| PRIX, subst. masc. I. − [Prix désigne une valeur monétaire] A. − 1. Somme d'argent contre laquelle s'échange un bien ou un service. Prix au kilo, au litre; prix de gros, de détail; prix abordable, attractif, conseillé, excessif, exorbitant, fabuleux, indicatif, modique, moyen, prohibitif, sacrifié; prix marqué; prix écrasés, réduits, serrés; prix d'avant-saison, de lancement, de soldes; à bas prix, à moitié prix. Une belle et grande excursion à prix réduits, de Paris dans le centre de la France et aux Pyrénées (Mallarmé, Dern. mode,1874, p.741).La revue peut atteindre sans grand inconvénient un prix assez élevé, au lieu que le journal doit se vendre le moins cher possible (Civilis. écr.,1939, p.50-4). 2. Somme d'argent convenue entre celui qui propose et celui qui acquiert un bien ou un service. Prix à débattre, du loyer, du fermage; dire, faire son prix. −Je viens vous offrir une petite chronique d'actualité, −un peu leste, naturellement... −Cela va sans dire. Venons au fait. Votre prix serait de combien la ligne? (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p.47).Les maîtres répétiteurs qui se proposent demandent des prix exorbitants; ou, quand leurs prix sont acceptables, c'est eux-mêmes qui ne le sont pas (Gide, Faux-monn.,1925, p.1124). 3. Locutions a) [Prix corresp. à un chiffre fixé] ♦ Prix clefs en main (en partic., dans le domaine des automobiles). Prix qui comprend le prix toutes taxes comprises (les frais de transport, les frais de mise en vente, les plaques d'immatriculation) (d'apr. Consommateurs actualité, 24 janv.. 1986). La Renault 30 TS n'est pas conçue pour les autres, mais pour eux. Pour vous, peut-être, si vous souhaitez ressentir −un peu en égoïste −le plaisir discret du six cylindres. Prix clés en main 39.800 F. au 5-1-76 (L'Express,9 févr. 1976, p.14). ♦ Prix fixe. Prix invariable, fixé par le producteur ou le vendeur. P. méton. Magasin, restaurant où l'on pratique des prix fixes. Un restaurateur est celui (...) dont les mets se détaillent en portions à prix fixe, sur la demande des consommateurs (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.282).Il avait lié connaissance avec une petite gosse qu'il avait invitée dans un prix fixe à cent sous (Aragon, Beaux quart.,1936, p.278). ♦ Prix initial, mise à prix. Premier prix proposé dans une vente publique aux enchères. La mise à prix était de 50.000 francs; elle fut couverte par M. le Vicomte de Montmorency, qui seul osa mettre une surenchère de cent francs (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.24): 1. On ne comprenait rien à ses paroles, sinon le chiffre final de la mise à prix. Son métier étant de crier, il criait, consciencieux, tant qu'il pouvait et faisait, tout au long de l'enchère, du bruit avec sa langue. Inlassablement, il répétait, jusqu'à offre plus forte, le prix atteint...
