| PRESCIENCE, subst. fém. A. − 1. RELIG. Connaissance que Dieu a, de toute éternité, de tout l'avenir (d'apr. Morf. Philos. 1980). Je n'entends rien aux subtilités par lesquelles on prétend accorder le libre arbitre avec la prescience, le choix de l'homme avec l'absolue puissance de Dieu (Senancour, Obermann, 1840, p.180).Milton essaie de défendre Dieu qui, sachant par sa prescience le péché originel, a tendu un piège à l'homme qui devait y tomber infailliblement et fatalement (Vigny, Journal poète, 1852, p.1294).Le célèbre théologien espagnol [Molina] qui, au XVIesiècle, inventa une nouvelle théorie de la prescience divine (Maritain, Human. intégr., 1936, p.26).V. avenir ex. 8. 2. P. ext. Don de prédire l'avenir; prophétie. Synon. divination.Les révélations des jongleurs et la prescience des sibylles de carrefour (Sand, Hist. vie, t.4, 1855, p.258).Ce don de seconde vue que tu possèdes à certains moments, cette prescience, qui n'est donnée qu'aux anges et aux démons, te permet de bien augurer de mon avenir (H. Bazin, Vipère, 1948, p.274). B. − 1. Synon. de intuition (v. ce mot A).Pour moi, l'homme n'est complet que s'il réunit ces trois conditions, science, prescience, conscience (Hugo, Actes et par., 3, 1876, p.88). 2. Faculté de deviner de façon intuitive ce qui est encore inconnu; connaissance intuitive d'une chose inconnue ou à venir. Synon. intuition (v. ce mot B), pressentiment.Avoir la prescience d'un danger. La prescience de la vérité me fit bondir dans mon lit (Balzac, Lys, 1836, p.64).Oh! l'intuition de la femme, prescience, clairvoyance subtile au bout de tous ses nerfs, qu'est-ce que notre finesse d'observation à côté de cela? (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p.168).En mars 1940, alors que (...) rien ne faisait prévoir qu'un péril mortel menaçât la France, Pétain annonçait, avec une prescience vraiment troublante, à de Monzie, qu'en mai suivant les événements feraient «qu'on aurait besoin de lui» (Procès Pétain, t.2, 1945, p.1118).V. jonction ex. 4. Prononc. et Orth.: [pʀesjɑ
̃:s], [pʀ
ε-]. Littré, Barbeau-Rodhe 1930 [ε]; Warn. 1968 [e], parfois [ε]; Martinet-Walter 1973: 11/17 [e], 6/17 [ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1169-78 «connaissance par Dieu des choses futures» la divine presciance (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17073) ,,terme dogmatique`` à partir de Ac. 1740; 2. av. 1650 «connaissance innée, antérieure à l'étude; intuition» ici en partic. «inspiration du poète» (Rotrou ds Guérin 1892: s'il [le poète] n'a pas la science, il a la prescience); 3. 1765 «connaissance des événements futurs» (Encyclop. t.13: la prescience des Astronomes). Empr. au lat. chrét. praescientia «connaissance anticipée», en partic. en parlant de Dieu, dér. de praesciens, v. prescient. Fréq. abs. littér.: 120. |