| * Dans l'article "PRÉFACE,, subst. fém." PRÉFACE, subst. fém. A. − 1. Texte placé en tête d'un ouvrage pour le présenter et le recommander au lecteur, en préciser éventuellement les intentions ou développer des idées plus générales. Synon. introduction.Préface générale; belle, bonne, magnifique, merveilleuse, nouvelle, première préface; grande, longue préface (synon. vieillis discours préliminaire, prolégomènes); courte, petite préface (synon. avertissement, avant-propos, préambule); écrire, faire une préface; servir de préface. Je n'aime ni les avant-propos, ni les préfaces et, autant que possible, je m'abstiens de faire devancer mes livres par d'inutiles phrases (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.ix).Dans la préface de Cromwell, après plusieurs pages sur les conquêtes poétiques du christianisme (...), Victor Hugo concluait: «Le point de départ de la religion est toujours le point de départ de la poésie (...)» (Bremond, Poés. pure, 1926, p.127). 1. Je suis convaincu que les oeuvres qui durent ne durent que par des malentendus, par toute la littérature dont la postérité les entoure, littérature où les intentions véritables des auteurs finissent par être noyées du tout et perdues de vue. Cela peut se faire déjà de leur vivant. Quelque temps ils luttent: préfaces, interviews, notes et éclaircissements... Puis, comme ils aiment créer, et que tout le temps donné à ces commentaires est perdu pour une création nouvelle, un moment vient où, de guerre lasse, ils laissent dire.
Montherl., Notes théâtre, 1954, p.1072. − P. anal., MUS. Introduction musicale. La préface instrumentale du Vaisseau fantôme est une page symphonique admirable (Bruneau, Mus. hier et demain, 1906, p.131). 2. P. ext. Petit discours d'introduction, entrée en matière que l'on fait ou écrit à quelqu'un pour l'informer de ses intentions ou pour le disposer favorablement à l'égard d'une personne ou d'un événement. Synon. préambule.Point de préface, sans préface. Il fallut bien d'autres protestations encore pour décider Ludovic à parler, et quand enfin il en eut pris la résolution, il commença par une préface qui dura bien cinq minutes (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.190): 2. −(...) Tu connais particulièrement, n'est-ce pas, le curé de Saint (...).
−Je crois qu'il est supérieur des carmélites de la rue d'Enfer?
−Oui, je pense.
−Tu serais bien aimable de lui écrire deux mots de préface pour me recommander à sa bienveillance.
Feuillet, Honn. d'artiste, 1890, p.116. 3. Au fig. [Appliqué à des domaines divers, concr. ou abst.] Préface à (pour, de).Prélude à quelque chose, ce qui précède, annonce logiquement un événement. Devant la sérénité de cette figure, où l'agonie n'offrait plus de traces, nul n'aurait pu croire aux longues souffrances qui avaient servi de préface à la mort (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.216).Je descendais et faisais honneur au déjeuner toujours succulent, dont la préface était de tout petits melons (Jammes, Mém., 1922, p.152).V. baiser2ex. 10. B. − LITURG. CATH. Partie initiale du canon de la messe (chantée ou récitée) qui sert de préambule à la consécration et qui varie avec les temps liturgiques ou les fêtes. Préface commune. Préface des jours ordinaires. Préface propre. Préface de certaines fêtes telles que Noël, l'Épiphanie, etc., ou lue à certaines occasions (funérailles, p.ex.). Avant la préface, quand le curé se tourna vers les fidèles, il ouvrit les bras terriblement, comme pour les gifler (Zola, Terre, 1887, p.507): 3. La Préface de la messe des morts nous avertit, dans les expressions mêmes de Saint Paul, que la vie pour nous sera changée et non pas enlevée. Donc si la vie demeure, quoique transformée, il est à croire que les fonctions qui l'entretiennent demeurent aussi, quoique transformées, au service du corps spirituel.
Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p.194. Prononc. et Orth.: [pʀefas]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. Fin du xiies. prefaice «texte placé en tête d'un livre et qui sert à le présenter au lecteur» (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 1, 14 ds T.-L.); 2. ca 1250 preface liturg. cath. (Règle cistercienne, 438 ds T.-L.). Empr. au lat. class. praefatio «action de parler d'abord de, préambule, avant-propos», puis, comme terme relig., au lat. chrét. (v. Blaise, Lat. chrét.); dér. de praefari «dire avant, dire préalablement» de prae, v. pré- et fari- «parler, dire»). Fréq. abs. littér.: 1339. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1719, b) 2643; xxes.: a) 2176, b) 1051. DÉR. 1. Préfacer, verbe trans.a) Écrire un texte d'introduction à une oeuvre personnelle ou plus généralement à celle d'un auteur dont on veut recommander l'ouvrage. C'était le temps où le regretté Louis Delluc adressait des lettres en vers aux buveuses de lait du Pré-Catelan, tandis que Jules Lemaître, de l'Académie française, nationaliste des Champs-Élysées, préfaçait de petits bouquins charmants consacrés au Chat noir et illustrés par Gus Bofa (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.167).Que nous apporte la nouvelle collection? Pour suivre l'ordre des temps, du Pétrarque d'abord. Une élégante traduction, préfacée par P. de Nolhac, du célèbre traité: Sur ma propre ignorance, et celle de beaucoup d'autres (L. Febvre, Gilson et la philos. du XIVes., [1946] ds Combats, 1953, p.278).b) Au fig. Annoncer, préfigurer. À moi, seulement, ce qui se trouve entre les deux, ce qui s'appelle pompeusement le destin. Mais ce destin lui-même, des Folcoche le préfacent, l'engagent, l'escroquent (H. Bazin, Vipère, 1948, p.275).− [pʀefase], (il) préface [-fas]. − 1reattest. 1608 prefasser «écrire une préface» (J. Fourier, Lettre du 25 mars ds OEuvres de Saint François de Sales, Annecy, t.13, 1904, p.413); de nouv. 1906 préfacer un livre (Pt Lar.); de préface, dés. -er. On note également l'anglicisme préfacer «préluder à un discours» (1784, Courier de l'Europe, gazette anglo-française, 9 avr., XV, p.231 ds Proschwitz Beaumarchais, p.285), cf. l'angl. to preface «id.» (1628 ds NED). − Fréq. abs. littér.: 11. 2. Préfacier, subst. masc.a) Auteur de préface(s). Les affinités électives que le préfacier de Goethe critique amèrement (Vigny, Journal poète, 1833, p.981).Le glorieux auteur des Fourchambault, qui n'est point préfacier de sa nature et s'était refusé à mettre à son théâtre le plus petit avant-propos, a voulu présenter lui-même son ami Labiche au lecteur (A. Daudet, Crit. dram., 1897p.258).b) P. anal. Présentateur. C'est probablement à ce genre d'analyse que faisait allusion le préfacier de cette exposition de tissus en nous annonçant que nous trouverions dans la contemplation de ces pièces (...) motifs d'agrément pour le toucher, le regard et même l'esprit (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.69).− [pʀefasje]. − 1resattest. Av. 1783 «auteur de préface» (Collé, Préface générale ds Corresp. inéd. de Collé [...] accompagnée de fragm. inéd. de ses oeuvres posth., publ. par H. Bonhomme, Paris, H. Plon, 1864, p.357), 1833 le préfacier de Goethe (Vigny, loc. cit.); de préface, suff. -ier*. |