| POURRISSEMENT, subst. masc. A. − Fait de pourrir ou de faire pourrir; état d'une chose qui pourrit, se décompose. Synon. putréfaction.Quand je mourrai, une part de mon existence refusera d'entrer, avec moi-même, dans le cercueil, et échappera au pourrissement (Arnoux, Écoute, 1923, p.167).L'Oïdium de la vigne (...) provoque l'éclatement et le pourrissement du raisin (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p.342). B. − Au fig. Synon. dégradation. 1. Altération des facultés intellectuelles. N'a-t-on vraiment le choix qu'entre ces deux manières de vieillir? Ou le durcissement, l'attachement fanatique à quelque préjugé de jeunesse? Ou la déliquescence, le pourrissement, l'impuissance à choisir, le dilettantisme? (Guéhenno, Journal «Révol.», 1938, p.154). 2. Corruption morale. Chez ce rude fils de l'Italie du Nord, c'était une sorte de déchéance, un lent pourrissement, sous l'influence amollissante, pervertissante de Rome (Zola, Rome, 1896, p.100). 3. Dégradation (d'une situation politique ou sociale difficile qui se prolonge sans trouver de solution). Pourrissement d'un conflit, d'une grève. Nous avons été témoins et victimes entre 39 et 40 du pourrissement d'une guerre, nous assistons à présent au pourrissement d'une situation révolutionnaire (Sartre, Sit. II, 1948, p.280).Selon M. Soustelle, depuis qu'il a quitté l'Algérie, le progrès n'y est notable que dans le pourrissement (Mauriac, Bloc-Notes, 1958, p.260): . Ce n'est pas une de ces paix bien dessinées, qui succèdent, comme des étapes neuves de l'histoire, à des guerres clairement conclues par traité (...). Il s'agit d'un marécage où s'enlise peu à peu tout élan. On ne sent pas l'approche d'une conclusion bonne ou mauvaise. Bien au contraire. On entre peu à peu dans le pourrissement d'un provisoire qui ressemble à l'éternité.
Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p.326. Prononc.: [puʀismɑ
̃]. Étymol. et Hist.1. xves. porrissemenz des gencives (Brun de Long Borc, Cyrurgie, ms. de Salis, 78, fol. 61c ds Gdf.); 2. 1896 fig. «dégradation morale (d'une personne)» (Zola, loc. cit.); 3. 1942 «détérioration progressive d'une situation» (Saint-Exup., loc. cit.). Dér. du part. prés. de pourrir*; suff. -(e)ment1*. Bbg.Quem. DDL t.2. |