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PROVINCE, subst. fém.
A.−
1.− HIST. ROMAINE. Territoire conquis et administré par les Romains en dehors de l'Italie. Il lui avait confié la province la plus importante de l'empire, la Gaule cisalpine (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 280).
Province annonaire*.
[Le subst. est déterminé par un adj. précisant la qualité du gouverneur de la province ou la personne physique ou morale dont relève la province] Province consulaire, prétorienne. Quand l'Achaïe, province sénatoriale sous Auguste, province impériale sous Tibère, fut rendue au Sénat par Claude, Gallien y fut envoyé comme proconsul (A. France, Pierre bl.,1905, p. 138).
La Province/province (romaine). [Désigne la première province que Rome eut en Gaule proprement dite. V. étymol. infra] Strabon dit que les Séquanes étaient maîtres d'ouvrir ou de fermer aux Germains la route de la province romaine (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 236).Les barbares apparurent en 109 sur le Rhin, qu'ils franchirent; une armée romaine, venue de la Province, les rencontra, sans doute dans le bassin du Rhône, et subit un désastre (A. Piganiol, Hist. de Rome,1962, p. 150).
2. P. anal. Territoire extérieur à un État, à une métropole et qui en est dépendant; colonie. Il demeure à peu près prouvé que l'Égypte fût restée à jamais une province française, s'il y eût eu, pour la défendre, tout autre que Menou (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 131).Son mari avait été nommé gouverneur d'une province anglaise plus grande que l'Europe : elle ne voulait point quitter l'Angleterre (About, Grèce,1854, p. 96).Les drapeaux des provinces sujettes de la dominante République [Venise] (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 456).
B.− Division territoriale
1. Division d'un État ayant une organisation administrative déterminée.
a) HIST. En France, sous l'Ancien Régime, division territoriale issue de la féodalité, ayant des privilèges locaux, au sein de laquelle le roi était représenté par différents personnages (baillis, sénéchaux, gouverneur, intendant) dans le cadre de circonscriptions de nature et de limites géographiques diverses. D'Epernon, tu veilleras à ce que des copies de cet acte soient envoyées dans toutes les provinces de notre royaume (Dumas père, Henri III,1829, iv, 6, p. 184).V. gouverneur ex. 2.
b) De nos jours
[En Belgique] Division politique et administrative. Transfert de la région des Fourons de la province de Liège à la province flamande de Limbourg (GDEL s.v. Belgique).
[Au Canada] État fédéré. Bibliothèques, nombreuses surtout dans les provinces d'Ontario et de Colombie britannique (Civilis. écr.,1939, p. 46-14).
La Belle Province. Le Québec. Au Québec (...), on tente de se doter de structures politiques et économiques capables de protéger la langue et la culture de la Belle Province (Le Point,29 janv. 1979, p. 46, col. 3).
2.
a) Région d'un pays caractérisée par son histoire, ses traditions, ses coutumes et s'opposant à la capitale :
1. Nous, dit Laurent avec simplicité, nous avons habité partout. Grâce à l'humeur de mon père, j'ai laissé des souvenirs dans tous les quartiers de Paris et dans bon nombre de provinces françaises. Duhamel, Cécile,1938, p. 154.
SYNT. Province éloignée, reculée; grande, petite, riche province; retourner dans sa province; partir pour une province; se rendre dans une province; au fond d'une province; de province à province.
P. méton. Ensemble des habitants d'une province. Toute la province était accourue à Besançon pour voir juger cette cause romanesque (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 478).
b) P. ext. Contrée. Cela fait un gros bruit d'averse qui n'est délicieux que parce qu'on vient de traverser des provinces arides (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 105).Les événements d'une province de la planète retentissent dans toutes les autres (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 351).
c) P. anal., SC. DE LA TERRE. Ensemble naturel ayant des caractères homogènes (d'apr. George 1970). [À l'ère secondaire] il y a déjà de grandes provinces botaniques accusant une diminution de température en allant de l'équateur vers les pôles (Boule, Conf. géol.,1907, p. 137).
d) Au fig. Domaine particulier.Il y avait dans le fond de son âme une petite province sacrée (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 801):
2. Je ne prends pas mon parti de voir ce petit ignorer tant de provinces du plaisir; poésie, pensée, musique, peinture semblent rester pour lui choses fermées... Gide, Journal,1914, p. 491.
3. Vieilli. Aux provinces (au lieu de dans les provinces). Les uns s'en allaient aux provinces lointaines où il n'y avait pas de guerre (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 161).[Il] trouvait bon de laisser son épouse aux provinces (Banville, Cariat.,1842, p. 47).
