| PRESSURER, verbe trans. A. − [Ce qui est pressuré est un inanimé] Presser des fruits, des grains pour en extraire le jus, l'huile. Raisin qui s'évapore aussitôt pressuré (Rodenbach, Règne sil., 1891, p.131).Il est des boissons qu'on prépare avec le jus des oranges pressurées, des citrons, des limons, et qui rafraîchissent parce qu'elles sont à la fois acides et douceâtres (Gide, Nourr. terr., 1897, p.217). − P. métaph. Après avoir pressuré chaque mot et creusé chaque phrase pour en faire jaillir la lumière, Mademoiselle de La Seiglière le relut encore une fois (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p.286). B. − [Ce qui est pressuré est un animé] 1. Être soumis à une pression. Lamartine, Hugo, Nodier et le reste nous menèrent aux portes de Saint-Malo, endormant à moitié la cruelle souffrance de mes pieds pressurés et déchirés dans des bottes trop étroites (M. de Guérin, Journal, 1833, p.163). 2. Au fig. Tirer d'une personne tout ce qu'elle est susceptible de donner. Pressurer les contribuables, les débiteurs. La fortune ne s'acquiert qu'en exploitant les autres et en pressurant les pauvres (Renan, Souv. enfance, 1883, p.76).Ce sont ces exploiteurs de la misère, qui, après avoir pressuré leurs victimes, réalisent les gages sans avoir rien à débourser (Dumont, Organ. Monts-de-Piété, 1905, p.40). REM. 1. Pressurable, adj.Susceptible d'être pressuré. (Dict. xixeet xxes.). 2. Pressuration, subst. fém.Action de pressurer. Synon. pressurement (d'apr. Quillet 1965).Au fig. [Corresp. à pressurer B 2] Et cette odieuse pressuration, si spontanée, si naïve, si dégagée de toute impulsion supérieure, parce que la société n'a pas encore trouvé le moyen de l'empêcher, de la réprimer, de la punir, on l'attribue à la contrainte sociale (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.339).Inusité selon Guérin 1892. 3. Pressurée, subst. fém.,hapax. Forte étreinte. Je lui fis offre d'une chanson, et j'en tirai une, avec un peu d'effort, de mon gosier, encore chaud de la pressurée de ses mains (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p.75).En Suisse romande, selon Littré, pressurée désigne la vendange soumise au pressoir. Prononc. et Orth.: [pʀesyʀe], [pʀ
ε-], (il) pressure [-sy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1283 pressoirer «presser des fruits avec le pressoir» (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1141), forme att. jusque Rich. 1759 (pressoirer, pressorer, pressorier); b) xiiipresseurer (Liv. des jurés de S. Ouen, fo206 ro, A. Seine-Inférieure ds Gdf. Compl.); 1336 pressurer (Cart. de S. Et. de Vignory, p.102, J. d'Arbaumont ds Gdf., s.v. pressuel); 2. 1316 pressoirer fig. «accabler» (Jehan Maillart, Roman du Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 755); ca 1470 «exploiter quelqu'un, tirer tout ce qu'on peut de quelqu'un» (G. Chastel., Chr. du duc Phil., ch. 9 ds Littré); 1675 «id.» (MmeDe Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t.2, p.67). Dér. de pressoir*; dés. -er, la forme pressurer s'expliquant par une substitution de suff. Fréq. abs. littér.: 62. DÉR. Pressureur, subst. masc.Personne assurant le fonctionnement d'un pressoir. Des pressureurs robustes (Lar. 20e). [Corresp. à supra B 2] Personne qui pressure. Synon. exploiteur.Pressureur de peuple (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.5, 1863, p.96).− [pʀesyʀoe:ʀ], [pʀ
ε-]. Ac. 1762-1878: -eur; 1935: -eur, -euse. − 1resattest. a) 1291 presseureur «ouvrier qui travaille au pressoir» (L. Tanon, Hist. des justices et anc. églises, p.447), 1538 pressoireur (Est.), forme att. jusque Boiste 1829, 1583 pressureur (Gauchet, Vendanges, p.224 ds Hug.), b) 1863 pressureur de peuple (Sainte-Beuve, loc. cit.); de pressurer, suff. -eur2*. |