| PRÉFIGURER, verbe trans. Figurer à l'avance, de manière plus ou moins nette, le type, les caractères d'une chose ou d'un événément futur. − Qqc.1/qqn1préfigure qcc.2(à qqn3).Il est avéré que l'Ancien Testament préfigure le nouveau (Huysmans, Oblat, t.1, 1903, p.288).Nos actes n'attendent pas d'être appelés; ils jaillissent vers un avenir qui n'est préfiguré nulle part (Beauvoir, Pyrrhus, 1944, p.82): . Ainsi le songe vague, tout tramé de réel, résume aux vieillards leur longue vie et préfigure aux jeunes gens ce qu'ils ne réaliseront peut-être jamais.
Arnoux, Rhône, 1944, p.145. ♦ Empl. pronom. Je ne me suis souvenu de cette nuit où se préfigurait ma destinée que près de mille ans plus tard (Arnoux, Juif Errant, 1931, p.17). − Qqc.1/qqn1préfigure qqn2.Non qu'il ressemble tout à fait à un être de chair et de sang pétri dans la commune argile: il préfigure le surhomme nietzschéen (Mauriac, Gds hommes, 1949, p.154). ♦ Empl. pronom. réfl. indir. Son visage de rabbin, sa redingote chocolat, fleurie d'une orchidée, plaisaient à Marcel, qu'on aurait pu se préfigurer, au même âge, non sans ressemblance avec cet ambassadeur de la reine Victoria (Blanche, Modèles, 1928, p.110). REM. Préfigurateur, -trice, subst.,rare. Celui ou ce qui préfigure quelque chose ou quelqu'un. Quelle exquise préfiguratrice de la benoîte Mère, que cette Gardienne royale du seuil (Huysmans, Cathédr., 1898, p.252).Ce qui (...) fait de ces malheureux insectes [les termites] les précurseurs et les préfigurateurs de nos propres destins (Maeterl., Vie termites, 1926, p.15). Prononc. et Orth.: [pʀefigyʀe], (il) préfigure [pʀefigy:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. Ca 1225 «figurer d'avance» (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V.-F. Koenig, II Sal 35, 570) −xvies., v. Hug., repris dep. Boiste 1808. Empr. au lat. chrét. praefigurare «faire comprendre à l'avance par une parabole» (de prae «en avant, avant» et figurare «former, façonner; imaginer, concevoir»). Fréq. abs. littér.: 89. DÉR. Préfiguratif, -ive, adj.,hapax. Qui a la caractéristique d'être une préfiguration. Tout ce qui se passe étant préfiguratif, surtout dans les choses humaines, on peut et on doit dire que nous sommes tous prophètes à notre insu et que tous nos actes, bons ou mauvais, sont des prophéties (Bloy, Journal, 1905, p.254).− [pʀefigyʀatif], fém. [-i:v]. − 1reattest. ca 1485 signes prefiguratifz de (Myst. v. test., éd. J. de Rothschild, 48347) attest. isolée, un autre ex. isolé au xxes. (1905, Bloy, loc. cit.); de préfigurer, suff. -(at)if*. BBG. −Renson (J.). Les Dénom. du visage en fr. et ds les autres lang. rom. Paris, 1962, pp.377-378. |