| PROMÉTHÉEN, -ENNE, adj. [P. allus. au héros gr. Prométhée qui déroba le feu aux dieux] A. − Relatif à Prométhée. Mythe prométhéen. Et j'éprouvai (...) la même allégresse que j'avais connue, l'an passé, quand le salé qui représentait le vautour prométhéen s'était écrié, suintant d'angoisse: «Maman, pipi!» (Colette, Cl. s'en va, 1903, p.290): . L'inépuisable génie grec, qui a fait la part si grande aux mythes de l'adhésion et de la modestie, a su donner, cependant, son modèle à l'insurrection. Sans contredit, quelques-uns des traits prométhéens revivent encore dans l'histoire révoltée que nous vivons...
Camus, Homme rév., 1951, p.44. B. − Littér. Caractérisé par le désir de se surpasser, le goût de l'effort et des grandes entreprises, la foi dans la grandeur humaine. La révolte titanique et l'humilité mystique, comme toujours, vont de pair: les ambitions prométhéennes du romantisme et le culte du génie qu'on assimile à Dieu sont plus proches de la soumission religieuse et de l'adoration que l'inertie de l'âme qui caractérise la science expérimentale (Béguin, Âme romant., 1939, p.49).L'historiographie, en tant que science, étudie les sociétés prométhéennes (ou historiques) dans ce qu'elles ont (...) d'unique, en plaçant leur mouvement singularisé dans un passé rendu présent et dans un présent rendu passé (Traité sociol., 1967, p.22). − [En parlant d'une chose concr.] Immense, énorme. Synon. titanesque.Fanfare prométhéenne. Le peuple contemplait le monstre et subissait (...) cet immense rire prométhéen (Hugo, Homme qui rit, t.2, 1869, p.91). REM. 1. Prométhéisme, subst. masc.,hapax. Système de pensée, courant intellectuel qui se réclame de l'ambition prométhéenne. Posséder le monde, ce n'est pas, à ses yeux, trouver quelque secret qui permettrait à l'homme, soudain, de devenir le maître, à l'humanité de disposer à son gré de l'univers qu'elle porte en elle comme de celui qui l'environne. Hoelderlin ignore tout de ce prométhéisme (Béguin, Âme romant., 1939, p.163). 2. Prométhéum, prométhium, subst. masc.,chim. Élément métallique du groupe des terres rares (symb. Pm, numéro atomique 61). Ce n'est qu'en 1947 que J. A. Marinsky, M. E. Glendenin et Ch. D. Coryell le décelèrent [cet élément] dans certains résidus de la fission nucléaire. Le nom de prométhéum lui fut alors donné (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.425). Prononc.: [pʀ
ɔmeteε
̃], fém. [-εn]. Étymol. et Hist. 1837 «digne de Prométhée» (G. Planche, in Revue des deux mondes, 1eravr., p.95 d'apr. Quem. DDL t.15). Dér. du nom de Prométhée, empr. au lat. Prometheus, lui-même empr. au gr. π
ρ
ο
μ
η
θ
ε
υ
́
ς; suff. -éen, v. -ien. Fréq. abs. littér.: 18. Bbg. Quem. DDL t.2 (s.v. prométhéisme). |