| PRÉALABLE, adj. et subst. masc. I. − Adj. Qui a lieu, se fait ou se dit avant autre chose, dans une suite logique d'événements, d'actes, de faits; qui doit précéder quelque chose. Une grande partie des conséquences anatomiques (...) des toxi-infections sont le résultat d'une sensibilisation préalable de l'organisme (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.723).Dans les coupes d'éclaircie notamment il est parfois indispensable d'imposer l'élagage préalable des arbres à abattre (Cochet,Bois, 1963, p.131): 1. ... le diplomate doit d'abord inspirer le respect, puis la sympathie, formes premières de l'influence. Il est constamment, au sens propre, en représentation (...). Peut-être une telle faculté ne se situe-t-elle pas très haut dans l'échelle des valeurs humaines: elle est pourtant, dans ce métier, la condition indispensable et préalable du succès.
Chazelle,Diplom., 1962, pp.113-114. − ADMIN. JUR. Aucun diplôme préalable n'est exigé. Aucune déclaration préalable de candidature n'est à souscrire. Les candidats se présentent librement, sans la moindre formalité, même la veille, même le jour du scrutin (Bacquias,Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p.4).Le Conseil d'État sanctionne, par l'annulation, au titre du vice de forme ou de procédure, les actes qui ont été pris en méconnaissance des formalités de consultations préalables obligatoires (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.103): 2. L'Union soviétique n'est pas au nombre des signataires de la convention de Berne concernant la protection de la propriété littéraire. Presque toutes les traductions de langues étrangères publiées en URSS le sont sans accord préalable avec les ayant-droit, et ne donnent pas lieu à des paiements de droits d'auteur.
Civilis. écr., 1939, p.24-4. ♦ Question préalable. Question soumise à un tribunal, et dont la solution doit intervenir avant qu'il soit véritablement procédé à l'examen; dans les assemblées délibérantes, motion préliminaire à l'examen d'une question pour savoir si on délibérera sur le sujet proposé. Réclamer, opposer, voter la question préalable. On cite, on demande, on ajourne la question préalable. On entend par cette expression une question à ajouter, à discuter préalablement ou avant la motion ou l'amendement qu'on vient de proposer pour en prouver l'utilité ou les écarter comme inconstitutionnels (Mr. de L'Épithète,Dict. national et anecdotique, 1790ds Quem. DDL t.11).L'adoption de cette question préalable aurait entièrement mis fin à la discussion du projet, mais la question fut repoussée par l'assemblée (Lidderdale,Parlement fr., 1954, p.147). − [En paroles, en discours] S'il s'agit de l'ouverture d'une simple classe réservée aux élèves adultes, dans les locaux d'une école privée ouverte elle-même régulièrement, aucune déclaration préalable n'est exigée du directeur de l'école (Encyclop. éduc., 1960, p.69).Quelques remarques préalables situeront, je l'espère, le présent chapitre (Traité sociol., 1967, p.83). Rem. Rarement antéposé: Mais Léon trouve Phiphi flanchard et, pour le remonter à bloc, il affecte un certain mépris pour sa préalable couardise et feint de le bouder (Gide, Faux-monn., 1925, p.1146). Une juste et préalable indemnité (Belorgey, op. cit., p.230). − Préalable à.Pour la première journée, il convient de prévoir une initiation générale au métier d'instituteur, préalable à l'acquisition des méthodes (Encyclop. éduc., 1960, p.364).Un accord sur la hiérarchie des phénomènes linguistiques est préalable à toute classification typologique (Pottierds Langage, 1968, p.314). SYNT. Accord, arrangement, autorisation, avertissement, entente, explication préalable; étude, formation, préparation, résultat préalable; condition, instruction, jugement, sondage, vote préalable. II. − Subst. masc. Condition ou ensemble de conditions à remplir avant d'entreprendre une action ou des négociations, de conclure un traité. Négociation sans préalable. Il est des préalables à toute politique de développement (Tiers Monde, 1956, p.376).L'octroi d'une assistance financière est, tout au moins pour les pays sous-développés à économie non planifiée, la condition indispensable, le «préalable» à leur épanouissement économique (Univers écon. et soc., 1960, p.40-8).La recette et le métier, aussi nécessaires que possible et qui apparentent si fort l'art à l'artisanat, n'y sont jamais cependant qu'un préalable, au delà duquel le pari reste toujours ouvert et le succès aléatoire (Traité sociol., 1968, p.313). − Loc. adv. Au préalable. D'abord, dans un premier temps, avant toute autre chose. Synon. préalablement.Une canule est au préalable introduite par la bouche dans la trachée (...) afin de faciliter sa respiration (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.781).En cas de difficulté grave dans le fonctionnement des organes statutaires ou de défaut d'exercice de leurs responsabilités, le ministre de l'Éducation nationale (...) consulte le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche au préalable (Loi orient. enseign. sup., 1968, p.12). Prononc. et Orth.: [pʀealabl̥]. Ac. 1694: pré-; 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1437 adj. preallable «qui doit précéder» (ds Arch. du Nord, B 19491, pièce 18); spéc. a) xvies. question préalable «question à régler d'abord» (C. du Perron [mort en 1618] ds Dochez); 1694 (Ac.); b) 1789 «motion préliminaire pour décider, avant toute discussion, s'il y a lieu de délibérer sur une proposition qui vient d'être faite» (Séance du mercredi 26 août ds B.-J. B. Buchez et P.-C. Roux, Hist. parlementaire de la Révol. fr., t.2, p.342); 1548 subst. prealable «ce qui précède» (Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, t.1, p.152); spéc. 1956 «condition ou ensemble de conditions sine qua non auxquelles est subordonnée l'ouverture de négociations en vue d'un accord, de la conclusion d'un traité» (Le Monde, 29 déc. ds Gilb. 1971); 1519 loc. adv. au prealable «avant» (Edits de la police de la Ville de Montreuil-sur-Mer, éd. G. de Lhomel, p.28). Dér. de l'anc. verbe prealler «aller devant» au fig. «avoir la prééminence» ca 1485 (Mist. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 12530) −1619 prealler en ordre «être colloqué en ordre de préférence» (Chartes du Hainaut, chap.75, art. 19 ds Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.2, p.111b), dér. de aller*, préf. pré-*; cf. l'anc. adj. alable, v. allable att. notamment dans le syntagme premier allable «préalable» (Coust. de Bret., fo106 vods Gdf.). Au sens b question préalable est peut-être un calque de l'angl. previous question «id.» att. dès 1700-15 ds NED, comp. de l'adj. previous «qui précède» (1625, ibid.: praeuious), du lat. class. praevius «id.» et du subst. question (1375 ds NED: questioun), empr. au fr. question* de même sens. Fréq. abs. littér.: 550. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 528, b) 444; xxes.: a) 685, b) 1238. Bbg. Quem. DDL t.21. |