| PROFANATION, subst. fém. A. − Action de profaner (ce qui est saint, sacré). Synon. pollution (vieilli), sacrilège, violation.Profanation des choses saintes; profanation d'un lieu sacré, d'une église, d'un cimetière; commettre une profanation; se livrer à des profanations. Dans cette chapelle, c'était toujours la même histoire d'amour recommencée par les simples, qui n'ont pas l'idée des profanations et ne craignent pas les sacrilèges (Moselly,Terres lorr., 1907, p.85).Le bruit circula parmi les pêcheurs du continent qu'un sacrifice païen (...) avait été célébré sur l'île. Ils entendaient là-dessous des horreurs. Des profanations d'hosties, des viols de femmes, des orgies (Queffélec,Recteur, 1944, p.194): . Je vois (...) l'esprit de ces institutions [certains rites religieux] tellement perdu et dénaturé, qu'en bien des cas l'homme les observe de manière à en faire un sacrilège. Je ne puis prendre mon parti sur des pratiques admises par prudence, par calcul, c'est-à-dire par lâcheté ou par hypocrisie. La routine de l'habitude me paraît une profanation moindre, mais c'en est une encore, et quel sera le moyen d'empêcher que toute espèce de culte n'en soit pas souillée?
Sand,Hist. vie, t.4, 1855, p.57. B. − Au fig. Action d'avilir, de dégrader (quelque chose de vénérable, de précieux ou qui est considéré comme tel). Profanation de l'amour, de l'idéal. La gaieté est une fameuse cuirasse et la meilleure des protections. Sous son abri, on peut cacher son bonheur ou sa détresse, échapper à l'indiscrétion ou à la profanation du monde (Amiel,Journal, 1866, p.453).Lorsqu'on a mis la pioche dans le vieux Paris, qui empoisonnait et qui tombait en pourriture, ils [les romantiques] ont poussé des cris de désespoir; c'était une abomination, une profanation (Zola,Doc. littér., Gautier, 1881, p.126).Je ne veux pas être complice d'une nouvelle profanation à l'égard de l'écrivain dont j'honore le plus la mémoire et que je considère comme un ascendant spirituel (Claudel,Corresp.[avec Gide], 1911, p.180). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔfanasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1433 prophanation (Jean Juvénal des Ursins, Épître, citée ds OEuvres de Maistre Alain Chartier, éd. André du Chesne, 1617, p.839); 1549 profanation (Est.). Empr. au lat. chrét. profanatio de même sens. Fréq. abs. littér.: 212. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 398, b) 309; xxes.: a) 395, b) 157. Bbg. Quem. DDL t.14. |