| PROLONGEMENT, subst. masc. A. − [Dans le temps] 1. Fait de prolonger ou de se prolonger. Synon. plus us. continuation, prolongation.Le prolongement de sa joie dura peu (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p.190).Du retard causé au ravitaillement de la France, des Pays-Bas, de l'Italie par le prolongement de la guerre (...) n'allait-il pas sortir des secousses sociales qui jetteraient, peut-être, tout l'Occident dans la révolution? (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p.158). − En partic. ♦ [À propos d'un son] Prolongement d'une syllabe. Les bruits se dilatent sous la voûte [de l'église] et retombent avec des prolongements ineffables (Hugo,Fr. et Belg., 1885, p.227). ♦ [À propos de la durée de la vie d'un être vivant] Prolongement des jours de qqn. L'habitation du Levantin (...) abritait (...) le sculpteur Bréhat, qui (...) devait à cette hospitalité princière un prolongement d'existence (A. Daudet,Nabab, 1877, p.217).Prolongement de la vie dans les lointaines limites du possible (G. Bataille,Exp. int., 1943, p.239). 2. Au plur. Conséquences parfois tardives et indirectes. Synon. répercussions, suites.Prolongements intéressants. Cette découverte [l'anaphylaxie], qui était appelée à avoir des prolongements insoupçonnés, a été l'oeuvre de deux biologistes français: Charles Richet et Paul Portier (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.728). B. − [Dans l'espace] 1. Action d'augmenter la longueur de quelque chose; accroissement, augmentation de longueur. Synon. allongement, extension, prolongation (moins usuel); anton. raccourcissement.Projet, travaux de prolongement d'une route; décider le prolongement de qqc. Ces vers auxquels je ne puis reprocher qu'une sorte de nonchaloir, une absence de concision et presque toujours un prolongement excessif de la phrase (Green,Journal, 1944, p.159). 2. P. méton. Ce par quoi on prolonge ou se prolonge quelque chose; partie qui prolonge quelque chose, généralement dans le même alignement. Une pièce étranglée, une sorte de boyau, qui semblait le prolongement même du corridor (Zola,Assommoir, 1877, p.424).Le haut de la falaise était frangé par l'inculte prolongement des jardins de l'hôtel: yeuses, cistes, arbousiers (Gide,Si le grain, 1924, p.427).V. amélioration ex. 4. − Loc. prép. En prolongement, dans le prolongement, sur le prolongement de qqc. Sur la partie qui prolonge quelque chose; dans l'alignement, dans la direction qui prolonge quelque chose. Bras dans le prolongement du corps. Dix pieds en avant de l'ouverture, et sur le prolongement du petit axe, est une porte (Voy. La Pérouse, t.4, 1797, p.29).Dans la rue des Prouvaires et dans le prolongement de la rue Saint-Honoré, il n'y avait plus une seule vitre où brillât une chandelle (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.351).Les joints qui séparent les pavés (...) doivent se découper c'est-à-dire ne pas se présenter en prolongement les uns des autres (Bourde,Trav. publ., 1929, p.70). − Spécialement ♦ ANAT. Ramification du protoplasme d'une cellule nerveuse. Le système nerveux est essentiellement constitué par l'assemblage d'une multitude d'éléments microscopiques, cellules ou neurones, d'où émanent des prolongements ou fibres (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.53).V. axone ex. 2. ♦ ARBORIC. Petit rameau à la pointe de la tige principale ou d'une branche destiné à assurer l'allongement de celle-ci. Prolongement de la tige. Le prolongement annuel de la charpente des arbres doit être d'autant plus raccourci que la branche est plus rapprochée de la ligne verticale (Du Breuil,Cult. arbres, 1876, p.84). ♦ BOT. Prolongements médullaires. Synon. de rayons médullaires (v. rayon1). (Dict. xixeet xxes.). ♦ MATH. ,,Structure d'un ensemble induite à partir de la structure d'une partie de cet ensemble`` (Hachette 1980). La première idée de la notion de prolongement analytique se trouve dans Gauss, mais elle fut mise en oeuvre par Weierstrass (1842) et par Riemann (1851) (Gds cour. pensée math., 1948, p.166). − P. anal. Le costume ne nous semble pas être autre chose que le type professionnel qui, pour se manifester même à travers les vêtements, les marque de son empreinte et les différencie à son image. C'en est comme le prolongement (Durkheim,Divis. trav., 1893, p.325).M. Léon Bourgeois dit souvent que la propriété individuelle est comme le prolongement de la personne humaine (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.254).En travaillant ce bien de ma femme, en songeant qu'il est quelque chose comme le prolongement de sa personne; en retournant à lui, je crois aller plus fidèlement à elle (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.46). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔlɔ
̃
ʒmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. A. Dans le temps 1. 1176-84 porlongement «action de différer, délai» (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 4730); xiiies. prolongement (Roques t.1, II, no624: prolatio. prolongement); 2. 3etiers xiiies. [date ms.] prolongement «action d'augmenter la durée de quelque chose» (Troie, éd. L. Constans, 2022, var.); 3. a) 1779 «ce par quoi un événement, une activité, une situation se prolonge ou semble se prolonger» (Restif de La Bret., Vie de mon père, p.270: les Enfants sont un prolongement de l'existence des Pères); b) 1860 plur. «conséquences, suite» (Dochez, citant J. J. Ampère, s. réf.). B. Dans l'espace 1. a) 1731 «ce qui prolonge quelque chose» (J. Terrasson, Sethos, t.1, p.325); b) 1784 loc. dans le prolongement de (Bern. de St-P., Ét. nature, t.1, p.263); 2. 1814 anat. prolongement rachidien (nom donné par Chaussier d'apr. Nysten); 3. 1831 bot. prolongements médullaires (H. Lecoq et J. Juillet, Dict. raisonné des termes de bot., Paris, p.521 ds Doc. DDL); 4. 1876 arboric. «rameau destiné à prolonger la tige principale d'un arbre» (Du Breuil, op. cit., p.145); 5. 1948 math. (Gds cour. pensée math., p.166); 1968 prolongement d'une application (Lar. encyclop. Suppl.). Dér. de prolonger*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 465. Fréq. rel. littér.: .ixes.: a) 632, b) 269; xxes.: a) 621, b) 918. |