| PROFONDÉMENT, adv. D'une façon profonde. A. − Dans le domaine concr.[Corresp. à profond I A, II et à profondeur I] 1. Loin de la surface, de l'orifice, des bords; en allant jusqu'au fond; à une grande profondeur. a) [Dans le sens vertical] Creuser profondément; profondément enfoui, enseveli. Les vignes, les cerisiers, etc. ne craignent pas d'avoir leurs tiges enterrées un peu profondément (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.213).Il m'importait de découvrir son cachot, je le découvris: il était enfoncé profondément dans la terre (Janin, Âne mort, 1829, p.157).Je plongeai, dûment entraîné, profondément, et ne reparus à la surface qu'après avoir sorti de l'escarcelle une agate onyx et deux chrysoprases (Gide, Thésée, 1946, p.1424). b) [Dans un autre sens, notamment horizontal] À tâtons, il traversa la chambre et vint jusqu'à la fenêtre profondément encaissée dans les lambris (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p.113).Si le Nil a été franchi nous nous enfonçons, à chaque pas, plus profondément, dans l'épaisseur du désert d'Arabie (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p.232). c) Très avant dans une épaisseur. Entrer, pénétrer profondément dans qqc.; profondément enfoncé, enraciné. Dans les oiseaux, les glandes sébacées sont peu visibles, et situées plus profondément sous la peau (Cuvier, Anat. comp., t.2, 1805, p.575). − P. métaph. Profondément ancré, enfoncé, enraciné, gravé, imprimé dans l'âme, dans le coeur, dans la mémoire. C'est dans la jeunesse (...) que l'esprit a toute l'appréhension nécessaire pour saisir les choses abstraites, et que leur connaissance se grave plus profondément dans la mémoire (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1578). 2. En se penchant très bas. Saluer profondément: . C'en est assez, s'écria l'empereur, d'une voix tonnante; sortez. Je ne me fis pas répéter cet ordre; je m'inclinai profondément, et je m'avançai vers la porte...
Genlis, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.136. B. − P. anal. [Corresp. à profond I B et à profondeur I] D'une manière profonde. Il tomba dans une douce rêverie; bientôt ses yeux appesantis se fermèrent, et il s'endormit profondément (Genlis, Chev. Cygne, t.3, 1795, p.132).Elle (...) se tourna vers sa servante qu'elle regarda longuement, profondément (Reider, MlleVallantin, 1862, p.180).Respirer profondément. Son nez couleur de truffe aspirait profondément les émanations parfumées (Gautier, Fracasse, 1863, p.24). C. − Dans le domaine abstr.[Corresp. à profond I C et à profondeur II] 1. En allant au fond des choses et de façon intense. Méditer, réfléchir profondément. L'idée de faire le malheur de cette créature céleste le fit penser profondément (Balzac, Annette, t.2, 1824, p.137).L'entendement, comme l'a dit profondément Leibnitz, est inné à lui-même (Cousin, Hist. philos. XVIIIes., t.2, 1829, p.389). 2. P. ext. D'une façon intense. Synon. extrêmement, grandement.Profondément attaché, convaincu, déçu, dégoûté, ému, étonné, heureux, reconnaissant, surpris, touché, vexé; profondément différent; aimer, désirer, s'ennuyer, mépriser, ressentir, sentir profondément. Le silence régnait si profondément autour de lui, que bientôt il s'aventura dans une douce rêverie (Balzac, Peau chagrin, 1831, p.27).La mort de Feuillebois affecta profondément Gaspard Fontcroix (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.218).Il avait été profondément intéressé aussi, un soir, par le métier d'hôtelier, qu'il trouvait un des plus humains de tous (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.209). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔfɔ
̃demɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1225 «en s'inclinant très bas» (Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame, éd. V. F. Koenig, II Mir. 11, 277, t.4, p.11); 2. 1358-59 «à une grande profondeur» (Comptes munic. de Tours, éd. Delaville Le Roux, I, 42 ds Fonds Barbier: XVII toise de lonc profondement); 3. ca 1380 fig. «en allant au fond des choses» (Jean Lefevre, la Vieille, éd. H. Cocheris, I, 270). Dér. de profond*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 4213. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5616, b) 6819; xxes.: a) 5371, b) 6241. |