| POUF1, interj., adj. et subst. masc. I.− Interj. [Onomat. qui évoque] A.− [le bruit sourd produit par un choc, la chute d'un corps] Je lui passe [à l'enfant] sa culotte, et je le mets sur ses jambes! Pouf! il tombe! (...) Je me précipite; je le relève... Pouf! il tombe une seconde fois. Étonnée, je le relève encore... Pouf! par terre (Courteline, Vie mén.,Pt malade, 1891, p. 148).Il se penche pour regarder sa ligne − et pouf − un homme à la mer! (Pagnol, Fanny,1932, I, 1ertabl., 14, p. 59).Si tu disais tant soit peu fort « Maître Antoine », tu entendrais bouger la forêt. Tu verrais entrer ici les vieux rouvres avec leurs grands pieds de racines (...). Ils viendraient : pouf, pouf, pouf, avec toute cette grosseur qu'ils ont (Giono, Lanceurs graines,1943, II, 14, p. 164). − Faire pouf ♦ Produire un bruit sourd. Il semble que le sang cesse de circuler et se porte sur le cœur, qui fait pouf, pouf, à grands coups (E. de Guérin, Journal,1838, p. 190).Cette chambre-ci est très sourde (...). C'est une cave (...). Ici le canon ferait boum et le tonnerre ferait pouf (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 950).Si tu descends de cette console, ne fais pas « pouf » exprès, en tombant (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 80). ♦ Lang. enf. Tomber. Synon. faire boum*, poum. − Pif! Paf! Pouf! V. grêler A 1 ex. de Cladel. B.− [le bruit produit par un souffle court et gêné] Vous vouliez donc vous laisser mourir de faim tous deux? Ah! ah! ah! pouf!... Ah! ah!... (...) Peltier, plié en deux, se tenait les genoux à force de rire (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 448). C.− P. ext. [Sans idée de bruit] 1. [Sert à marquer la soudaineté d'une action] Je la bus ma bouteille (...). Cristi! je l'ai eu jusqu'à deux heures du matin, ce casque à mèche en jus de raisin. Et puis pouf, je m'endors (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Trou, 1886, p. 577).On part en bande, on croit marcher du même pas : pouf! à peine au premier kilomètre, le groupe est égrené (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 16). 2. [Répété, évoque la production de petites bouffées de poussière, de fumée] V. autant ex. 15. − Empl. subst. Il reprend une cigarette, et de nouveau de lents et rares pouf-pouf de fumée se traînent à mi-plafond (Queneau, Pierrot,1942, p. 56). II.− Adj., gén. inv. [En parlant d'une pierre, grès ou marbre surtout] Qui rend un son sourd et se désagrège lorsqu'on le frappe. Le marbre que fournit généralement le dépôt de l'île des Cygnes est un marbre qu'il appelle un marbre pouf, un marbre sans la sonorité du métal, un marbre friable et dont on ne peut rien faire (Goncourt, Journal,1889, p. 1090).Les pierres sont dites moulinées ou poufes lorsqu'elles sont graveleuses et s'égrènent à l'humidité. C'est un défaut particulier à quelques pierres tendres, notamment à la lambourde (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 92).V. paf1B, pif1B. III.− Subst. masc., pop., fam., vieilli A.− Dette qui reste impayée. Quand on lui fermait un crédit dans une maison, elle en ouvrait un autre dans la maison d'à côté. Elle brûlait le quartier, elle avait des poufs tous les dix pas (Zola, Assommoir,1877, p. 644).Faute d'avoir pu payer ces sommes dérisoires, et n'étant pas un homme à pouf, même provisoire, ni à plongeon, je n'ai pu entrer à l'hospice (Verlaine, Corresp.,t. 2, 1887, p. 117). − Faire (un) pouf. Disparaître sans payer ses dettes. Il y a une douzaine de traiteurs chez lesquels il allait dîner pendant un mois à crédit, et puis bien le bonjour! dès qu'on lui demandait de l'argent, ce monsieur faisait ce qu'on appelle un pouf; il ne revenait plus (Kock, Ni jamais,1835, p. 235). − À pouf. Sans payer, pour rien (d'apr. Esn. 1966). B.− Banqueroute, faillite. Il gagne un argent énorme. Tout en augmentant ses dépenses d'une façon si disproportionnée qu'un « pouf » formidable engloutit en peu de mois photographe et photographie (A. Daudet, Nabab,1877, p. 166).Tu sais ce qu'on raconte en Bourse? Que Ténédos a fait un pouf formidable, ces jours derniers et entraîné avec lui une bonne partie de la galette de Vervisse (L. Daudet, Amour songe,1920, p. 240). Prononc. et Orth. : [puf]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. A. 1. 1458, 8 janv. pouf! (cri) (Reg. de la Loi, 1442-1458, Bans a tousjours, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 2. 1648 venir faire pouf à qqn « tomber » (Scarron, Virgile Travesti ds Richardson); 3. 1723 ober (= faire) pouff « partir sans payer » (bret. d'apr. Esn.); 1833, empl. subst. « catastrophe financière » (Vidal ds Larch. 1861); 4. 1790 à pouf « pour rien » (Le Véritable Père Duchêne ds Brunot t. 10, p. 222). B. Adj. 1676 « se dit d'une pierre qui s'égrène sous l'outil » (Félibien). Onomatopée. |