| PRESSOIR, subst. masc. A. − AGRIC. Appareil servant à presser des fruits ou des graines pour en extraire le jus ou l'huile. Pressoir à cidre, à huile, à olives; pressoir hydraulique, pneumatique; pressoir à vis, à cylindre; robinet du pressoir. Un autre plateau descendait exercer une pression sur le premier sous l'action d'une vis de bois actionnée à bras et rappelant celle des anciens pressoirs à pommes (Civilis. écr., 1939, p.8-9). ♦ Pressoir (à vin). Appareil dans lequel est pressée la vendange. Pressoir à main; pressoir continu. En pleine Bourgogne, le musée du Vin possède une collection de divers objets vinicoles où figurent, hors les pressoirs, des céramiques locales, et des tastevins d'argent, ceux-ci fabriqués dans la région suivant une tradition séculaire (Grandjean,Orfèvr. XIXes., 1962, p.113): 1. Chaque village possède son pressoir, vestige de l'ancienne «banalité», et il est de tradition que le «pressurage» se fasse en commun, autant que possible entre parents. Sous la pression énergique, jusqu'à trois fois renouvelée, la dernière goutte de vin sort du marc qui reste sec. Le vin du pressoir est moins bon que le vin de la cuve...
Menon, Lecotté,Vill. Fr., 2, 1954, p.77. − P. métaph. Les gratte-ciel, ces pressoirs à hommes, se vident de toute une humanité fatiguée (Morand,New-York, 1930, p.62). − P. méton. ♦ Ce qui coule du pressoir. Les blés sont mûrs, le pressoir coule: Voilà du pain, voilà du vin! (Dupont, 1849ds Doc. hist. contemp., p.195). ♦ Bâtiment où est le pressoir. Je l'ai trouvée à Rimini, dans un pressoir en ruine, qui sert aujourd'hui de magasin (A. France,Lys rouge, 1894, p.135).Nous rentrâmes nous abriter sous le toit du pressoir que nous avions à peine quitté (Gide,Paludes, 1895, p.138). B. − Au fig. Ce qui contraint sous la pression. Ainsi celui-là qu'écrasait le poids des remparts, et sur qui veillaient les sentinelles, et que je pouvais bien crucifier sans qu'il abjurât, celui-là qui ne livrerait que son rire méprisant sous le pressoir de mes bourreaux, je le considérerais avec erreur si j'y lisais un réfractaire (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.602). − En partic. Ce qui extrait de l'argent de quelqu'un comme un pressoir extrait le jus des fruits. C'était Saccard encore, à quelques années de là, qui mettait en branle l'énorme pressoir à millions de la banque universelle (Zola,Dr Pascal, 1893, p.109).Tu as oublié cette pauvreté que tu prêchais. Vassal énamouré des banques! Tu as vu sous le pressoir de l'agio broyer les faibles (Huysmans,Là-bas, t.2, 1891, p.164). − Pressoir mystique. Scène allégorique dans laquelle le sang du Christ est assimilé au vin: 2. ... c'est bien ce thème de la souffrance de Marie, de la Passion de la Mère se soudant à la Passion du Christ, avec tout son cortège de dévotions du sang et des plaies, tantôt étalées sous les yeux des fidèles pour émouvoir le double instinct de pitié et de cruauté qui sommeille au fond de chacun −tantôt transfigurée, sur le plan mystique, en représentations comme celles de la Fontaine de Vie ou du Pressoir mystique. Le tout pour aboutir, finalement, au groupe de Marie au pied de la croix...
L. Febvre,La Sensibilité et l'hist., [1941] ds Combats, 1953, p.233. Prononc. et Orth.: [pʀ
εswa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1200 presoir «machine servant à presser des fruits» (Dialogue St Grégoire, éd. W. Foerster, p.30, ligne 21). Du b. lat. pressorius «presse, pressoir» (de premere «presser»). Fréq. abs. littér.: 207. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 169, b) 325; xxes.: a) 473, b) 276. |