| POUILLERIE, subst. fém. A. − Familier 1. Pauvreté extrême et sordide; aspect misérable d'un lieu, de personnes. Synon. dénuement, gueuserie, indigence, misère.Le moment où j'ai le plus furieusement envie de quitter une ville, c'est celui même où je viens d'y arriver. Quelle pouillerie! quelle misère! quels à peu près! quelles médiocres «promesses de bonheur»! (Gide, Journal, 1929, p.905).J'avais craint pour les bâtiments du port; au contraire, l'effort a été fait dans le bon sens. Et la pouillerie a diminué dans la proportion de 75 pour cent (Larbaud,Journal, 1932, p.265). − ,,Avarice, lésinerie honteuse`` (Ac. 1935). 2. P. méton. a) Vx. Lieu où l'on déposait les habits des malades pauvres dans un hôpital. (Dict. xixes.). b) Lieu ou objet misérable, sordide. Alors éclatait la «zone», le grand camp de la misère qui, de partout, investit la ville illustre et magnifique (...) à chaque voyage, (...) il me fallait, au gré du tramway brimbaleur, traverser toute cette pouillerie (Duhamel,Terre promise, 1934, p.37). B. − Littér. Ensemble de personnes très pauvres ou très malpropres. Parfois, Jacqueline (...) allait elle-même jusqu'au portail et faisait passer son regard bleu, rapidement, sur toute cette pouillerie. Le nombre des mendiants augmentait de semaine en semaine (Druon,Gdes fam., t.2, 1948, p.214): . C'était une débâcle de galopins mal mouchés et de gamines pouilleuses. (...) est-ce que Mademoiselle songe à introduire toute cette pouillerie ici?... C'est une riche idée, si vous voulez trouver des bêtes dans votre soupe.
Zola,Joie de vivre, 1884, p.1002. REM. 1. Pouillasserie, subst. fém.,hapax, synon. (supra A 1).Des manèges de chevaux de bois (...) sur les places encombrées de statues en redingote; je ne sais quelle pouillasserie de ville du moyen âge (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.650). 2. Pouille, subst. fém.,pop., rare. Misère. Synon. pop. débine, mélasse, poisse.Après avoir traîné la pouille pendant quelque temps, mon père finit par adopter un métier, le travail de la cire (Queneau,Pierrot, 1942, p.64). Prononc. et Orth.: [pujʀi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1376 «nid de poux, gens pleins de poux» (Modus et Ratio, 117, 28, 35 ds T.-L., s.v. pëoillerie); 2. 1587 «état de pouilleux» (Cholières, Apresdisnees, OEuvres, éd. E. Tricotel et D. Jouaust, t.2, p.100); 3. 1680 «lieu de l'hôpital où l'on met les habits des pauvres» (Rich.); 4. 1694 (Ac.: Pouillerie. Vilaine et pauvre habitation). Dér. de l'anc. forme de pou*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 14. |