| PROMOUVOIR, verbe trans. [Empl. le plus couramment à l'inf., au part. prés. ou passé et aux temps comp.] A. − [L'obj. désigne une pers.] Faire accéder quelqu'un à une fonction ou à un grade supérieurs, l'élever à une dignité. Promouvoir un fonctionnaire; promouvoir un colonel au grade de général. Mais rien n'égala son bonheur quand le marquis le promut aux éminentes fonctions d'intendant (Balzac,Peau chagr., 1831, p.198).Indépendamment de l'esprit de justice et de l'opportunité, c'est la même intention qui me conduit à promouvoir les travailleurs au rang d'associés responsables (De Gaulle,Mém. guerre,1959, p.99). − À la forme passive ♦ Être promu à un poste élevé; (être) promu au rang, à la dignité, au grade de; être promu au mérite. [Kahn] a été promu au grade d'officier le 15 août dernier (Zola,E. Rougon,1876, p.75).Sont promus à l'ancienneté à l'échelon supérieur les chefs de travaux qui n'auraient pas été promus au choix et qui ont accompli quatre ans de services dans leur échelon (Encyclop. éduc.,1960, p.347).Souvent plais. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Bientôt Rouletabille fut promu à la dignité de rond de cuir et put faire quelques économies (G. Leroux,Parfum,1908, p.24).Mais le bureau se trouvait simplement au comptoir du bistrot attenant à l'hôtel, promu au rang de café (Triolet,Prem. accroc,1945, p.113).V. creusé ex. 2. ♦ [Avec attribut du suj.] Le colonel de Vineuil, en passe d'être promu général (Zola,Débâcle,1892, p.181).Promu directeur, il n'attendait plus rien (Estaunié,Ascension M. Baslèvre,1919, p.6).Il ambitionnait de devenir syndic de la compagnie, d'être promu commandeur de la légion d'honneur (Nizan,Conspir.,1938, p.111). − En empl. abs. Moi je suis proposé première classe, mais je ne suis pas encore promu. Je devais être promu en juin (Anouilh,Antig.,1946, p.161). − Empl. pronom. Puisque nous sommes des criminels et des damnés, nous allons nous promouvoir nous-mêmes à la dignité de parfaits démons, pour vous exterminer ineffablement (Bloy,Journal,1892, p.66). B. − [L'obj. désigne un inanimé] Mettre en oeuvre un projet, la création de quelque chose, provoquer son développement ou son succès. Synon. encourager, favoriser, soutenir.Promouvoir la culture, la liberté, une politique, le progrès, une réforme. La tolérance (...) ne subsiste que par sa pauvreté, dans l'impuissance où elle se trouve à promouvoir la justice et à lutter contre le mal (J. Vuillemin,Essai signif. mort,1949, p.238).L'office du tourisme est chargé de promouvoir le tourisme dans la station (Jocard,Tour. et action État,1966, p.55). − Au part. passé. Politiques économiques déjà en cours, promues par de grands groupements capitalistes ou par des états (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.539). − Empl. pronom. Une tragédie de Corneille finit toujours bien (...). Les palmes temporelles croissantes dans les trois premières [tragédies] s'achèvent, se promeuvent, se couronnent dans Polyeucte en palmes éternelles (Péguy,V.-M., comte Hugo,1910, p.792). Rem. Sens absent de l'Ac., noté comme vieilli par DG et Lar. 19-20e, repris au xxes. notamment dans la lang. pol. et journalistique. C. − Littér. Mouvoir en avant, tendre. Toi qui dans l'or très pur promeus Tes bras durs, tes rameaux fumeux (Valéry,Charmes,1922, p.145). REM. Promouvant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui met en oeuvre, développe. Amour comme force promouvante de toute vie (Michelet,Journal,1853, p.218). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔmuvwa:ʀ], (il) promeut [-mø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1200 «élever à un grade, une dignité» (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, Dialogue Grégoire, p.363, l. 11); 2. ca 1337-40 pourmouvoir «appuyer, soutenir (une demande)» (Tombel de Chartrose, éd. E. Walberg, Prologue, 70); fin xives. promouvoir «proposer, faire la demande de» (Froissart, Chron., éd. S. Luce, t.8, p.177); ca 1465 promouvoir son fait «soutenir sa cause» (G. Chastellain, Chron., livre VI, éd. Kervyn de Lettenhove, OEuvres, t.5, p.66). Empr. au lat. promovere «pousser en avant, faire avancer» (d'où l'empl. de promouvoir par Valéry (supra C) et, au fig. «élever à un grade supérieur». Fréq. abs. littér.: 53. DÉR. Promouvable, adj.[En parlant d'une pers.] Que l'on peut promouvoir, qui est en situation d'être promu. Être promouvable au choix, à l'ancienneté. Les fonctionnaires promouvables sont classés en quatre groupes (I promotion nécessaire; II promotion souhaitable; III sans opposition; IV opposition) (Encyclop.éduc.,1960, p.328).− [pʀ
ɔmuvabl̥] − 1reattest. 1960 id.; de promouvoir, suff. -able*. BBG. −Buies (A.). Anglicismes et canadianismes. Montréal-Paris, 1979, pp.82-83. |