| PRÉJUGÉ, subst. masc. A. − Vx. ,,Ce qui a été jugé dans un cas semblable ou analogue. Cet arrêt est un préjugé pour notre cause`` (Ac.). B. − 1. Opinion à priori favorable ou défavorable qu'on se fait sur quelqu'un ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences. Avoir un préjugé contre qqn, qqc., en faveur de qqn, de qqc. Quand il sera prouvé que tout ce que nous connaissons est bon, il en résultera tout au plus un préjugé pour la bonté de tout le reste (J. Simon, Relig. natur.,1856, p.133).Il n'en était pas moins resté un préjugé favorable dans le pays sur l'extraction du père de Camille (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1937, p.31).On pourrait aussi déplorer que le public français ait un tel préjugé défavorable à l'égard de l'hôpital qui devrait être la maison de santé de tous (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p.2, col. 3). 2. Péj., souvent au plur. Opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation, ou due à la généralisation d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier. Synon. parti-pris.Préjugé aristocratique, catholique, classique, héréditaire, moral, national, populaire, religieux; préjugés racistes, sexistes; préjugé étroit, grossier, tenace; préjugé de caste, de classe; braver, combattre les préjugés; être victime des préjugés. Aucun préjugé n'est coupable, ni aucune tradition. C'est la vie générale qui marche d'un tel pas qu'il est absolument hors de ses moyens de la suivre (Maurras, Avenir intellig.,1905, p.55).Tous les adhérents de la nouvelle école savent qu'il leur a fallu de sérieux efforts pour combattre les préjugés de leur éducation (Sorel, Réflex. violence,1908, p.204): . Il passa par tout un long rêve entrecoupé d'inquiétudes et de folies, où l'amour tenait la première place, l'amour comme chez les poètes, l'amour tyrannique et souverain, au-dessus de toutes les contingences, des morales périmées, des préjugés bourgeois.
Aragon, Beaux quart.,1936, p.405. − PSYCHOSOCIOL. Préjugé racial. ,,Opinions et sentiments péjoratifs établis sur des éléments d'appréciation sommaires à l'égard des représentants d'une autre race considérée comme inférieure`` (Thinès-Lemp. 1975). Prononc. et Orth.: [pʀeʒyʒe]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1579 «ce qui détermine un fait, une opinion» (Estienne, Precellence, Au lecteur, p.14 ds Hug.); 2. 1584 «indice, signe» (J. de Barraud, trad. Guevarre, Epistres dorees, IV, 120a, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch., t.32, p.132); 3. 1587 «opinion (bonne ou mauvaise) que l'on se fait à l'avance» (Lanoue, Discours pol. et milit., 436 ds Littré); 4. ca 1590 «opinion adoptée sans examen, imposée par un milieu, une éducation» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.506). Part. passé subst. de préjuger*. Fréq. abs. littér.: 2067. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4848, b) 2445; xxes.: a) 2240, b) 1995. Bbg. O'Brien (D.). La Taille et la forme des atomes ds les syst. de Démocrite et d'Épicure: préjugé et présupposé en hist. de la philos. R. philos. 1982, no2, pp.187-188, 195-196. _Schalk (F.). Praejudicium im Romanischen. Frankfurt/Main, 1971, pp.8-39. |