| POUDRE, subst. fém. A.− Vieilli 1. Poussière du sol. Le convoi de camions (...) soulève à mesure, en passant, l'épais tapis de poudre blanche qui ouate le sol, et nous le jette à la volée sur les épaules! (Barbusse, Feu,1916, p. 72): 1. ... le vent du matin soulevait seul la poudre ondoyante des chemins, et faisait un moment l'illusion d'une caravane; mais quand la bouffée de vent avait passé (...) la poussière retombait, le désert apparaissait de nouveau...
Lamart., Destinées poés.,1834, p. 390. − Expr. fig. ♦ Jeter de la poudre aux yeux. Chercher à éblouir autrui par un éclat souvent illusoire. Mme Gay n'a pas un sou vaillant (...) elle vit en faisant des dettes (...) elle jette de la poudre aux yeux des gens de la société, en affichant un luxe insolent (Délécluze, Journal,1825, p. 262).Le banquier Jeannin était (...) un peu vaniteux. Il aimait jeter de la poudre aux yeux, et confondait volontiers « être » avec « paraître ». Il dépensait beaucoup, à tort et à travers (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 847): 2. Quand j'ai mes savates, mon mouchoir rouge autour de la tête et mon jupon, le matin, on dit : «Voici l'ancienne cantinière de la 13elégère! » et quand j'ai mes breloques, je suis Madame la capitaine; je pourrais passer pour une ci-devant (...). Ah! que les gens sont bêtes! Ils veulent toujours qu'on leur jette de la poudre aux yeux.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 462. En appos. avec valeur d'adj. Opération poudre-aux-yeux. Opération qui cherche à faire impression en faisant illusion. En tout, 300 000 emplois dénichés depuis le mois de juin (...). Opération poudre-aux-yeux, comme l'affirment les syndicats, ou premiers résultats de la campagne menée tambour battant depuis l'été par le patronat et le gouvernement? (Le Point,17 oct. 1977, p. 66, col. 1).♦ Vx. [P. allus. à la Bible (Gen. III, 19) : Vous êtes poudre, vous retournerez en poudre] Dieux prononce la sentence : « Homme! Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front (...) sorti de la poudre, tu retourneras en poudre » (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 289). 2. P. ext. Poussière. Les manuscrits antiques ensevelis dans la poudre des monastères (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 527). − Expr. (au propre et au fig.), vieilli ♦ Mordre la poudre. [Le suj. désigne une pers.] Tomber de tout son long et, au fig., essuyer une défaite, un échec. Synon. usuel mordre la poussière (v. mordre I A 1 b).Phalaris mord la poudre, et Gygès chancelant A peine à se traîner sur un genou sanglant (Delille, Énéide,t. 3, 1804, p. 273). ♦ S'en aller, tomber en poudre. [Le suj. désigne une chose] Tomber en poussière et, au fig., disparaître. Le vieux monde pourri était tombé en poudre, une humanité jeune, purgée de ses crimes, ne formait plus qu'un seul peuple de travailleurs (Zola, Germinal,1885, p. 1278): 3. J'ai passé une nuit aux pieds du colosse de Memnon (...) il est couvert d'inscriptions; les inscriptions et les merdes d'oiseaux, voilà les deux seules choses sur les ruines d'Égypte qui indiquent la vie. La pierre la plus rongée n'a pas un brin d'herbe. Ça tombe en poudre comme une momie, voilà tout.
Flaub., Corresp.,1850, p. 204. B.− 1. Substance pulvérulente. Elle a soufflé sur sa gaufre et j'ai été couvert de poudre blanche (Cocteau, Théâtre poche,1949, p. 136). 2. Substance rendue pulvérulente par broyage ou pulvérisation. Poudre fine, impalpable. La craie pure ou blanc d'Espagne, qu'on trouve partout, n'est faite que de coquilles en poudre (Michelet, Insecte,1857, p. 31).Le blé qu'on vanne vole en poudre hors du van (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, 39): 4. Ils réussissent dans la guérison des coups de feu (...). Leur méthode est de réduire une racine en poudre, et de la souffler dans les plaies; et avec une autre poudre, quand il en est tems, ils les font sécher et cicatriser.
Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 85. − En partic. ♦ Poudre (à écrire, à sécher). Corps pulvérulent que l'on employait pour sécher l'encre sur le papier. J'écrivais une poésie (...). Du temps que la feuille sèche, n'ayant pas de poudre, je passe ici (E. de Guérin, Journal,1839, p. 314): 5. Je t'apporterai mon presse-papier et deux petites salières en émail dans lesquelles je mets de la poudre et des pains à cacheter. Ça a le mérite d'avoir passé de longs jours sur ma table.
Flaub., Corresp.,1846, p. 351. ♦ Poudre à éternuer. V. éternuer A 1 c. ♦ Poudre de tabac, tabac en poudre. Tabac présenté sous forme pulvérulente et destiné à être prisé. Partout il constatait de la cendre écrasée de cigarette, de la poudre de tabac (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 237): 6. ... ils nous ont expliqué clairement que leurs pipes venaient de l'île qui est au sud, sans doute du Japon. Notre exemple ne put les engager à respirer du tabac en poudre; et c'eût été leur rendre un mauvais service, que de les accoutumer à un nouveau besoin.
Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 44. ♦ P. plaisant. Poudre de perlimpinpin*. − Expr. (au propre et au fig.). Mettre, réduire en poudre (qqc. ou qqn). Détruire quelque chose, anéantir quelqu'un. Le ver, avec sa tarière, réduisit en poudre les troncs noueux des chênes renversés par les vents (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 259).L'Église (...) occupait alors la place la plus privilégiée et la plus forte dans cette vieille société qu'il s'agissait de réduire en poudre (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 64).À cause d'une femme, la bête d'Argos a mis la ville en poudre (Claudel, Agamemnon,1896, p. 886). − Spécialement a) Dans le domaine ménager.Produits d'entretien, lessive en poudre; poudre à récurer; poudre antiparasite, insecticide. Dans les villes [de Hollande], j'ai vu des marchands parcourir les rues et vendre aux ménagères toutes les poudres et tous les liquides en usage pour le polissage et le nettoiement (Du Camp, Hollande,1859, p. 152).J'ai vu, dans une savonnerie italienne, des femmes dont la tâche consistait à (...) transporter (...) des caisses de savon en poudre qui pesaient quarante kilos (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 370): 7. − Je ne sais quel banquier richissime, raconte Guitry, entre chez un herboriste. Il dit : « Avez-vous de la poudre à punaises? − Oui, Monsieur. − Donnez-m'en pour quatre sous. − Dans un cornet? − Non! Ici », dit le banquier en ouvrant d'un doigt son col de chemise.
Renard, Journal,1900, p. 594. b) ALIM. Café, chocolat, lait en poudre; poudre de lait, d'œufs. Emma (...) n'avait jamais vu de grenades ni mangé d'ananas. Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu'ailleurs (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 56).J'ai tenté un cacao qui a mal tourné. La poudre ne s'est pas diluée (...). Fallait-il attendre pour verser la poudre que le lait ait bouilli complètement? (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 18). c) COSMÉTOLOGIE
α) Poudre (à cheveux, à perruque). Amidon pulvérisé et parfumé que l'on utilisait au xviiies. sur les cheveux ou les perruques. Sac à poudre. L'usage de la poudre amena, dans la coiffure des hommes et des femmes, des changements innombrables (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 276).En 1759 ou 1760... j'étais un « visage de plâtre » comme on surnommait alors les jeunes officiers à cause de la poudre de nos perruques qui nous inondait la figure et les épaules (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 349). ♦ Expr., vieilli. Un œil de poudre. V.
œil IV B 2.
β) Poudre (de riz). Substance pulvérulente parfumée et colorée utilisée sur la peau comme fard. Poudre compacte, libre; boîte, houppe à poudre; se mettre de la poudre, un nuage de poudre. Ma grand'mère (...) le trouva un jour installé dans son cabinet de toilette, le nez sur une boîte de poudre d'iris qu'il respirait d'un air sérieux et recueilli (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 276).La blanche fiancée, barbouillée de poudre de riz comme un goujon avant la friture, piétinait d'impatience (About, Nez notaire,1862, p. 202): 8. Mademoiselle Vergne (...) avait pris à chacun des magasins de luxe qui entouraient le ministère sa spécialité la moins coûteuse, à Coty le parfum réclame, à Orsay le dernier rouge, à Rigaud la poudre à 3,25.