Hamp, Marée,1908, p.23. ♦ Prix de journée. Somme forfaitaire due pour chaque journée dans un établissement de soins ou de prévention. Aux termes de la réglementation actuelle, il convient de fixer un prix de journée spécial pour chacune des sections suivantes: médecine, chirurgie, convalescence, hospice (Organ. hospit. Fr.,1957, p.25). ♦ Prix imposé. Prix comprenant une marge bénéficiaire imposée. L'été, ce qui marchait bien, c'étaient les chapeaux de pêche, en paille non bordée; ça ne rapportait guère, bien qu'il n'y eût pas de prix imposé (Aragon, Beaux quart.,1936, p.13). ♦ Prix libre. Prix fixé par le producteur ou le vendeur. Chaque kolkhozien peut vendre librement le surplus non consommé de la production de son jardin ou de son petit élevage: il existe ainsi plus de 8000 marchés kolkhoziens aux prix libres (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p.452). ♦ Prix marchand. Prix pratiqué entre marchands. Entre eux, antiquaires et brocanteurs s'accordent des réductions. C'est ce que l'on appelle «le prix marchand» (Jean-Charles, La Foire aux antiquités,Paris, Presses de la Cité, 1985, p.95). ♦ Prix plafond*. Prix plancher. V. plancher1II B 1 ex. de Perroux. ♦ Prix de réserve. Somme minimale désignée par le vendeur au commissaire-priseur, pour la vente d'un objet aux enchères publiques. Lorsqu'il s'agit d'une pièce importante, le vendeur a intérêt à fixer un prix de réserve. Normalement c'est à ce prix que devraient débuter les enchères. En réalité, elles commencent la plupart du temps en dessous (Jean-Charles, La Foire aux antiquités,Paris, Presses de la Cité, 1985p.152). ♦ Mettre à prix, mise* à prix. Vendre, vente (généralement aux enchères) pour une somme d'argent. (Dict. xxes.). ♦ Mettre à prix la tête de qqn. Faire rechercher quelqu'un en promettant une somme d'argent à celui qui le livrera mort ou vif. Sur l'autre battant était affichée une large pancarte: c'était mon signalement et ma tête mise à prix (Janin, Âne mort,1829, p.101). b) [Prix est une valeur monétaire non précisée] ♦ Prix d'ami*. ♦ Prix fou. Prix très élevé, très coûteux. Hors de prix. Synon. de inabordable.Je viens enfin de recevoir ta boîte de compas! Tu es archi-fou (...). Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous! (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p.252): 2. Oui, j'ai cru remarquer, tu m'as insinué,
(...) Que ton regard, disais-je, allait de préférence
Aux hommes de carrée et de ronde apparence,
Plutôt qu'aux freluquets à l'air godiche ou sec,
N'ayant pour eux que gros cigares, chers, au bec,
Et qu'insipides fleurs, hors de prix, en façade
Au revers de leur bel habit terne et maussade
Verlaine, OEuvres compl.,t.3, Élégies, 1893, p.51. ♦ À prix d'argent (vieilli). Avec de l'argent. [Le roi] n'oublia pas de faire soigneusement rechercher les saintes reliques que les gens d'armes avaient profanées et dispersées. On en racheta même quelques unes à prix d'argent (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.4). ♦ À prix d'or. Pour une grosse somme d'argent. La plupart de ses petits tableaux [de Teniers], qu'on se dispute à prix d'or, ne lui coûtaient qu'une après-dînée (Gautier, Guide Louvre,1872, p.136). ♦ (Au) prix fort. (Au) prix sans rabais. Le prix fort sous-entend qu'un rabais est d'usage (Lar. comm.1930). ♦ (À) un bon prix. (À) un prix avantageux (pour celui qui achète ou celui qui vend). Ceux qui connaissent les incantations efficaces dans les difficultés de l'existence les vendent à un bon prix (Lowie, Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p.308).Bien des gens (...) eussent pourtant consenti à les payer [des véhicules] un bon prix (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p.474). ♦ (À) un vil prix. (À) un prix très bas. La concurrence outrée, qui réduit les salaires au plus vil prix (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p.8).Il vendit (à vil prix) un assez beau presse-papier en argent, qu'il avait, et avec la somme leur fit envoyer des cigarettes (Montherl., Célibataires,1934, p.765). ♦ Être dans les prix de qqn. Être financièrement abordable. Bocardon: Qu'est-ce que ça coûte le rouleau? Colombot: Trois francs soixante-quinze. Bocardon: C'est dans mes prix (Labiche, Célimare,1863, ii, 6, p.59). ♦ De prix. Qui vaut cher. [Les vieux bahuts] contenaient les dentelles, les corps de jupe, les hauts cols, les robes de prix (...) toutes les inventions de la coquetterie du seizième siècle (Balzac, Enf. maudit,1831, p.336).Avoir un instrument de prix n'est certainement pas à la portée de tout le monde (Lallement, Dyn. instrum. archet,1925, p.14). B. − ÉCONOMIE 1. Expression monétaire de la valeur d'un bien ou d'un service (à un moment donné). Calcul, théorie des prix; baisse, contrôle, décélération, dérapage, évolution, fixation, fluctuation, hausse, libération, réajustement, stabilisation des prix; casser les prix; éléments constitutifs du prix. Quand les démocrates les plus ardents proposèrent à la Convention de fixer par la loi le prix des denrées, la Convention fut d'abord prise de scrupule (Jaurès, Ét. soc.,1901, p.229).Le billet de banque; il a pour prix conventionnel celui que fixe notre consentement mutuel, mais il permet les échanges rapides et incontestés (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p.29): 3. La grande firme vend des produits intermédiaires aux autres firmes à un prix unitaire plus bas. La conséquence est, toutes autres choses égales, une possibilité ouverte aux autres firmes d'abaisser leurs propres prix, c'est-à-dire, d'échelons en échelons verticaux, de satisfaire leurs clients à plus bas prix.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p.201. 2. Loc. Prix courant*, coûtant*, net*; prix toutes taxes comprises (v. taxe); blocage*, indice* des prix. ♦ Prix d'appel. Prix bas établi sur un produit connu pour attirer la clientèle. Les fabricants d'électroménager, ou même d'articles de sport (...) se heurtent à un développement anarchique des «prix d'appel» dans les grandes surfaces non spécialisées. Le mécanisme est simple: la grande surface «casse» les prix de quelques produits de forte notoriété pour attirer le client et réaliser des profits dans d'autres secteurs (L'Express,8 août 1977, p.50, col. 1). ♦ Prix d'équilibre. Prix établi par la loi de l'offre et de la demande. On ne se demande plus si (...) le prix d'équilibre qui règle tout, ne s'établit pas moyennant la destruction et la détérioration d'êtres humains (Univers écon. et soc.,1960, p.4-4). ♦ Prix fait. Prix convenu. Les maçons, charpentiers, serruriers, et autres ouvriers qui font directement des marchés à prix fait, sont astreints aux règles prescrites dans la présente section (Code civil,1804, art. 1799, p.326). ♦ Prix garanti. Prix minimum d'achat au producteur fixé par loi. L'office du blé −organisme sous contrôle de l'État, qui assure aux agriculteurs un prix garanti dans le cadre d'un contingentement (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p.96). ♦ Prix de revient. Coût total d'un bien ou d'un service. Pour abaisser le prix de revient, il faudrait logiquement produire davantage: autrement, la baisse se porte sur les salaires (Zola, Germinal,1885, p.1311).La détermination des prix de revient consiste à distribuer, par imputation ou répartition, les frais (...) entre les comptes ouverts au moment du lancement des commandes (Villemer, Organ. industr.,1947, p.219). ♦ Prix d'achat. Prix auquel on achète une marchandise afin de pouvoir la revendre transformée ou non. Les prix d'achat des produits ou des matières premières figurent dans les factures (Pethoud, Organ. industr. et comm.,1931, p.157). ♦ Prix de vente. Prix de revient augmenté de la marge bénéficiaire. Le prix de vente se marque comme je viens de le dire, mais le prix coûtant doit rester un mystère pour le client (Avenel, Calicots,1866, p.44). ♦ Juste prix. Prix équitable. L'étude du dedans donnera lieu de considérer de plus près l'échange et la circulation des produits, la consommation au juste prix (A. France, Bergeret,1901, p.286).V. prisée ex. du Code