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PROVOCATEUR, -TRICE, adj. et subst.
A.− (Celui, celle, ce) qui provoque quelqu'un.
1. Substantif
a)
α) Celui qui excite ou qui défie quelqu'un. Vous êtes un sot! − Vous êtes un drôle! (...). − Ils se battront. − Non. − À demain, Monsieur. − À l'instant, répondit Nathan. − Allons! Allons! Vous êtes deux braves. − Vous en êtes un autre! dit le provocateur (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 61):
1. − À présent, si les quatre goulus qui m'ont défié tout à l'heure en veulent encore, s'écria le beau-brun, souillé de poudre et déjà debout, on les servira rondement (...). − Nous moucher, toi, pécaïré? dit un grand escogriffe, en toisant le provocateur qui souriait; toi, morveux, toi? Cladel, Ompdrailles,1879, p. 64.
β) En partic., dans le domaine pol.Celui qui est chargé de tendre un piège à l'adversaire (individu ou groupe) en s'arrangeant pour qu'il commette ou pour qu'on lui attribue des actes que l'autorité en place ne peut que réprimer. Cette allocution fut suivie d'un profond silence; les évêques, ne sachant s'ils avaient devant eux un provocateur envoyé par Fredegonde, ne répondirent qu'en posant le doigt sur leurs lèvres en signe de discrétion (Thierry, Récits mérov.,t. 2, 1840, p. 145):
2. Se dire révolutionnaire et vouloir se faire tuer pour un gouvernement qui a ses mouchards, ses provocateurs, ses bureaucrates, comme tous les gouvernements bourgeois, à quoi cela rime-t-il? Green, Journal,1932, p. 113.
Empl. adj. [En Syrie] l'agitation couvait, le gouvernement syrien élevait sans cesse le ton, exigeant que les troupes « spéciales » lui fussent remises et encourageant les éléments provocateurs (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 186).
Agent provocateur (v. agent II C 4 b). Ils disent que l'attentat de Sarajevo aurait été organisé par des agents provocateurs à la solde de Berchtold, pour faire naître l'occasion attendue! (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 231):
3. Est-ce que vous voyez maintenant qu'on vous a tendu un piège? sevrais : Comment cela? m. habert : On a fait ce qu'il fallait pour que vous vous enferriez. Cela a un nom : vous ne savez pas ce que c'est qu'un agent provocateur? Montherl., Ville dont prince,1951, III, 5, p. 918.
b) Provocateur à qqc. (vieilli).Celui qui incite, qui pousse à quelque chose. Une proclamation annonçait que tout provocateur au rétablissement de la royauté ou de la Constitution de 1793 serait fusillé sans aucune forme de procès (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 494).
2. Adj. [En parlant d'une manifestation de l'activité hum.]
a) Qui a pour but ou pour effet de provoquer.
α) Synon. de provocant (v. ce mot A 2 a).Discours, propos provocateur(s); forfanterie, intonation provocatrice. Il n'y a pas de déshonneur à avoir des poux, dit Pierrette d'un petit air gentiment provocateur (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 126).Les gens sérieux qui ne goûtaient ni la frivolité du cabriolet ou de la calèche ni le faste provocateur et coûteux du carrosse, se rabattaient sur la berline (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 176).
β) Synon. de provocant (v. ce mot B 2).Coup d'œil, regard provocateur; corps, yeux provocateurs; toilette provocatrice. Resté seul avec sa maîtresse qui, debout devant un miroir, bouclait ses cheveux dans une charmante attitude provocatrice, Rodolphe s'approcha de Mimi et l'enlaça dans ses bras (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 153).Le choquant de cette profusion n'apparaissait d'ailleurs pas : seules comptaient la hardiesse de la coupe, la subtilité véritablement provocatrice des entrelacs, des filets de broderie posés sur la peau nue (Abellio, Pacifiques,1946, p. 125).
b) Dans le domaine pol.Qui manifeste la volonté délibérée de provoquer ou qui en donne l'impression. Menées provocatrices. On ne peut accuser le gouvernement d'aucun geste provocateur (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 462).La censure fut brusquement rétablie après l'assassinat du duc de Berry, dont les feuilles de l'opposition, souvent provocatrices, furent déclarées responsables (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 14).
B.− (Celui, celle, ce) qui provoque quelque chose; (celui, celle, ce) qui est à l'origine, qui est la cause de quelque chose, qui déclenche quelque chose.
1. Subst., vieilli. Je vous envoie (...) le petit volume de politique dont vous avez été le provocateur (Lamart., Corresp.,1831, p. 200).M. Didron, ce vrai pionnier du moyen âge, n'a cessé d'être un provocateur et un promoteur utile et des plus méritants dans cette branche de recherches (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 3, 1862, p. 374):
4. Par l'antinomie de leur développement, le travail et le capital étaient sans cesse ramenés à l'égalité en même temps qu'à la subordination, à la solidarité aussi bien qu'à la dépendance : l'un était l'agent, l'autre le provocateur et le gardien de la richesse commune. Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 1, 1846, p. 334.
2. Adj. Synon. de provocant (v. ce mot C).Cause, circonstance provocatrice de qqc. Le poète salue et bénit les voluptés, « reines des jeunes hommes », sans lesquelles rien de grand ne se fait, révélatrices du beau, provocatrices des actes héroïques et instigatrices des chefs-d'œuvre (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 34).Toutes nos actions (...) sont-elles de purs automatismes dont nous ne sommes pas plus maîtres que le chien de Pavlov ne l'est de retenir son flux salivaire quand il perçoit le coup de sifflet provocateur? (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 93).Le froid et l'humidité ont un rôle provocateur non douteux sur les poussées douloureuses et congestives mais ne semblent pas à l'origine du rhumatisme lui-même (Ravault, Vignon, Rhumatol.,1956, p. 22).
REM.
Provo, subst.Aux Pays-Bas et particulièrement à Amsterdam vers 1965, jeune contestataire manifestant par des attitudes provocatrices son opposition à la société établie. Le « concile » des provos marquera une date importante dans l'histoire du cheveu long (Le Figaro,14 nov. 1966ds Gilb. 1980).P. ext. Synon. de contestataire.Il faut maintenant ajouter à la liste de ces happenings télévisuels l'extravagant numéro de l'écrivain américain Charles Bukowski à « Apostrophes », le 22 septembre. Clodo, porno, provo de Bukowski! (Le Point,2 oct. 1978, p. 90, col. 3).Empl. adj. Journal provo. Les pères conciliaires du mouvement « provo » en ont été pour leurs frais. Le concile qui se voulait œcuménique n'a réuni, les 12, 13 et 14 novembre, en dehors des Hollandais, fondateurs et théologiens du mouvement, qu'une délégation belge et quelques Français (L'Express,21 nov. 1966, p. 60, col. 2).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔvɔkatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1500 « personne qui provoque, incite à la violence, à la dispute, aux troubles » (Jardin de santé, Ois., 30 ds Gdf. Compl.); b) 1822 adj. (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1, p. 151 : le gouvernement provocateur); c) 1823 agent provocateur (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 353); 1828-29 subst. « personne qui incite une personne ou un groupe à la violence ou à une action illégale dans l'intérêt du parti opposé » (Vidocq, Mém., t. 3, p. 33); d) 1842 adj. chez une femme (Stendhal, Lamiel, p. 155); 2. 1809 « qui déclenche, qui est la cause de quelque chose » (Lamarck, Philos. zool., t. 1, p. 403). Empr. au lat. provocator « celui qui défie », dér. de provocare (v. provoquer). Fréq. abs. littér. : 104. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 392.