| PROBABILITÉ, subst. fém. A. − Vraisemblance, apparence de vérité; chance qu'une chose a d'être vraie. La probabilité d'une hypothèse. La fuite de l'accusé donne un nouveau degré de probabilité à l'accusation; il est de la plus grande probabilité que cette allégation est fausse (Ac.).[Ce filou] s'approcha nonchalamment de la table de jeu, enleva la somme avec une assurance qui aurait fait envie à son ancien maître (...) et, pour donner plus de probabilité à son impudence, il laissa sur la même chance une pièce d'or de 40 francs (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t.2, 1828-29, p.64).Si le cocuage Sainte-Beuve est incertain, le cocuage Vacquerie est de toute probabilité (Goncourt, Journal, 1896, p.1000). − PHILOS., THÉOL. Doctrine de la probabilité, doctrine de probabilités. ,,Celle qui enseigne qu'en matière de morale on peut, en sûreté de conscience, suivre une opinion, pourvu qu'elle soit probable`` (Ac.). Synon. probabilisme: 1. ... en dehors de ce cogito cartésien, toutes les théories sont seulement probables, et une doctrine de probabilités, qui n'est pas suspendue à une vérité s'effondre dans le néant; pour définir le probable il faut posséder le vrai.
Sartre, Existent., 1946, p.64. − Loc. adv. En toute probabilité (littér.), selon toute probabilité. Vraisemblablement. Le cours de ses réflexions l'amena (...) à être (...) toujours bienfaisant mais bienfaisant aussi pour soi, bref l'homme d'ordre sachant ce qui devrait arriver en toute probabilité (Verlaine, OEuvres posth., t.1, Hist. comme ça, 1896, p.351).Harlequin ne paraîtra pas, selon toute probabilité, demain (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1912, p.429). B. − Gén. au plur. 1. Ce qui permet de conjecturer raisonnablement ce qui se produira, si un événement se produira ou non; chance qu'un événement a de se produire. Examiner, évaluer, peser des probabilités. Je pourrais (...) m'étendre longuement sur cette portion du génie américain qui le fait [Poë] (...) se jouer avec une volupté enfantine et presque perverse dans le monde des probabilités et des conjectures (Baudel., Hist. extr., 1856, p.xxviii).L'irradiation augmente la probabilité des mutations (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.220): 2. ... entre les trains réglementaires, on lançait souvent des trains de marchandises imprévus, surtout aux époques des grands arrivages. Et quel risque inutile alors! Comment savoir à l'avance si ce serait bien l'express qui viendrait se briser là? Longtemps, elle roula les probabilités dans sa tête.
Zola, Bête hum., 1890, p.219. 2. MATH., STAT. Rapport du nombre des cas favorables au nombre des cas possibles. Probabilité d'un événement, d'un phénomène aléatoire; probabilité forte, faible, nulle; théorie, loi des probabilités. En statistique la probabilité est de plus en plus voisine de la certitude, à mesure que la base de l'observation est plus étendue (E. Boutroux, Contingence, 1874, p.39).La probabilité 1 signifie la certitude, la probabilité 0 l'impossibilité (A. Monjallon, Introd. à la méthode stat., Paris, Vuibert, 1966, p.103). ♦ Calcul des probabilités. Ensemble des règles à l'aide desquelles on calcule les chances. V. hasard I B ex. de Renouvier. a) En partic.
α) Probabilité mathématique. ,,La probabilité mathématique se détermine a priori. On sait a priori, p.ex., que dans une loterie qui a vendu 1000 billets, la probabilité pour un détenteur de 2 billets de gagner le lot est de 0,002`` (Foulq. Sc. soc. 1978).
β) Probabilité statistique. ,,Compte tenu d'une table statistique de n événements où l'événement A s'est produit K fois, la probabilité statistique de A est le rapport K/n ou le rapport obtenu à partir de celui-là après diverses corrections`` (Aur.-Weil 1981). Probabilité statistique: déterminée a posteriori, c.-à-d. en se référant à l'expérience, d'événements de portée sociale (nuptialité, naissance, mortalité, accidents, suicides, etc.) permettant par extrapolation ou projection sur l'avenir la prévision et la planification (Morf.Philos.1980). b) LING. [Dans la théorie de la communication] ,,La probabilité définit la quantité d'information que porte une unité linguistique dans un contexte donné`` (Ling. 1972). La quantité d'information d'une unité est définie en fonction de sa probabilité dans un énoncé: elle est inversement proportionnelle à la probabilité d'apparition de cette unité (Ling.1972). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔbabilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1370-72 «caractère de ce qui est probable» (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.116); 2. 1656 théol. (Pascal, Provinciales, 6elettre, 10 avr. ds OEuvres, éd. L. Lafuma, 1963, p.393); 3. 1705 math. (Éloge de M. Bernoulli ds Hist. de l'Ac. royale des sc., Paris, 1730, p.149); 4. 1738 [éd.] «apparence, indice qui laisse à penser qu'une chose est probable» (Voltaire, Élemens de la philos. de Newton, Amsterdam, E. Ledet, p.X). Empr. au lat. probabilitas «vraisemblance», du lat. probabilis, v. probable. Fréq. abs. littér.: 593. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 842, b) 2024; xxes.: a) 212, b) 591. Bbg. Quem. DDL t.20. |