civil. ♦ Vérité des prix. Connaissance publique des prix réels. Le dialogue est un mot à la mode, en Occident aussi; et les sages économistes, ici et là, préconisent la concertation avec les syndicats, la «politique des revenus» et la «vérité des prix» (Le Nouvel Observateur,2 août 1976, p.33, col. 2). SYNT. Prix du blé, du bois, du pain; moindre, nouveau prix; hausse, baisse des prix; prix à l'exportation, à la production; prix de la main-d'oeuvre, du travail; en matière de prix; tenir compte des prix; calcul du prix. II. − Au fig. [Prix désigne une valeur monétaire ou une valeur d'un autre ordre] A. − 1. Ce qu'il faut payer ou faire pour acquérir, obtenir quelque chose. Le prix de la gloire, du succès; au prix d'efforts. Oui, la gloire t'attend; mais arrête, et contemple À quel prix on pénètre en ses parvis sacrés (Lamart., Médit.,1820, p.147).Il semblerait même que l'on doive encourager, dans le domaine amoral des moyens, une certaine fantaisie, une marche capricieuse (...). Non seulement le charme de la vie est à ce prix, mais il existe des nonchalances, des paresses et des fantaisies fécondes (David, Cybern.,1965, p.41). 2. Locutions ♦ Au prix de. En comparaison de. Les misères dont ils se choquent sont bien peu de chose au prix des erreurs où ils sont eux-mêmes tombés (Chateaubr., Mél. pol.,t.1, 1828, p.123).Il comprenait aujourd'hui que les plus flamboyantes imaginations ne sont rien au prix de la réalité toute nue (Richepin, MmeAndré,1879, p.309).Au moyen de. Synon. moyennant.N'est-ce pas forcer le langage des formes que l'obliger à exprimer un caractère, fut-ce au prix d'une incorrection? [à propos des formes créées par Rodin] (Hourticq, Hist. art,Fr., 1914, p.450). ♦ À aucun prix. Pour aucune somme d'argent. Au fig. En aucune manière. Synon. pour rien au monde.L'âme d'un séminariste devrait n'être impatiente que du manque de jouissance et d'argent. Lui, bien différent, ne peut supporter le mépris à aucun prix (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.442).Ne montant à aucun prix à l'étage, même pas pour un million (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.84). ♦ À tout prix. Quel que soit le prix. Au fig. Coûte que coûte, à toute force. Cuvier avait la réputation d'aimer les petites filles et de s'en procurer à tout prix (Delacroix, Journal,1853, p.131).Un instinct aussi sûr que celui de la conscience m'avertissait qu'il fallait empêcher ce mariage à tout prix (Gide, Symph. pastor.,1919, p.903). ♦ À n'importe quel prix. Quelle que soit la somme à payer. Non, non, accepter de penser que la faute était là, c'eût été accepter la pire de toutes les injustices, celle qui l'eût rejetée à jamais au néant. Et, révoltée, il lui arrivait de dire: «À n'importe quel prix, à n'importe quel prix!» (Daniel-Rops, Mort,1934, p.176). ♦ Sans prix. Sans aucune valeur d'échange; au fig., très précieux. Synon. inappréciable, inestimable.Le chef-d'oeuvre le plus extraordinaire [le Chevalier de Malte], une peinture fraîche comme si c'était peint d'hier. Ça n'avait pas été touché. C'est sublime et sans prix (Balzac, Lettres Étr.,t.3, 1846, p.324).Quant à Caliban, c'est une brute, et sa stupidité fait sa force (...). Dans l'opposition, il est sans prix (A. France, Vie littér.,1890, p.297).Pendant plus de mille ans, en tout cas, les maîtrises avaient rendu à la musique un service sans prix (Enseign. mus., 1, 1950, p.4). ♦ Payer, (y) mettre le prix. Payer cher. Au fig. Faire des efforts, des sacrifices nécessaires; se donner les moyens. Cette innombrable clientèle de spoliés qui ne peuvent mettre le prix à rien (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t.1, 1846, p.156).Ils veulent que je sois médecin. Ils n'ont qu'à y mettre le prix (Aragon, Beaux quart.,1936, p.314): 4. Ils [des hommes] ont dit qu'il fallait continuer et que les forces du bien pouvaient toujours triompher des forces du mal à condition de payer le prix. Ils ont payé le prix. Et ce prix sans doute a été lourd, il a eu tout le poids du sang, l'affreuse pesanteur des prisons.
