| PROVENIR, verbe intrans. [Avec un compl. prép. introd. par de] Venir de, avoir pour origine. A.− [Le suj. désigne une chose] 1. [concr. ou perceptible par les sens] a) [Le compl. prép. désigne un lieu] Produit provenant d'un pays, d'une région; lumière, odeur provenant d'un endroit. Des vins provenus des meilleurs coteaux du duché de Bourgogne (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 261).L'abside avec ses anciennes stalles qui proviennent d'une autre abbaye (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 37).Un vague bruit de vaisselle provenant des cuisines (Cocteau, Enfants,1929, p. 136). b) [Le compl. prép. désigne une action, un processus] Synon. résulter.Argent, bien, fonds, recette provenant d'un héritage, d'une succession, d'une vente; gaz, produit provenant d'une combustion, d'une décomposition, d'une distillation, d'une oxydation. Derniers provenus de l'aliénation de l'immeuble (...) personnel (Code civil, 1804, art. 1434, p. 262).Des sables provenant des démolitions de la falaise (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 170): 1. ... une collection complète du Mercure de France et autres imprimés provenant du pillage du Consulat par les Boxers en 1900.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 317. c) [Le compl. prép. désigne une pers.] Ses grandes bottes solides (...) semblaient provenir d'un fournisseur de chaussures de cavalerie (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 75).Les meubles de cette chambre provenaient de ses parents (A. France, Vie fleur,1922, p. 457).Des lettres anonymes (...) provenaient le plus souvent d'anciens malades que leurs persécutions revenaient travailler à domicile (Céline, Voyage,1932, p. 574). 2. [abstr., une manifestation de l'esprit humain] a) [Le compl. prép. désigne une chose abstr.] Synon. résulter de, être la conséquence de, être issu de.Erreur, difficulté provenant de plusieurs causes. Tu t'es mis à m'expliquer (...) que les mots français qui provenaient d'un verbe latin étaient formés, en général, du supin, et non pas de l'infinitif ou de l'indicatif (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 53).Le dégoût de la rime provient avant toute chose de l'abus qui en a été fait dans un but de pure gymnastique (Aragon, Crève-cœur,1941, p. 73). b) [Le compl. prép. désigne une pers.] Dans ses écrits, il lui est même arrivé [à Marx] d'introduire quantité de vieilleries provenant des utopistes (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 266).Ces ingérences proviennent le plus souvent (...) d'hommes d'Église outrepassant leur pouvoir légitime (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 36). − [Le compl. prép. désigne un attribut de la pers.] Elle avait un certain charme mondain provenant d'un esprit alerte, gai, aimable et superficiel (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Porte, 1887, p. 1075). B.− [Le suj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.] Rare 1. [Le compl. prép. désigne un lieu] Quelques passants provenant de la rue Montorge (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 365).Une division provenant d'Alsace, (...) deux divisions venant du camp retranché de Paris (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 313). 2. [Le compl. prép. désigne une union] Vieilli. Synon. être issu de, naître de.Enfants provenus d'un mariage. Recevoir les approches du mâle, nourrir l'enfant qui en est provenu (Laclos, Éduc. femmes,1803, p. 430).Cette femme devait être une esclave noire, ou du moins provenir d'un premier croisement de sang arabe et de sang nègre (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Allouma, 1889, p. 1313). 3. [Le compl. prép. désigne un ensemble de pers.] Synon. être issu de.Quelques unités provenant du groupe d'armées du Kronprinz (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 97): 2. Ces conditions impliquent que le chef de l'État ne provienne pas d'un parti, qu'il soit désigné par le peuple...
De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 240. Rem. Le part. passé provenu, -ue est vieilli. REM. Provenant, -ante, adj.,vx. [Corresp. à supra A 1 b] Qui provient de. Tous les deniers provenants de la vente des meubles ont été employés à cela. Les sommes provenantes de la vente des différents effets s'élevaient à tant. Les biens provenants de la succession (Ac.1835, 1878). Prononc. et Orth. : [pʀ
ɔvni:ʀ], (il) provient [pʀ
ɔvjε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1210 « arriver, naître » (Herbert de Dammartin, Fouque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 131 et note : Lors s'en vait cil qui hardemenz engraigne, Que mauvestiez en son cors ne provaigne); 1284 « tirer son origine, venir de » part. prés., forme verbale, accordé avec le subst. qualifié (doc. Bibl. de Nantes ds Gdf. Compl. : Des terres porvenantes de par ma dame Alienor); 1292 id. non accordé (doc. Arch. Sarthe, ibid. : vigne porvenant des biens...); 2emoit. xves. provenir de (en parlant d'un revenu) (L. de La Tremoïlle, Arch. d'un serviteur de Louis XI, p. 67 ds Bartzsch, p. 108); 1670 part. passé subst. « profit, revenu » (César Franç. Oudin de Préfontaine, Assemblée des Filous, p. 147 ds Gdf.); 1671 spéc. prouvenu [...] (Jugem. d'Oléron, xliv, Us et coutumes de la mer, p. 121, Rouen, ibid.); 2. 1665 provenir de « procéder, être la conséquence de » (Molière, L'Étourdi, II, 5); cf. 1690 (Fur. : Toutes nos infirmitez proviennent du pêché). Empr. au lat. provenire, proprement « venir en avant »; « naître, éclore, croître », fig. « paraître, voir le jour ». Fréq. abs. littér. : 873. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 754, b) 992; xxes. : a) 904, b) 1 140. |