| PRIMESAUTIER, -IÈRE, subst. et adj. I.− Adj. et subst. (Celui, celle) qui parle, décide, agit d'une manière spontanée, impulsive. La pièce à propos du volume de Musset est bonne, insolente, troussée, un peu longue seulement (...). Si tu pouvais la condenser un peu (chose facile à toi qui n'es pas un prime-sautier), ce serait parfait (Flaub., Corresp.,1850, p. 220).Un garçon que j'avais connu si primesautier, si exubérant, si entier dans ses sympathies ou dans ses aversions (G. Leroux, Parfum,1908, p. 11).Fantasque, primesautière, indisciplinée, elle s'entendait mal avec ses professeurs, préférait de beaucoup la boutique maternelle, les bavardages avec fournisseurs et clients (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 75). II.− Adjectif A.− [En parlant d'une pers.] Dont la manière d'être, de se comporter est spontanée, irréfléchie. Synon. impulsif.Personnalité, nature primesautière; érudition, intelligence primesautière; esprit primesautier. Je crois distinguer deux espèces d'imaginations : (...) l'imagination ardente, impétueuse, prime-sautière, conduisant sur-le-champ à l'action, se rongeant elle-même et languissant si l'on diffère seulement de vingt-quatre heures (Stendhal, Amour,1822, p. 255).Je suis de plus en plus plein d'horreur pour les gens qui pensent à l'avenir et qui épargnent un bel acte primesautier à cause de considérations utilitaires (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 345).Ils étaient fort épris l'un de l'autre; tous deux intelligents et instruits. Elle, plus superficielle que lui, mais pleine d'entrain, et d'un naturel primesautier qui mettait une agréable animation dans la vie de tous les jours (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. xlv). B.− [En parlant d'un écrit, d'une production littér., artist.] Qui exprime une spontanéité, une vivacité de trait, de style. La richesse verbale y paraît moins choquante que chez l'artiste de Pergame, car ce petit art coloré, ardent, primesautier, est fait pour être vu de près (Faure, Hist. art,1909, p. 120).Nous ne nous emparerons pas de ces lettres si vivantes, si primesautières, d'un ton si original, pour faire des comparaisons avec la correspondance douce, affectueuse, « pot-au-feu », que Charles Lecocq adressait à ses amis (L. Schneider, Maîtres opérette fr.,1924, p. 248): ... lui qui a affadi avec emphase un style primesautier, cru, direct, ce style qu'ils employaient tous à la grande époque les voyageurs, les marins, les hommes d'armes, les découvreurs, tous aventuriers pas très forts sur la grammaire, chancelant sur l'orthographe d'une langue encore instable, mais qui écrivaient comme ils parlaient...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 15. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. La plus petite faiblesse, je la paye. Il faut que je m'interdise le primesautier, l'impromptu et le chic (Renard, Journal,1896, p. 335).V. montant2ex. 2. Prononc. et Orth. : [pʀimsotje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1798-1878 : prime-sautier; 1935 : primesautier; Littré : prime-sautier; Rob. : prime-sautier (vieilli) ou primesautier; Lar. Lang. fr. : primesautier Flaub., loc. cit., Stendhal, loc. cit. : prime-sautier. Étymol. et Hist. Ca 1160 prinsaltier (Eneas, 8367 ds T.-L.); ca 1170 prinsautier (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4eéd., 4140); 1588 esprit primsautier (Montaigne, Essais, II, X, éd. P. Villey, t. 1, p. 409); 1756 prime-sautier (Voltaire, Correspondance, VII, 3 mai 1756 ds
Œuvres compl., t. 39, 1880, p. 39). En a. fr., dér. de prinsaut, puis refait d'apr. la forme mod. primesaut*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 40. Bbg. Gohin 1903, p. 318. |