Camus, Actuelles I,1944, p.23. B. − Valeur affective, morale; importance que l'on accorde à quelque chose ou à quelqu'un. Le prix de la vie; donner du prix à qqc. Il paraît mettre un grand prix à votre approbation (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p.1607).[Il] se fatigue à guetter tous les points d'où pourra surgir l'attaque. Il s'exagère, par éducation, le prix de la logique (Vercel, Cap. Conan,1934, p.113): 5. Il entre dans la composition de ta substance mentale plus de 99 % d'images et d'impressions sans valeur. Et ajoute que les vues étranges, les pensées neuves et singulières tirent tout leur prix de ce vulgaire fond qui les fait remarquer.
Valéry, Mauv. pens.,1942, p.7. ♦ Attacher du prix à. Accorder de l'importance, de la valeur à. On voyait rôder plusieurs des officiers nouvellement venus, qui cherchaient à apercevoir l'empereur; ils y attachaient un prix infini (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.395).Bien que la tasse n'eût rien d'extraordinaire, Alphonsine y attachait un grand prix (Guèvremont, Survenant,1945, p.32). ♦ Proverbe. Chacun vaut son prix. Il ne faut pas élever le mérite d'une personne au point de rabaisser celui des autres. Ah! Secouons enfin cette torpeur infâme Et soyons, non plus des pingouins, des colibris! Prouvons que nous valons encore notre prix (Verlaine, Poèmes div.,1896, p.173). III. − P. méton. [Prix désigne une récompense] A. − Vieilli. Ce par quoi l'on récompense un mérite. Ce traitement serait le prix de leur intelligence et de leur assiduité, comme le dividende sera le prix de leur confiance et de leurs fonds (Le Moniteur,t.2, 1789, p.366): 6. Hier, pour délivrer Durandal prisonnière,
Je t'ai prêté Joyeuse. −Aujourd'hui, je fais mieux:
Il faut à ton courage un prix plus glorieux;
Je veux que Durandal désormais t'appartienne,
Car la main de Roland la mettrait dans la tienne!
La noble épée a soif du sang de l'étranger...
Bornier, Fille Rol.,1875, IV, 3, p.105. − P. antiphr. De ta rébellion la mort serait le prix (Delille, Paradis perdu,t.2, 1804, p.373).Qui voudrait entrer ou rester dans les rangs d'une armée où un lâche abandon deviendrait le prix des services rendus? (Chateaubr., Corresp.,t.2, 1820, p.81). B. − 1. Récompense décernée au terme d'une sélection, d'une compétition ou d'un concours au plus méritant, à celui qui se distingue parmi les concurrents. Prix de beauté; prix d'encouragement, d'excellence, d'honneur; concours doté de prix; attribuer, avoir, emporter, gagner, remporter le/un prix. Le prix de vertu de dix mille francs, fondé par feu M. de Montyon, est décerné à Atar-Gull Bernard-Augustin (Sue, Atar-Gull,1831, p.38).Race porcine, prix ex aequo: à MM. Lehérissé et Cullembourg; soixante francs! (Flaub., MmeBovary,t.1, 1857, p.171).Vingt-cinq francs, c'était le droit d'entrée pour faire partie des épreuves... dotées d'un prix de douze mille balles, première récompense décernée par le «grand jury des plus hautes sommités mondiales» (Céline, Mort à crédit,1936, p.471). a) Domaine sc. et artist.Prix Fémina, Goncourt, Nobel, Renaudot; prix de l'Académie Française; prix du conservatoire; prix de la critique, du cinéma, de la chanson. Monsieur Grindot avait remporté le grand prix d'architecture, il revenait de Rome après un séjour de trois ans aux frais de l'État (Balzac, C. Birotteau,1837, p.97).