| PROSCRIRE, verbe trans. A. − Qqn proscrit qqn 1. ANTIQ. ROMAINE. Mettre hors la loi, condamner à mort ou à l'exil sans jugement et en publiant par simple affichage le nom des condamnés. Les triumvirs proscrivirent tous leurs ennemis (Ac.).En proscrivant les chrétiens il se privoit d'un grand appui contre l'ambition de César (Chateaubr., Martyrs, t.3, 1810, p.30). 2. P. ext. Condamner au bannissement, à l'exil. Synon. bannir, exiler.Proscrire qqn de sa patrie. Il fallait pourtant prendre un parti. Désarmer ceux de Brescia et de Bergame, se déclarer tout à fait pour le sénat en proscrivant les novateurs; en remplir les cachots de Venise, c'eût été s'aliéner le parti populaire sans se concilier l'affection du sénat (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.693). B. − Au fig., littér. 1. Qqn proscrit qqn.Éloigner, chasser. Cet homme est un fourbe: il faut le proscrire de notre société (Ac.1935). 2. Qqn proscrit qqc.Interdire formellement, condamner, rejeter quelque chose. Proscrire un mot, un usage. Le décret de Rome proscrivant l'opinion de Galilée et le mouvement de la terre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.3, 1848, p.13).Rachète le temps perdu en proscrivant les occupations vides ou vaines (Amiel, Journal, 1866, p.109).Le littérateur, en proscrivant l'idée nette et la rigueur logique, délétères de l'émotionnel, ne fait que prendre conscience d'une de ses raisons d'être (Benda, Fr. byz., 1945, p.155): . Tous les contacts personnels possibles seront organisés entre eux et leurs camarades des Forces Françaises Libres en proscrivant naturellement les discussions vives.
De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.435. Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔskʀi:ʀ], (il) proscrit [-skʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1174-76 «bannir» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2613); 1611 part. passé subst. proscrit (Cotgr.); 2. 1539 (Est.: Proscrire aucun, Donner puissance au premier qui le pourra trouuer de le tuer, auec loyer a celuy qui fera le coup); 1552 part. passé subst. (Est., p.1082); 3. 1680 fig. (Rich.: Proscrire un mot, c'est le bannir, le condanner). Empr., d'apr. écrire*, au lat. proscribere «proscrire, mettre sur les listes de proscription», d'abord «publier par une affiche», dér. de scribere «écrire». Fréq. abs. littér.: 245. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 689, b) 317; xxes.: a) 247, b) 110. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.392. |