4. Au sing., à valeur coll. La province. Le pays en dehors de la capitale (particulièrement en France). C'est l'hôtel des gens aisés qui, de la province, viennent à Londres (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 71).Quand on va dans leur pays [les Pays-Bas] et qu'on lit leurs journaux (...), il semble qu'on tombe en province et même plus bas (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 253).Rodolphe lui, il était loin il parcourait la province avec le cirque Capitol (Céline, Mort à crédit,1936, p. 125).
SYNT. À Paris et en province; en banlieue et en province; habiter, quitter la province; aller, se retirer, vivre en province.
P. méton.
L'ensemble des habitants de la province. Jugez quel bel effet sur la province en toilette! (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 331).Cette fois, la province donna le signal du mouvement, Paris n'ayant vu encore que quelques manifestations sans portée (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 24).
La vie, les mœurs propres à la province; la province dans ce qu'elle a de caractéristique, de positif (calme, etc.) ou, le plus souvent, de négatif (manque de finesse, d'ouverture, peu de distractions, de vie mondaine, etc.). Gérard consentit, quoiqu'il eût le plus violent désir d'accourir à Paris. La province lui pesait (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 109).Le vide, la province du Paris d'été (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 316).
Empl. adj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui a certaines caractéristiques appartenant ou supposées appartenir à la province, à ses habitants. Madame de Brugnol (...) te trouve mauvais goût, petites gens et province de ne pas être venu au déjeuner dimanche avec le petit (Balzac, Corresp.,1844, p. 760).Et combien la mise des femmes [à Londres] est discrète, très province même, dirait-on chez nous (Loti, Chât. Belle-au-bois-dorm.,1910, p. 112).Tout ce quartier tranquille, un peu province (...) est là tout entier (Léautaud, Théâtre M. Boissard,1926, p. 202).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je deviens d'un province, d'un insulaire, n'est-ce pas? (Verlaine, Corresp.,1876, p. 18).
Loc. verb., péj. Faire province. Être (ou avoir) une caractéristique de la province, de ses habitants. D'ailleurs, parler de soi fait « province » ou littéraire (La Varende, Contes fervents,Pinsonnière, 1948, p. 25).
5. De province.Synon. de provincial dans ses aspects déterminatifs et caractérisants (v. provincial I B).
a) [En parlant d'une pers. ou d'un ensemble de pers.] Le bourgeois de Paris rit du bourgeois d'une petite ville; le noble de cour se moque du noble de province (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 71).Les Parisiens étaient venus avec femmes, enfants (...) et les parents de province arrivés pour voir l'Exposition (A. France, Bergeret,1901, p. 391).Les mimiques de l'Autodidacte n'ont pas acquis ce velouté; son amour des hommes est naïf et barbare : un humaniste de province (Sartre, Nausée,1938, p. 145).
SYNT. Acteur, avocat, notaire, femme de province; bourgeois, cousins, gens de province; famille, noblesse de province.
b) [En parlant d'une chose] La ville [Meppel] est franchement de province et n'affiche point d'exorbitantes allures de capitale comme Groningue (Du Camp, Hollande,1859, p. 188).Elle était (...) d'une élégance charmante de province (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Chambre, 1884, p. 986):
3. ... ce qui le frappa surtout fut l'atmosphère de province, l'air de vieille ville abandonnée et le calme du décor étalé sous ses yeux. On entendait distinctement des oiseaux chanter. Il aperçut aussi de l'herbe entre les pavés. Bref, il se crut (...) retiré d'un Paris qui l'étourdissait... Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 5.
SYNT. Accent, mœurs de province; académie, collège, faculté, théâtre de province; église, maison, rue de province; journaux de province; un coin de province; la vie de province.
6. Expressions
a) [Le suj. désigne une pers.]
Être de la province, de sa province. Être enraciné dans une province déterminée, dans la province; en suivre les coutumes, en avoir les caractéristiques réelles ou supposées. Madeleine est de sa province. M. de Nièvres me semble n'être de nulle part, comme beaucoup de gens de Paris (Fromentin, Dominique,1863, p. 113).Serait-il assez lourdaud, assez de sa province, le questionneur indiscret qui ne s'en contenterait pas? (Vogüé, Morts,1899, p. 53):
4. Mener en province le train de Paris, c'est se créer des jouissances incomplètes au milieu de deux genres d'existence qui s'excluent. (...) je veux qu'on soit de la province, si on l'habite; qu'on se résigne à ne pas y désirer ce qu'elle ne produit pas. Gozlan, Notaire,1836, p. 113.
