| PROCONSUL, subst. masc. A. − HIST. ROMAINE 1. Ancien consul qui, sortant de charge, était maintenu en fonction pour continuer une campagne ou pour administrer une province en détenant les pouvoirs militaires civils et judiciaires. César avait-il une seule fois regardé tendrement les filles ou les femmes des chefs gaulois! Quand (...), les soirs de bataille, on les amenait par troupeaux au camp du proconsul, avait-il jamais eu le moindre frémissement de pitié, un instant de désir pour la plus jolie et la plus infortunée? (Larbaud, F. Marquez,1911, p.57). 2. [Sous l'Empire] Gouverneur d'une province sénatoriale. Le Sénat et le peuple romain, et T. Q. Flaminius, proconsul, vainqueur de Philippe et des Macédoniens, déclarent libres et exempts de tout tribut, les Corinthiens (Michelet, Hist. romaine,t.2, 1831, p.56).Sous l'Empire, tous les gouverneurs de provinces sénatoriales, de rang prétorien ou consulaire, avaient le titre de proconsul (Pell.1972). − [P. réf. à l'aspect massif du cou et du menton dans le buste du proconsul Vitellius au Louvre] Dans cette agréable attitude, sa tête [de la danseuse], inclinée vers son pied, étalait un cou de proconsul, large et fort, et laissait deviner l'ornière des omoplates, revêtues d'une chair brune et abondante (Baudel., OEuvres,La Fanfarlo, Paris, Gallimard, 1956 [1847], p.396).Il (...) n'attendit même pas (...) pour proférer la petite semonce qu'il semblait tenir en réserve dans son menton de proconsul (Duhamel, Suzanne,1941, p.202). B. − P. anal., péj. Personne qui, au nom du pouvoir central, exerce un pouvoir arbitraire ou sans contrôle, surtout dans une province ou dans une colonie. Une autre partie [des députés] fut envoyée par le Comité de Salut Public aux armées et dans les départements, et devinrent de véritables proconsuls (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.776).D'avides proconsuls dévorent nos provinces; Et, sous l'écharpe blanche, ou sous les trois couleurs, les Français, disputant pour le choix de leurs princes, Détrônent des drapeaux et proscrivent des fleurs (Delavigne, Messéniennes,1824, p.25): . ... le général Catroux, Gouverneur-général de l'Indochine, et le général Legentilhomme, commandant les troupes de la côte des Somalis (...) furent remplacés sans que leurs subordonnés fissent grand-chose pour les soutenir. D'ailleurs, cette sorte d'affaissement de la plupart des «proconsuls» coïncidait, dans la Métropole, avec un effondrement politique total.
De Gaulle, Mém. guerre,1954, p.73. − En partic. Chef qui jouit d'une autorité sans partage. Au lieu d'avoir des dynasties de rois, vous avez les changeantes et coûteuses dynasties des premiers ministres. Au bout de toute délibération se trouvent Mirabeau, Danton, Robespierre ou Napoléon: des proconsuls ou un empereur (Balzac, Méd. camp.,1833, p.157). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔkɔ
̃syl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1495-96 (J. de Vignay, Miroir historial, éd. 1531, IX, 9 ds Delb. Notes mss); 1513 (Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, III ds OEuvres, éd. J. Stecher, t.2, p.328: Quintus Servilus et Cepion Proconsulz); 2. p.anal. 1797 «commissaire que la Convention envoyait dans les départements insurgés» (Semaines critiques... de l'an V, t.2, n o15, pp. 268-74 ds Brunot t. 9, p. 836). Empr. à l'acc. du lat. proconsul, -is «magistrat qui gouverne une province au sortir du consulat; [sous l'Empire] gouverneur d'une province proconsulaire»; au nom. est empr. l'hapax m. fr. proconses (déb. xives., Bibl. nat. fr. 1768, fol. 1a ds Gdf. Compl.); l'a. prov. proconsul a été empr. dès ca 1140 (Trad. du Code de Justinien ds Rayn.). Fréq. abs. littér.: 95. |