[La société pour l'administration du droit de reproduction mécanique] a décerné le grand prix du disque français qui a couronné seulement une oeuvre classique et une oeuvre de «variétés» (Disque Fr.,1963, p.21).Supprimé par Malraux en 1971, le prix de Rome fut transformé en bourse de travail accordée à des peintres, des sculpteurs, des architectes, des musiciens, des historiens de l'art, des photographes, des cinéastes, des écrivains... (Le Nouvel Observateur,5 juill. 1985, p.60, col. 3). b) Domaine scol.Ce qui récompense les meilleurs élèves, soit au sein d'un établissement (pour les résultats, la conduite), soit au terme d'un concours national dans une discipline. Distribution* des prix. Cinq premiers prix remportés dans les cinq classes du lycée. «Deux prix d'honneur au concours général avec tous les lycées et collèges de France» (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Quest. du lat., 1886, p.566).Et le gamin de répondre du ton d'un élève d'une école laïque, déjà lauréat d'un prix de mémoire et de récitation et qui bataille pour le prix d'histoire (Verlaine, Souv. et fantais.,1896, p.265). 2. P. méton. a) SPORTS. Compétition à l'issue de laquelle sont remis des prix. Nana, la pouliche, cette Nana qui s'était laissé battre honteusement dans le prix de Diane (Zola, Nana,1880, p.1380).C'est un prix important qui va être couru (Gyp, Souv. pte fille,1928, p.169). ♦ Grand prix. [Nom d'importantes courses hippiques ou automobiles] Grand prix de Paris; ouvrir le Grand prix. Le pilote de la McLaren no2, chiffre détesté, a appris la méthode Lauda. «Pour être le numéro un, il faut marquer plus de points que les autres, pas forcément gagner plus de Grands Prix.» En 1984, il [Alain Prost] avait gagné sept courses et Lauda cinq (Le Nouvel Observateur,11 oct. 1985, p.62, col. 3). b) Objet de la récompense. En partic. Livre de prix ou prix. Livre offert comme prix à un élève méritant. L'exemplaire porte une reliure de veau fauve (...). −Mon prix d'honneur! (...) Je l'ai obtenu en 1819 (A. France, Vie littér.,1888, p.321): 7. ... son enfance se réveillait, avec tout son goût amer, avec toute sa tristesse et tout son sérieux, à la seule vue de ses livres de prix des années précédentes. Oui, toute sa vie, il aurait des prix; toute sa vie, il sentirait la chaleur de ce cercle d'or posé sur lui.
Larbaud, F. Marquez,1911, p.55. c) Lauréat d'une épreuve. Ce soir sont venus de Paris dîner à Saint-Gratien Ferrari, le prix de Rome de sculpture, et le jeune ménage (Goncourt, Journal,1887, p.699).L'instrumentiste alors n'est plus prix du conservatoire, mais ingénieur du son (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p.17). d) L'oeuvre distinguée. Nous avons été tous trois et Rouget, que nous avons pris chez lui, voir d'abord les prix exposés (Delacroix, Journal,1822, p.14). REM. -prix, élém. de compos. entrant dans la constr. de qq. subst. dans lesquels il exprime la valeur monétaire,l'ensemble pouvant fonctionner en appos. à un autre subst. a) Mini prix, subst. masc.Super soldes et mini prix à la Boutique écossaise (Elle,12 janv. 1981, p.19). b) Performance-prix, subst. fém.Pour tout votre équipement, vous êtes attentif au rapport performances-prix (Le Nouvel Observateur,17 mai 1976, p.120, col. 1). c) Qualité-prix, subst. fém.Rapport qualité-prix. Sans doute le meilleur système de location pour l'équation qualité-prix (Le Nouvel Observateur,3 mai 1976, p.55, col. 2). Prononc. et Orth.: [pʀi]. Homon. pris, prit de prendre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «somme à payer pour le passage sur un bateau» (Alexis, éd. Chr. Storey, 78); 2. 