Arriver de sa province. Avoir le comportement maladroit, le manque d'ouverture d'esprit que l'on attribue aux habitants de la province. Est-ce qu'il y a besoin de cela, pour réussir?... On voit que tu arrives de ta province! (Estaunié, Empreinte,1896, p. 120).On voit bien que tu arrives de ta province pour être si bavard (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 90).
b) [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Sentir la province, sa province (souvent péj.). Avoir certaines caractéristiques appartenant ou supposées appartenir à la province, à ses habitants. La calomnie contre les femmes, comme le madrigal, est passée de mode, cela sent la province, vois-tu? (Borel, Champavert,1833, p. 169).Nous avons pu coucher dans le calme Dourdan. C'est un gros bourg très riche et qui sent sa province (Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 680).Sao-Paulo sentant malgré tout sa province pour un galant homme charmeur (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 347).
C.− RELIG. CATH.
1. Province ecclésiastique. Ensemble de diocèses relevant d'un même archevêque métropolitain. Il voulut que la côte du nord eût des évêques, comme les pays de Rennes, de Nantes et de Vannes (...). Il eût bien voulu aussi avoir un archevêque et former ainsi une province ecclésiastique à part (Renan, Souv. enf.,1883, p. 3).
2. Unité de juridiction regroupant un certain nombre de maisons religieuses d'un ordre, d'une congrégation. Cet homme (...) régnait avec une autorité calme sur les quatre cents religieux des treize monastères de la Province de France (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 148).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔvε ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1160-74 « circonscription ecclésiastique » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9257); 2. 1680 « réunion de maisons religieuses dépendant d'un même supérieur » (Rich.). B. Ca 1165 « contrée, pays » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23139); ca 1175 (Id., Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 70; 14271). C. 1. Ca 1175 « circonscription territoriale, état » (Id., ibid., 444); ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, I, 122, 7, éd. F. J. Carmody, p. 111 : c'est [la Judée] une grant province); 2. a) « certaine étendue de pays faisant partie du royaume de France » 1328 province de Poitou (Chron. d'apr. G. Dupont-Ferrier ds R. hist. t. 160, 1929, p. 255, note 11); 1384 synon. de bailliage : ès provinces et ès bailliages de nostre royaume (Pièces [...] règne de Charles VI, éd. Douët d'Arcq, t. 1, 1863, p. 55); 1477 en parlant du comté d'Artois (Ordonnances [...] 3erace, t. 18, éd. de Pastoret, p. 307); b) 1675, 20 oct. désigne les habitants de ce pays (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 885 : Je prends part à la tristesse et à la désolation de toute la province); 3. a) 1653 spéc., en France, p. oppos. à la capitale (Racan, Vie de Malherbe ds Œuvres ds Malherbe, Paris, Barbou, 1723, t. 1, p. 40 : Dois je dans la province établir mon séjour? [cf. La Fontaine, Fables, III, 1 ds Œuvres, éd. R. Groos, 1954, t. 1, p. 690, note 4]); 1672 vicomte de province (Molière, Comtesse d'Escarbagnas, XI); b) 1672, 11 déc. plur. « l'ensemble de ceux qui n'habitent pas à Paris » (Sévigné, op. cit., t. 1, p. 598). D. Ca 1213 antiq. romaine (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 656, 20). Empr. au lat. provincia « circonscription territoriale gouvernée par un proconsul ou un propréteur » [D] (sens issu de celui de « domaine, sphère où s'exerce l'activité légale d'un magistrat [? munus] »), spéc. « administration d'un territoire conquis », de là, à basse époque, et p. ext. « région, contrée, pays » (déb. iiies., Tertullien ds Blaise Lat. chrét.) [B]; cf. a. prov. proensa ca 1140 Trad. Code Justinien ds Rayn.; au déb. du ves. (418-422, Blaise Lat. chrét.) provincia désigne dans le vocab. de l'admin. eccl. le district d'un évêque métropolite [A]; à partir du viiies., il entre dans le vocab. de l'admin. franque pour désigner une circonscription territoriale [C], devenant synon. de ducatus, pagus, comitatus (fin 747 d'apr. Dupont-Ferrier, op. cit., p. 251, note 7). Provincia « circonscription territoriale » a spéc. désigné la 1reprovince romaine de Gaule, ébauchée en 123-122 par le consul Caius Sextus Calvinus et qui, en 59, au moment où César en prit le gouvernement, comprenait le bassin du Rhône depuis le confluent de la Saône jusqu'à la Méditerranée et allait des Corbières et des Cévennes jusqu'aux Alpes; d'où, par voie pop., l'a. prov. Proensa (1130-48, Marcabru, éd. J. Dejeanne, IV, 4; IX, 27; 1145-80, Bernard de Ventadour, éd. C. Appel, XII, 36) et la forme sav. fr. Provence, v. provençal (Ronjat, § 288; Fouché, p. 642). Fréq. abs. littér. : 4 403. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 112, b) 8 303; xxes. : a) 5 421, b) 4 092.