Giraudoux, Bella,1926, p. 195. ♦ [En appos. avec valeur d'adj. ou comme 2eélém. d'un mot comp.] Un fard-poudre rouge sculpte la pommette (Elle,6 déc. 1976, p. 119, col. 2).Fond de teint poudre. Il associe les caractéristiques du fond de teint et de la poudre (Elle,10 nov. 1980, p. 94, col. 1). d) JOAILL. Poudre de diamants. Poussière qui provient de la taille des diamants, ou du broyage de diamants sans valeur, et sert à la taille des pierres précieuses. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Poudre d'or. Or natif en parcelles très fines. Poudre d'or de Guinée (Littré). C'est là, sur cette côte d'Oman et de Bahrain (...) que venaient se vendre les aromates et les pierres précieuses de Ceylan (...), la poudre d'or et l'ivoire d'Afrique (Volney, Ruines,1791, p. 36).Je ne me crus tranquille qu'après avoir (...) réalisé ma poudre d'or en valeurs commerciales (Balzac, Facino Cane,1836, p. 384). e) MAT. PLAST. Poudre à mouler. Résine synthétique destinée au moulage et se présentant sous forme pulvérulente ou granuleuse ou encore sous forme de granulés, petits cubes, perles... (d'apr. Delorme 1962). f) PHARM. Composition obtenue par pulvérisation de substances animales, végétales, ou chimiques, présentée sous cette forme ou sous forme de cachets, comprimés, granulés. Poudre de charbon, de digitaline, de talc; poudre dentifrice, épilatoire, purgative. C'était un bateleur dentiste en tournée, qui offrait au public des râteliers complets, des opiats, des poudres et des élixirs (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 228).[Les dirigeants de la secte « Moon »] donnent des tranquillisants, notamment aux garçons pour calmer leur sexualité. Et du ginseng, dont Moon a le monopole de l'importation en France. C'est une sorte de poudre très vitalisante à petites doses, qui fait briller les yeux (L'Express,26 janv. 1976, p. 58, col. 3): 9. Mes poudres? ... Eh bien, ma très-honorée dame, ce sont tout simplement des poudres homéopathiques (...) d'innocentes poudres homéopathiques, et d'après le dosage des plus célèbres maîtres de Paris et de Londres...
Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 250. ♦ Poudre sympathique*, poudre de sympathie*. ♦ En partic. [En parlant de poisons, de drogues] Le duc d'Orléans, après avoir tâché de corrompre la foi de deux nobles serviteurs du Roi, en trouva deux autres moins fidèles qui composèrent une poudre empoisonnée (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 40).[P. allus. hist.] Poudre de succession. [Nom donné à l'arsenic par une célèbre empoisonneuse du xviies., La Voisin] Pouancé, mon docteur, capable de poudre de succession s'il devait hériter, mais d'un savoir cosmétique merveilleux! (Péladan, Vice supr.,1884, p. 166).TOXICOL. Héroïne. Qui dit poudre dit embrouilles. Dans ce milieu là, on se balance les uns les autres. Et puis c'est une autre culture, trop morbide. Il n'y aura jamais d'héroïne à Barbès, rien que des herbes à fumer (Actuel,oct. 1981, p. 155, col. 1). 3. Substance pulvérulente explosive utilisée pour le lancement d'un projectile par une arme à feu ou pour provoquer une explosion. Fabrique de poudre; baril à poudre, tonneau de poudre; faire détoner, exploser la poudre; traînée de poudre; odeur de la poudre; poudre à tirer; poudre à la nitroglycérine. Des convois de poudre, de boulets en route, tout blancs de givre (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 69).Comment, sans poudre et avec des instruments imparfaits, désagréger ces roches? (Verne, Île myst.,1874, p. 154): 10. ... l'arme, avec une poire à poudre, de la grenaille et des capsules dans une boîte en fer-blanc, car c'était un vieux fusil à chien...
Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 83. ♦ Service des Poudres ou absol. Les Poudres. Service relevant du Ministère des Armées, chargé de l'étude et de la fabrication des poudres et des explosifs non monopolisés. Le CEA aborda dès 1952 l'étude de la séparation isotopique de l'uranium dont les premiers travaux furent confiés au service des Poudres (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 118). ♦ [P. allus. hist.] Conspiration des Poudres. Conspiration tramée en Angleterre, en 1603, par des catholiques contre le Roi et le Parlement. La veille, selon une coutume invariable depuis la catholique conspiration des Poudres (...), une délégation du Parlement entourée des soldats de la Tour, hallebarde au bras et lanterne à la main, est descendue inspecter les caves pour s'assurer que nul n'a la pensée de faire sauter le Roi (Morand, Londres,1933, p. 225). − En partic. ♦ Coton-poudre*. ♦ Poudre à canon. V. canon1B 1 a. ♦ Poudre blanche. ,,Explosif formé de sucre, chlorate de potassium et ferrocyanure de potassium`` (Duval 1959). V. aussi poudre noire, infra ex. de Genevoix. ♦ Poudre de chasse, poudre à giboyer, à tirer (vx). Poudre noire fine destinée aux munitions pour armes de chasse. Poudre de chasse fine, extra-fine, superfine. On mêlait de la poudre de chasse au tabac du vieux, on versait des drogues dans sa carafe d'eau (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hérit., 1884, p. 468). ♦ Poudre (noire). Mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois. J'ai (...) des cartouches à pleine charge dont la poudre blanche claque raide, autrement sec et gai que la poudre noire des anciens et son gros tonnerre enfumé (Genevoix, Raboliot,1925, p. 142). ♦ Poudre propulsive ou balistique. V. propulsif I B. ♦ Poudre pyroxylée, colloïdale, poudre sans fumée. Poudre à base de nitrocellulose (d'apr. Pyrotechnie 1972). − P. ext. Combustible solide utilisé pour la propulsion d'un moteur-fusée. (Dict. xxes.). − Expr. fig. ♦ Cela sent la poudre, (il y a) de la poudre dans l'air. (Il y a) des menaces de conflit, d'incident. J'ai observé la figure de la Colomba aujourd'hui. Elle a quelque chose dans la tête. Je sens de la poudre en l'air (Mérimée, Colomba,1840, p. 72). ♦ Être vif comme la poudre. Être d'une grande vivacité. Ce jeune homme me plaît. Vif comme la poudre, prompt comme son épée, emporté, même un peu colère, mais loyal et franc comme l'or! (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 240).Un capitaine de zouaves amputé de la jambe, vif comme la poudre et affligé de philantropie (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 68).C'est la poudre. C'est une personne très vive. Le marquis : Eh bien, est-ce pour aujourd'hui? Gargaret : Descendez toujours... je vous rejoins... (Seul). Ce marquis est d'une vivacité!... c'est la poudre! (Labiche, Doit-on le dire?1873, i, 9, p. 25). ♦ Faire parler la poudre. Utiliser les armes à feu. Partout on donnait à Tartarin des fêtes splendides (...), des fantasias... en son honneur, des goums entiers faisaient parler la poudre et luire leurs burnous au soleil (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 120).Tout ce qui a une arme se met à tirer à l'envi (...). Les hommes des forces de l'intérieur font, de toutes parts, parler la poudre (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 314). ♦ Mettre le feu aux poudres. V. feu1I A 1. ♦ N'avoir pas inventé la poudre. V. inventer A 1. ♦ Prendre la poudre d'escampette*. ♦ Se répandre comme une traînée* de poudre. ♦ Tenir sa poudre sèche. Se préparer à toute éventualité, être vigilant. Souhaitons que les manifestations de l'opinion publique, déjà si claires, s'accentuent. Ayons confiance en Dieu, et tenons notre poudre sèche (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 500). ♦ (Jeter, tirer, user sa) poudre aux moineaux. (Faire des) efforts inutiles. La vie se passait en discussions oiseuses. C'était un fracas de mots vides, de poudre aux moineaux (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 36).De deux choses l'une : ou votre caricature de révolution (...), qui jette sa poudre aux moineaux (...), réussira... (Arnoux, Roi,1956, p. 67). REM. 1. Poudrederisé, poudrederizé, -ée, adj.Qui a l'aspect de la poudre de riz; qui est couvert de poudre de riz. Elle était (...) vêtue d'une robe de soie verte qui laissait passer (...) ses bras énormes et son énorme gorge, d'un rose rouge poudrederizé (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Soirée, 1887, p. 587).La première apparition d'Artémis, sortant de sa tente en sa blancheur poudrederizée, a le charme sculptural d'un Bernin (Levinson, Danse,1924, p. 20).Au fig. Il ne faut (...) point considérer l'ancien jeu français « comme un jeu perpétuellement musqué, poudrederisé, minuscule » (La Laurencie, Éc. fr. violon,1924, p. 117). 2. Poudrerizer, verbe trans.Recouvrir de poussière. De la brise parfois poudrerizait Les joues... (La Varende, Tourmente,1948, p. 84). 3. Poudrerisé, poudrerizé, -ée, adj.[En parlant d'une pers. ou d'une partie de son corps] Couvert de poudre de riz. Nez poudrerisé. Baron de Louis-Philippe autrefois haut coté, À force de baiser des mains poudrerizées (Lorrain, Modern.,1885, p. 102).Femmes voilées et poudrerisées (Gyp, Raté,1891, p. 18).Du temps de ma jeunesse c'était une odeur [la poudre de riz] qui me faisait rêver au point d'en rester debout, pétrifié et abruti. Souvent, j'embrassais sa joue poudrerizée et je me mettais en même temps à renifler si fort que ma mère se mettait à rire nerveusement (Giono, Chron.,Noé, 1947, p. 166). 4. Poudrure, subst. fém.,littér. Fine poudre. Des roues de moulin noires battant l'eau claire et faisant au soleil de la poudrure en verre (Jammes, De l'angélus,1898, p. 43). Prononc. et Orth. : [pu:dʀ
̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1100 « poussière » puldre (Roland, éd. J. Bédier, 3633); 1559 ietter la poudre en l'œil à (qqn) « l'emporter sur » (Amyot, Cicéron, 30 ds Littré); 2. a) 1180-90 « substance finement broyée et pilée » (Roman d'Alexandre, br. III, 3648 ds Elliott Monographs, II, 225); b) xiiies. pharm. (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 102); c) 1328 « amidon ou riz pulvérisé dont on se sert pour la toilette » (Inventaire de Clémence de Hongrie ds Gay); 1845 poudre de riz (Le Moniteur de la mode, 30 nov. ds Quem. DDL t. 16); d) 1556 « sable dont on saupoudre l'écriture pour la sécher » (Bibl. nat., ms. français 10406, fol. 17 ds Gay); spéc.
α) 1380 pouldre de duc « sorte d'épice » (Eustache Deschamps, Le Miroir de mariage, 1383, éd. G. Raynaud, IX, 48);
β) 1606 poudre de diamant (trad. de Folengo, Merlin Coccaie, 1. ii, -i, 47- ds Hug., s.v. diamant);
γ) 1694 poudre d'or (Ac.); 3. a) 1361 « mélange explosif dont on charge les armes à feu » pourre (Garnier, L'Artillerie de la commune de Dijon, p. 5 à 7 ds Gay); 1417 poudre de quanons (Id., ibid.); 1690 sentir la poudre à canon (Fur.); b) 1660 poudre de plomb « petit plomb de forme ronde qui sert à tirer les petits oiseaux » (Oudin Fr.-Esp.); c) 1690 poudre fulminante « poudre qui détonne par le choc » (Fur., s.v. fulminant). Du lat. pulverem (cf. aussi FEW t. 9, p. 572b, note 62), accus. de pulvis, pulveris « poussière »; pour la concurrence entre poudre et poussière*, v. Bl.-W.5, FEW t. 9, pp. 570-571 et A. Stefenelli, Geschichte..., notamment p. 201. Fréq. abs. littér. : 1 886. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 626, b) 4 318; xxes. : a) 2 381, b) 2 029. Bbg. Quem. DDL t. 5 (s.v. poudrederizé). |