| PRODIGUE, adj. A. − Qui dilapide son bien en dépenses excessives. Synon. dépensier, dissipateur, gaspilleur, panier-percé (fam.); anton. avare, ladre (vx), pingre (fam.), regardant.Parcimonieuse et même avare, elle se montrait pour lui follement prodigue (A. France, Pt Pierre,1918, p.180): 1. Il était prodigue, sensuel, et menait un train de prince. Il avait à ses gages une troupe de musiciens, de cuisiniers, de parasites, de laquais, de chevaux et de chiens, donnant tout à pleines mains, au plaisir et à la bienfaisance, voulant être heureux, et que tout le monde le fût avec lui.
Sand, Hist. vie,t.1, 1855, p.56. ♦ À père* avare, fils prodigue. ♦ [P. allus. à la parabole de l'enfant prodigue (Luc XV, 11-32)] Fils prodigue. La Descoings, qui voulait faire un jour de fête du retour de l'enfant qu'elle nommait prodigue, mais tout bas, avait préparé le meilleur dîner possible (Balzac, Rabouill.,1842, p.292).Enfant* prodigue. − Prodigue de.Sans être prodigue de son argent, il l'était de sa sensibilité; il avait facilement la larme à l'oeil (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p.831): 2. Et au contraire l'ennemi de l'avare c'est le prodigue, celui qui paie sans compter, à la condition que tout soit neuf, brillant, rapide. Que faire contre ces hommes frivoles? Il faut que l'avare devienne prodigue comme eux, prodigue de glaces, de tapis, de vernis, prodigue de fer neuf et de charbon; il y gagne...
Alain, Propos,1932, p.1084. − Empl. subst. masc. Cantin, qui encaissait de grosses recettes et qui n'avait pas la réputation d'un prodigue, se décida à faire repeindre la façade des Folies-dramatiques (L. Schneider, Maîtres opérette fr.,1924, p.171). ♦ DR. Personne qui dissipe son patrimoine. Le tribunal de grande instance peut désigner au prodigue un curateur dont l'assistance est obligatoire pour la validité de certains actes (cida1973). B. − Au fig. Prodigue (de/en) a) Qui donne généreusement, en abondance; péj., avec excès. On est prodigue de ce beau nom d'ami (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p.1340).Je paressais immensément, épelant d'A à Z le Larousse prodigue en faciles enchantements (Queneau, Si tu t'imagines,1952, p.22).À l'ordinaire, elle était prodigue de son temps mais dès qu'on lui demandait un peu de patience, elle s'empressait de démontrer qu'aucun de ses instants ne devait être gaspillé (Beauvoir, Mandarins,1954, p.170): 3. Pourquoi donc les femmes prodigues de leurs corps, trésor dont un seul sultan doit avoir la clef, possèdent-elles plus d'adorateurs que nous autres, malheureuses martyres d'un amour unique?
Baudel., OEuvres,La Fanfarlo, Paris, Gallimard, 1956 [1847], p.391. b) [Le suj. désigne (un élément de) la nature] [Le terrain] est prodigue de fleurs et de fruits. On ne peut suffire à les recueillir (Delacroix, Journal,1824, p.95). c) Qui fait preuve d'une largesse apparente mais sans s'engager en rien. Prodigue de bonnes paroles, de bons conseils. Il se leva brutalement, repoussa la chaise qui se renversa. Lui, si poli naguère, si prodigue de saluts et de pardons, il ne s'en soucia même pas, et il scanda d'une voix sourde, dirigée vers le sol, qui ne s'adressait à personne, le crâne pointé en bas! (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p.118). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔdig]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 16, 3, p.185); 1560 enfant prodigue (Bible Reb, Luc 15 d'apr. FEW t.9, p.423b). Empr. au lat. prodigus «qui prodigue». Fréq. abs. littér.: 564. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 991, b) 698; xxes.: a) 749, b) 727. |