| PRINTANIER, -IÈRE, adj. A.− Relatif au printemps. 1. a) [En parlant de l'atmosphère, de la nature] Qui caractérise le printemps. Air, brise, fraîcheur, saison, senteurs, soleil, temps printanier/ière(s). Stimulé par ce bain de lumière, par ces odeurs de végétations naissantes, par ce vif courant de puberté printanière dont l'atmosphère était imprégnée (Fromentin, Dominique,1863, p. 76).Le nord (...) reçoit plutôt des pluies printanières et estivales; le sud, (...) des pluies d'automne et d'hiver (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 173).V. érubescence ex. de Verne : C'était un de ces jours printaniers où mai se dépense tout entier; la création semble n'avoir d'autre but que de se donner une fête (...). Les premiers papillons se posaient sur les premières roses. Tout était neuf dans la nature, les herbes, les mousses, les feuilles, les parfums, les rayons.
Hugo, Travaill. mer,1866, p. 447. − P. anal. Qui rappelle le printemps par sa température clémente, sa verdure intense, etc. Impressions d'hiver qui s'avance, mais démenties par cette étincelante et printanière beauté de la prairie (Barb. d'Aurev., Memor. 3, 1856, p. 47). 18 janvier 66. (...) Température bénigne et printanière (Amiel, Journal,1866, p. 74).Les campagnes mouillées sont vertes à l'infini; vertes de ce vert frais et printanier qui dure à peu près jusqu'à l'automne, en ce pays d'ombre et d'averses chaudes (Loti, Chât. Belle-au-bois-dorm.,1910, p. 90). b) Peu fréq. Qui se produit durant la période située entre le 21 mars et le 21 juin environ. Synon. vernal.Départ de la sève à époque fixe, au moment de la renaissance printanière de l'astre (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 18). 2. a) [En parlant d'un végétal, d'un animal ou de son activité] Qui apparaît, se manifeste au printemps. Un vol nocturne de migrateurs printaniers (Hamp, Champagne,1909, p. 162).Il aimait tant le mois de mai et toutes les charmantes fleurs printanières (Maurois, Disraëli,1927, p. 237). − En partic. Qui apparaît ou s'épanouit tout au début du printemps, plus tôt que d'autres plantes ou fruits de la même espèce. Synon. précoce.Tout le reste est sombre et dort presque comme en hiver, sauf quelques hêtres qui, plus printaniers que leurs frères, commencent à se nuancer (M. de Guérin, Journal,1833, p. 165). − Empl. subst. V. hirondelle A 1 ex. de E. de Guérin. b) [En parlant (du produit) d'une activité humaine] Qui s'effectue au printemps. Clôture aussi du mois de Marie, belle dévotion printanière (E. de Guérin, Journal,1838, p. 212).Labours printaniers (Alain, Propos,1910, p. 82). − GASTR. [En parlant d'une préparation culinaire] Qui est composé de légumes du printemps finement découpés. Femmes décolletées dont la poitrine fraîche et chaude remue comme un potage printanier (Renard, Journal,1909, p. 1240).Consommé printanier. − Couper en petits cubes très réguliers ou en petites perles, à l'aide d'une cuillère à racines, des carottes et des navets. Les cuire séparément à l'eau salée, cuire de même les petits pois et un peu de haricots verts taillés en losanges. Réunir ces légumes dans un bon consommé (H.-P. Pellaprat, L'Art culin. mod.,Paris, Comptoir Fr. du Livre, 1936, p. 77). B.− P. anal. 1. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui évoque le printemps par son aspect frais, coloré, agréable. Une de ces tapisseries où triomphe, brillantée de soie, fraîche, éclatante et douce, la palette de Boucher; une de ces tapisseries printanières où tout est aurore (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 216).L'impuissance, qui suit la pauvreté, avait fait fuir la gaieté de ses traits et tomber cette fleur printanière qui veloute les jeunes visages (Gautier, Fracasse,1863, p. 14).Ses filles sont pimpantes et gaies (...) ce sont de printanières catins (Huysmans, Art mod.,1883, p. 290). − Empl. subst., rare. Très jeune personne d'aspect agréable. Napoléon avait reçu dans son lit, à Milan, une Italienne de seize années, belle comme le jour (...). Une autre fois, une de ces printanières s'était glissée dans le même palais que lui (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 374). 2. [En parlant (d'un aspect) de la toilette] Qui est léger, de couleur claire et qui se porte généralement au printemps. Étoffe printanière. Tes robes de toile Printanière, indienne ou modeste organdi, Atours frais et coquets (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 282).Il (...) portait un gilet de piqué blanc, une veste blanche à la créole et un pantalon de même couleur. Sur ce costume par trop printanier à six heures du matin (...) il avait jeté un pardessus (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 396).Une robe printanière, blanche à fleurs roses (Zola, Joie de vivre,1884, p. 861). − Empl. subst. fém., vx. ,,Étoffe légère qu'on porte au printemps et en été`` (Littré). Un pantalon de printanière (Balzac,
Œuvres div.,t. 1, 1837, p. 166). C.− Au fig. [En parlant d'une chose abstr. ou d'une pers.] 1. Qui évoque le printemps par sa jeunesse, son caractère initial, prometteur, par sa nouveauté ou sa capacité de renouvellement. Synon. jeune, juvénile, nouveau, premier.Il a placé hardiment son idéal au berceau même de la Grèce, à l'époque printanière de cet épanouissement mythologique que les philosophes (...) ont raillé, méconnu (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1864, p. 42).Cinq rangées de douze enfants (...). L'ensemble apparaît toujours gris, piteux, mais (...) un aspect vivant, printanier, prometteur, se découvre aussi (Frapié, Maternelle,1904, p. 43).J'ai vu Don Juan vieillard, mais toujours amoureux, Seul à se rappeler ses gloires printanières (Toulet, Vers inéd.,1920, p. 16). 2. Qui évoque le printemps par son éclat, son allégresse, sa douceur, etc. On a dans la tête toutes sortes de floraisons printanières qui ne durent pas plus que les lilas, qu'une nuit flétrit, mais qui sentent si bon! (Flaub., Corresp.,1853, p. 205).Et dans leurs plus beaux jours, leur saison printanière (...) De l'amour ils avaient savouré le bonheur En sa plus pure ivresse et sa plus sainte ardeur (Barbier, Satires,1865, p. 140).Les péchés de mes vieilles pratiques (...) n'ont pas des noms si fleuris, si printaniers (Arnoux, Rossignol napol.,1937, p. 225). REM. Printanièrement, adv.,hapax. La lettre que j'ai lue est pleine d'amour. Gravement, printanièrement pleine d'amour (Colette, Képi,1943, p. 47). Prononc. et Orth. : [pʀ
ε
̃tanje], fém. [-jε
̃:ʀ]. Ac. 1694 et 1718 : -ier, -iere; dep. 1740 : -ier, ière. Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 125 : printannier. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1553 « qui appartient au printemps » fleur printaniere (Ronsard, Folastrie, VII, 34, éd. P. Laumonier, V, 44); 2. fig. 1587 tétins printaniers (Id., Élégie, v. 44, éd. cit., XV, 214, var.); 3. 1767 potage printanier (La Cuisine bourgeoise, 23 d'apr. FEW t. 9, p. 383b). B. Subst. fém. 1823 « étoffe légère » (Boiste). Dér. de printemps (a. fr. printans); suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 247. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 209, b) 555; xxes. : a) 466, b) 293. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 31, 33. |