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PROTECTORAT, subst. masc.
A.− HIST. Régime politique instauré en Angleterre par Cromwell de 1653 à 1659. La chute de la royauté, sous le protectorat n'y fut, au contraire comparativement à l'audacieuse suppression de la Chambre des lords qu'un incident secondaire (Comte, Philos. posit.,t. 5, 1839-42, p. 537).
B.− Vx. Synon. de patronage, protection.Un ton de protectorat. Énumérons les succès du Théâtre-Français sous le protectorat de M. Taylor (...), Léonidas, Charles VI, les Trois Quartiers, le Tasse (Dumas père, Simples lettres sur art dram.,1844, I, p. 200).Cette jolie fille, vêtue comme une reine, présentée ainsi sous le protectorat de ces quatre hommes importants, l'émotionnait (Zola, Paris,t. 1, 1897, p. 270).
C.− DR. INTERNAT.
1. Régime juridique, généralement fixé par un traité international, selon lequel un État puissant, en échange de sa protection, exerce un contrôle sur un autre État en prenant en charge les relations extérieures, la sécurité et parfois une partie de l'administration de ce dernier, lequel conserve toutefois sa personnalité internationale. Des îles placées sous le protectorat de la Grande-Bretagne (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 140).Institution liée à l'expansion coloniale, le protectorat a disparu avec l'accession des États protégés à l'indépendance (Jur.1981).
P. anal. Domination de fait exercée par une nation plus puissante sur une autre. L'une d'elles a voté ce contrat, dont la conséquence immédiate est de conférer à la Prusse le protectorat matériel de tout le reste des nations germaniques (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 23).Vers 1153 Damas, sauvée par les armées chrétiennes, était devenue un véritable protectorat franc (Grousset, Croisades,1939, p. 181).
2. Pays soumis au régime du protectorat. Or le leader du Néo-Destour, qui ne représente que son parti, n'a pas hésité à fomenter une agitation dangereuse dans les centres urbains du protectorat (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 4).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔtεktɔ ʀa]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1751 « dignité de protecteur (en parlant de Cromwell) » (Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, chap. 6 ds Œuvres compl., éd. L. Moland, Paris, t. 14, 1878, p. 215 : après sa démission du protectorat, il [Cromwell] voyagea en France); 2. a) [1809 dr. internat. (s. réf. ds Pt Rob. 1967)] 1823 (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 70 : la renonciation de l'empereur au protectorat de l'Allemagne); b) 1859 p. anal. « domination de fait d'un État sur un autre » (Bonn.-Paris); c) 1890 « pays soumis à cette dépendance » (Lar. 19eSuppl.); 3. 1833 « protection » (Borel, Champavert, p. 380 : assez de ce ton de protectorat). Dér. de protecteur*; suff. -at*. Cf. l'angl. protectorate « dignité de protecteur (en parlant de Cromwell) » (1692 ds NED). Fréq. abs. littér. : 52.