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PRÉCAUTIONNER, verbe trans.
A. − Vx. Mettre quelqu'un en garde contre les dangers qu'il pourrait courir s'il ne s'entoure pas d'un minimum de précautions. Précautionner les fidèles contre l'erreur (Ac.).
B. − Empl. pronom. réfl., vieilli ou littér. Prendre ses précautions; prendre des dispositions face à une situation imprévue ou difficile. Synon. se mettre à l'abri, se prémunir.
1. Absol. Ils se passeront bien de moi pour un numéro; je ne peux pas faire l'impossible; mais il faut les prévenir afin qu'ils se précautionnent (Sand, Corresp.,t.2, 1843, p.289).Sa prévoyance est devenue de plus en plus sombre; il engendre les craintes et n'est occupé qu'à se précautionner en cas d'insuccès (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t.8, 1864, p.483):
1. ... la température est ce qu'il y a de pire au monde: un mélange de pluie, de brouillards, de chaleur (...) qui ne vaut rien pour les santés délicates. Il faut pour ne pas prendre mal se précautionner beaucoup. E. de Guérin, Lettres,1846, p.497.
2. Se précautionner contre.Prendre des mesures de prudence vis-à-vis d'une personne ou d'un événement redoutable.
a) [Suivi d'un subst. désignant une pers.] On lui remit cinq billets qui tous l'admonestoient de se précautionner contre le roi (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t.4, 1831, p.333).
b) [Suivi d'un subst. désignant un inanimé abstr. ou concr.] Ce malheur ne fut cependant très réel que pour moi, mes camarades l'ayant prévu depuis plus longtemps que je n'avais fait, et s'étant précautionnés contre l'événement (Nodier, Fée Miettes,1831, p.86).Dans les bourgs isolés, dans les stations, les habitants et les squatters se précautionnaient contre toute attaque ou surprise (Verne, Enf. cap. Grant,t.2, 1868, p.158).
3. Se précautionner de.Se munir, se pourvoir par précaution de.
a) [Suivi d'un subst. désignant une pers.] Désespéré du mauvais vouloir de ses serviteurs, arrivant à douter lui-même de l'efficacité des machines, il avait dû se précautionner d'une équipe de moissonneurs, dès l'Ascension (Zola, Terre,1887, p.240).
b) [Suivi d'un subst. désignant un inanimé gén. concr.] Si, au théâtre, l'on nous sert des poulets de carton et des bouteilles de bois tourné, nous nous précautionnons, pour la vie ordinaire, de mets plus substantiels (Gautier, Fracasse,1863, p.23):
2. ... un jour, à Trianon, à table et fort enrhumé du cerveau, il [l'Empereur] eut besoin d'un mouchoir; et comme on courait le chercher, le chambellan de service (...) s'empressa de lui en présenter un dont il avait eu soin de se précautionner, et voulait reprendre l'autre. «Je vous remercie, dit l'Empereur; mais je ne me pardonnerais pas qu'on pût dire que j'ai laissé un tel toucher mon mouchoir sale.» Et il le jeta par terre. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.806.
Prononc. et Orth.: [pʀekosjɔne], (il) précautionne [-sjɔn]. Ac. 1694, 1718: precautionner; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. Av. 1573 se précautionner contre «prendre ses précautions contre» (M. de L'Hospital, Reformat. de la Just., 4epart. [IV, 357] ds Hug.); 2. a) 1640 réponse précautionnée (Richelieu, VI, 689 ds Haschke Richelieu, p.66); b) 1689 d'une personne (Bossuet, Avert. aux prot., III, § XXV, 227 ds Brunot t.4, p.496); 3. 1678 se précautionner de «se munir de» (Saint-Réal, Conjuration des Gracques ds Dub.-Lag.); 4. a) 1682 trans. «mettre en garde quelqu'un contre quelque chose» (Id., Conf. avec M. Claude, 436, ibid.); b) 1834 précautionné «mis en garde, averti» (Sainte-Beuve, Volupté, t.1, p.3). Dér. de précaution*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 16.