1160-74 «valeur commerciale d'une chose» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 4210); 3. a) ca 1200 metre en pris «estimer, priser» (S. de Freine, Roman de Philosophie, éd. J. E. Matzke, 426, p.16); 1377 mettre a pris «vendre avantageusement» (Gace de La Buigne, éd. . Blomqvist, 9030); 1538 mettre a prix «fixer la valeur d'un objet dans une vente» (Est.); 1606 à haut ou à bas prix (Nicot); 1671 mettre la tête de qqn à prix (Pomey); b) 1579 à juste pris (H. Estienne, Précellence, éd. E. Huguet, 211); 1690 prix constant, prix fixe (Fur.); 1789 un prix fixe «magasin» (Tout ce qui me passe par la tête, I, p.26 ds Quem. DDL t.21); 1831 les prix fixes (dans un restaurant) (E. Roch, Le Palais-Royal, in Paris ou le livre des cent-et-un, I, p.24, ibid.); 1838 prix de revient (Stendhal, Mém. touriste, t.2, p.190); 1958 blocage des prix (Romeuf); 4. 1538 «somme qui résulte de l'entente entre acheteur et vendeur» et «valeur en argent indéterminée» (Est.); 5. ca 1135 de pris «de valeur» (Couronnement Louis, éd. Lepage, 1697 (A-B), 1438 (C)); 1579 à bon prix «à bon marché» (Larivey, Jaloux, éd. Viollet le Duc, VI, 48); 1671 ne pas avoir de prix (Pomey); 1829 à prix d'or (A. Dumas père, Henri III, I, p.125); 1865 (payer) un prix fou (Vallès, Réfract., p.129); 6. ca 1500 au prix de «en comparaison de» (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, III, 176); 1588 au prix de sa vie (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, 511); 1642 prix pour prix (Oudin Fr.-Ital.); 1669 à prix de «moyennant» (Molière, Tartuffe, I, 6); 1683 vendre à tout prix «à quelque prix que ce soit» (Boileau, Lutrin, V ds Littré); 1807 à tout prix «malgré tout» (Mmede Staël, Corinne, XVII, 7, ibid.); 1860 mettre le prix (Delacroix, Journal, p.288); 1863 c'est dans mes prix (Labiche, Célimare, II, 6, p.59); 1886 c'est le même prix (Courteline, Gaîtés esc., p.206); 7. ca 1140 «valeur, importance que l'on reconnaît à quelqu'un» (Gaimar, Hist. des Anglais, éd. Bell, 1686). B. 1. 1176-81 «récompense donnée à celui qui réussit le mieux dans une compétition» (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, 1698 ds T.-L.); 1486 pris de balade «prix de poésie décerné par les sociétés littéraires» (Houdoy, Comptes de Cambrai, 204 ds Gay t.2); 1875 Prix de Rome «récompense accordée à certains artistes» et «l'artiste lauréat» (Lar. 19e); 2. 1467 «salaire, récompense» (Ordonnances des rois de France, XVI, 615 ds Bartzsch); 3. 1643 «châtiment» (Corneille, Pompée, V, 3); 4. 1690 «récompense aux élèves les plus méritants» (Fur.); 5. 1867 «épreuve à la suite de laquelle la récompense est décernée» (Le Sport, 2 juin ds Petiot 1982). Du lat. pretium «valeur d'une chose», «argent», «récompense, salaire». Fréq. abs. littér.: 9905. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 18084, b) 10756; xxes.: a) 12524, b) 13396. Bbg. Gohin 1903, p.338. _Öhmann (E.). Die Bedeutungsentwicklung von dt. Preis, frz. prix. Z. für Mundartforschung. 1958, t.26, pp.72-75. _Quem. DDL t.6, 20, 21, 28, 30. |