| POURCEAU, subst. masc. A.− Vx ou littér. 1. Porc. Pourceau gras, maigre (Ac.1798-1878).Garder les pourceaux. Marchand de pourceaux (Ac.).Quelques pillards, la dague au poing, couraient çà et là, et devant eux fuyaient des pourceaux épouvantés (Bertrand, Gaspard,1841, p. 147).Ils avaient allumé le feu et mis en route la cohue des pourceaux, suivis de leurs bergers (Arts et litt.,1935, p. 64-1). − Loc. verb. fig. Jeter des perles aux pourceaux. V. perle. 2. P. anal. a) Personne dont l'attitude physique ou le comportement moral ou intellectuel suscite un profond dégoût. Synon. cochon, porc.Ordre, lut-il, d'arrêter le boucher Isaac Van Heck, pour être l'assassin pendu, lui, pourceau d'Israël, entre deux pourceaux de Flandre (Bertrand, Gaspard,1841p. 78).− Meurs, infâme! Je te saignerai, pourceau, je te saignerai! au cœur! au cœur! il est éventré (Cocteau, Parents,1938, ii, 5, p. 241): Omm-Djéhâne (...) regagna paisiblement la demeure commune sous la protection des amis (...) qui la quittèrent en maudissant de tout leur cœur les ignobles pourceaux de chrétiens que la prudence les obligeait de ménager.
Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 52. b) Pourceau (d'Épicure). [P. allus. à Horace, Épîtres I, 4] Personne qui jouit des plaisirs de la vie plus que de raison. Ce fut un moyen adroit de répandre sur eux un vernis d'égoïsme et même de grossièreté, d'en faire ce qu'on appelait des pourceaux d'Épicure (Broussais, Phrénol.,1836, p. 68).Là-dessus des lecteurs me traitent de pourceau, car les pourceaux ont la réputation, qui me paraît bien usurpée, d'avoir une vie particulièrement voluptueuse (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 640). B.− P. anal., rare. Pourceau de mer. Marsouin. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [puʀso]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 purcel « cochon » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1743 ds T.-L.); b) ca 1223 respandre ses pierres precïeuses au pourcel et a la truie « montrer à quelqu'un des choses dont il est incapable de comprendre le prix; dire à quelqu'un quelque chose dont il ne sent pas la délicatesse » (Gautier de Coinci, Miracles ND, éd. V. F. Koenig, II Mir 29, 14); xiiies. jeter ses joiaus entre porciaus (L'Ordene de chevalerie, 422 ds Fabliaux, éd. E. Barbazan, t. 1, p. 75); 1535 jeter ses marguerites devant les pourceaux (H. Kunze, Die Bibelübersetzungen von Lefèvre d'Étaples und von P. R. Olivetan, pp. 87-88); pour jeter des perles devant les pourceaux, v. perle étymol. et hist.; 2. a) 1574 pourceau d'Épicure (Ronsard, Les Estoilles envoyées à Monsieur de Pibrac en Polonne, 102 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 41); b) 1679 « homme qui met son unique plaisir à manger » (Rich.); 1690 « homme gros et gras » (Fur.); 3. 1611 pourceau de mer (Cotgr.); 1845 pourceau ferré (Besch.); 1877 petit pourceau (Littré Suppl.). Du lat. porcellus, dimin. de porcus (porc*). 1 b trad. de saint Matthieu 7, 6 : « ... neque mittatis margaritas vestras ante porcos »; 2 a trad. d'Horace, qui parle d'« un porc du troupeau d'Épicure » (Epicuri de grege porcum, Épîtres, I, 4). Fréq. abs. littér. : 167. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p. 54. |