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.300).Le goût qui a présidé à l'aménagement de ce parloir est le goût de Maillol: sobriété et harmonie (J. Cladel, Maillol, 1937, p.3):
2. ... vous ne pouvez transformer le régime social du monde moderne qu'(...) en renouvelant les idées morales qui président à la vie du groupe social... Maritain, Human. intégr., 1936, p.132.
B. − Qqn préside qqc.
1.
a) Avoir la charge d'une assemblée, d'une réunion, d'un groupe pour en diriger (ou en ce qu'on en dirige) les délibérations, les débats ou les travaux. Présider un jury, une commission, une société, une association. Il songea à casser cette Chambre des représentants que présidait Lanjuinais (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.611).Il y avait à Mâcon, avant 1789, un évêché immensément riche, dont le titulaire présidait les États du Mâconnais (Lamart., Nouv. Confid., 1851, p.76).
Au part. passé à valeur adj. Toute assemblée romaine est présidée par un magistrat qui désigne l'objet du vote (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.319).Les assises seraient présidées par son vieil ami, M. Desbazeilles (Zola, Bête hum., 1890, p.275).C'est bien assez scandaleux de voir aujourd'hui la Société des études rationalistes présidée par un monsieur qui tient du mythomane et de l'illuminé (Duhamel, Maîtres, 1937, p.127).
[P. méton.] Le magistrat qui va nous présider demain trouvait cette indulgence scandaleuse (Clemenceau, Iniquité, 1899, p.341).Il sent le vent sur le côté de sa figure de l'archange qui a charge de nous présider (Claudel, Feuilles Saints, 1925, p.653):
3. ... cette grande et formidable figure qui présidait les neuf électeurs de l'empire d'Allemagne et qu'on appelait l'archevêque de Mayence. Hugo, Rhin, 1842, p.244.
Empl. abs. S'il préside somptueusement, il parle mieux encore (Billy, Introïbo, 1939, p.63).
b) Administrer, diriger, gérer quelque chose en tant que président. Il présidait des orphelinats, des alumnats, des ouvroirs, des cercles, des bureaux de placement... Il présidait de tout (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.234).
2. Occuper la première place et/ou la place d'honneur dans une assemblée, une manifestation, une cérémonie en bénéficiant des égards ou en assumant les obligations qui y sont liées. Madame de Virieu (...) présidait ces studieuses soirées de famille (Lamart., Confid., 1849, p.318).André, ravi, préside la table avec un entrain inaccoutumé (Martin du G., Devenir, 1909, p.192).On eût dit que M. Godeau présidait la cérémonie (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p.22):
4... la matrone qui présidait cette assemblée de vierges sages prenait (...) une pastille de chocolat qu'elle m'offrait avec un pâle sourire. A. France, Pt Pierre, 1918, p.54.
Au part. passé à valeur adj. Ce jour-là, au temps des ducs, c'était une fête nationale, organisée et présidée par les pouvoirs publics (Barrès, Colline insp., 1913, p.148).
P. anal. Sa toile est devant lui. Elle prend figure. Sur la tête du chevalet préside le chapeau gris de M. Béraud (Renard, Journal, 1889, p.32).
Empl. abs. Ce fut un grand repas (...) Christiane présidait, ayant à sa droite le curé, et le maire à sa gauche (Maupass., Mont-Oriol, 1887, p.142).
P. anal. Dans les cours président des chênes séculaires (Berlioz, À travers chants, 1862, p.282).
Prononc. et Orth.: [pʀezide], (il) préside [pʀezid]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. A. Trans. indir. 1. ca 1365 «gouverner, commander à» (Oresme, Traité des monnaies, éd. M. L. Wolowski, p.LXXIX: la communaulté, à qui il [le tyran] préside); 2. 1388 «avoir la présidence d'une assemblée, en diriger les délibérations» (Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t.6, p.641: le chancelier, qui presidoit au conseil); 1422 absol. (Alain Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p.20: Justice a laissié son siege tribunal ouquel se siet et preside Voulenté); 3. a) 1545 p.ext. «avoir la direction, le soin, la surveillance de quelque chose» (Calvin, Instit. de la relig. chrét., l. IV, chap.III, § 15, éd. J.-D. Benoit, t.4, p.69: les Pasteurs doyvent présider sur l'élection); b) 1552 spéc., en parlant de forces occultes, de divinités, etc. (Ronsard, Amours, CLVII, 14 ds OEuvres compl., éd. P. Laumonier, t.4, p.150: L'arrest du ciel qui preside sur nous); 1555 (Id., Hymnes, Henry II, 377, t.8, p.25: Mars preside aux Guerriers); c) 1552 spéc., en parlant de choses (Id., Amours, XXVIII, 4, t.4, p.32: Nostre raison qui preside au courage). B. Trans. 1. 1671 «avoir la présidence (d'une assemblée)» (Pomey); 2. 1834 «occuper la place d'honneur dans» (Balzac, Langeais, p.201: présider le repas). Empr. au lat. praesidere intrans. «être assis devant, en avant; fig. veiller sur, protéger; présider à, avoir la préséance», trans. «protéger; commander, diriger»; comp. de prae «devant, en avant» (pré-*) et de sedere «être assis, siéger» (seoir*). Fréq. abs. littér.: 1308. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)2181, b)1629; xxes.: a)1879, b)1641.