| * Dans l'article "PROCÈS,, subst. masc." PROCÈS, subst. masc. A. − 1. Vx ou didact. ,,Démarche réflexive ayant pour objet la connaissance d'une chose`` (Morf. Philos. 1980). Synon. développement.Loin de nous l'idée qu'en résumant certains traits du langage des enfants nous pensions dessiner, fût-ce d'une façon approximative, le procès de l'apparition du langage dans l'espèce humaine (Arts et litt., 1935, p.50-10). 2. ANAT. Prolongement d'une partie principale. Synon. processus (v. ce mot A). ♦ Procès alvéolaire. ,,Prolongement osseux sertissant l'organe dentaire à la limite de l'alvéole`` (Courtois 1972). ♦ Procès ciliaires (v. ciliaire A). ,,Franges saillantes, de constitution glandulaire, appartenant au corps ciliaire du globe oculaire et secrétant l'humeur aqueuse`` (Man.-Man. Méd. 1980). C'est dans ce sillon que pénètre le procès ciliaire (Cuvier, Anat. comp., t.2, 1805, p.400). 3. LING. ,,Notion générale en laquelle se résolvent les différentes notions exprimées par le verbe: action (frapper), devenir (croître), état (demeurer)`` (Mar. Lex. 1951). Le mot peut exprimer un concept d'être, de chose ou de procès (exemple: Louis, table, manger) ou bien un pur rapport grammatical (exemple: le, un, de, par,...) (Traité sociol., 1968, p.268): 1. Les thèmes indo-européens dits «temporels» n'expriment pas le temps: un thème de «présent» grec indique le développement d'un procès; un thème d'aoriste, le procès purement et simplement; un thème de parfait, le procès accompli.
A. Meillet, Introd. à l'ét. compar. des lang. indo-européennes, Paris, Klincksieck, 1964, pp.196-197. − En partic. On dit d'un verbe qu'il indique un procès quand il exprime une «action» réalisée par le sujet de la phrase (...), que le verbe soit transitif ou intransitif, par opposition aux verbes qui indiquent un «état» (...), ou les transitifs qui indiquent le résultat d'un procès comme savoir (Ling.1972). ♦ Procès sémiotique. [Dans la terminol. de Hjelmslev] L'axe syntagmatique du langage, par opposition au système sémiotique qui en représente l'axe paradigmatique (d'apr. Greimas-Courtés 1979). − [Chez Vendryes] Processus, mécanisme d'évolution. Le linguiste ne fait d'étymologie que pour réunir le plus grand nombre possible de procès sémantiques semblables et pour dégager de cette étude les lois générales suivant lesquelles le sens des mots évolue (Vendryes, Langage, 1921, p.228). B. − 1. DR. ,,Litige soumis à un tribunal`` (Cap. 1936). Synon. action, affaire, cas, cause.Procès administratif, commercial, correctionnel; procès politique; procès devant la Cour d'appel, d'assises, de cassation; procès devant les tribunaux de police, devant les conseils de prud'homme; procès en diffamation; procès de révision; procès à huis clos, public; casser, entreprendre, instruire (v. ce mot B 1), intenter, gagner, juger, ouvrir, perdre, plaider, remettre, réviser un procès; être en procès (contre qqn); ajournement, déroulement, instruction, jugement, perte d'un procès; procès Dreyfus, procès de Nuremberg; procès coûteux, épineux, interminable, scandaleux; les pièces du procès; paraître comme témoin dans un procès. Une erreur des experts en graphologie est donc possible, et une revision du procès est nécessaire (Affaire Dreyfus, 1896, p.148).Dans les procès civils tout au moins, le magistrat jugerait aussi bien sur pièces; l'éloquence des avocats n'est que pour le public et surtout pour les plaideurs (Alain, Beaux-arts, 1920, p.104): 2. Gringoire (...) estimait qu'il n'est rien de tel que le spectacle d'un procès criminel pour dissiper la mélancolie, tant les juges sont ordinairement d'une bêtise réjouissante.
Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.350. − P. méton. Ensemble des pièces produites pour l'instruction et le jugement d'une affaire. Mettre, remettre le procès au greffe; demander la communication du procès; le procès est sur le bureau (Ac.).Vous en verrez la preuve écrite dans le procès (Procès conspir. 1erConsul, t.1, 1801, p.31). ♦ Distribuer un procès (Ac.).,,Commettre un juge pour examiner les pièces, les écritures d'un procès et en faire ensuite son rapport`` (Ac. 1835-1935). 2. Locutions a) Vx. Faire le procès à qqn. ,,Le poursuivre comme criminel`` (Ac.). ♦ Faire le procès à/de qqc., qqn. L'attaquer, le mettre en cause, le critiquer de façon systématique. [Valentine] s'empressa de faire le procès aux modes, aux fêtes (Sand, Valentine, 1832, p.104).Ce n'est pas ici le lieu de faire le procès complet de l'orthographe (Valéry, Variété III, 1936, p.279).On manque de romans qui, sous une forme séduisante, fassent le procès d'un défaut ou l'apologie d'une vertu (Civilis. écr., 1939, p.30-10). b) Vx. Sans (autre) forme de procès. Sans jugement, sans observer la justice. Être pendu sans forme de procès (Ac.). ♦ Sans aucune forme de procès. Une proclamation annonçait que tout provocateur au rétablissement de la royauté ou de la constitution de 1793 serait fusillé sans aucune forme de procès: personne ne bougea (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.494). ♦ Sans autre forme de procès. Sans plus de formalité, sans faire davantage de façons. On lui a retiré son emploi sans autre forme de procès (Ac.1835-1935). c) Loc. proverbiale. Un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès. V. arrangement I A 3 c. d) P. ext. ♦ Faire à qqn un procès de tendance. Le juger sur des intentions, non sur des actes. Le procès de tendance que vous [Jules Janin] me faites aujourd'hui (...) le voici: George Sand fait l'apothéose de l'artiste et la satire du bourgeois (Sand, Corresp., t.4, 1855, p.69).Qu'on n'aille pas, comme aujourd'hui, instituer par prévention contre tels ou tels professeurs des procès de tendance (Sainte-Beuve, Prem. lundis, t.3, 1868, p.309).Maïmonide (...) fut l'objet de sérieux procès de tendance (Weill, Judaïsme, 1931, p.73). ♦ Procès d'intention. V. intention II A 1 a. REM. Procédeux, -euse, adj.,hapax. Processif. Jusqu'à présent, je trouve ça [Karamazov, de Dostoïevski] presque très mauvais, procédeux et... intéressant (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1896, p.282). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔsε]. Ac. 1694, 1718: -cez; dep. 1740: -cès. Étymol. et Hist.1. a) 1250 «développement, marche» (doc. ds Gdf.); b) 1575 procés mammillaires «extrémités des nerfs olfactifs» (A. Paré, OEuvres, III, 7, éd. J.-F. Malgaigne, t.1, p.215b); 1665 procès ciliaires (v. ciliaire); 2. a) α) 1324 «affaire poursuivie en justice» (doc. ds Gdf., s.v. litiscontestacion);
β) 1340-41 être en procès (doc. ds Bevans, The Old French Vocabulary of Champagne, p.121); b) 1609 fig. sans autre forme de procez (La Boutade de maistre Guillaume contre les tiltres du Roy d'Angleterre, 3 ds Quem. DDL t.19); c) 1639 [éd.] fig. faire le procés à qqn (Rotrou, Antigone, IV, 6, Paris, Toussaint Quinet, p.87). 1 empr. au lat. class. processus «action de s'avancer, progrès», v. processus. Procès comme terme jur. se rencontre à partir de 1270 en a. gasc. (v. K. Baldinger ds R. Ling. rom. t.20, 1956, p.84); 2 empr. au lat. jur. du Moy. Âge processus (xiiies., v. Nierm. et Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.: 2700. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4415, b) 3540; xxes.: a) 5067, b) 2769. DÉR. Procillon, subst. masc.,vx, fam. ,,Petit procès, chicane`` (France 1907). − [pʀ
ɔsijɔ
̃]. − 1reattest. 1719 [éd.] (Dufresny, La Réconciliation normande, III, 8, Paris, F. Le Breton, p.53); dimin. de procès, suff. -illon (de -ille* + -on1*). BBG.−Quem. DDL t.1, 19, 21, 26. |