| POUBELLE, subst. fém. A. − 1. Récipient muni d'un couvercle et d'une anse ou de poignées, en tôle ou le plus souvent en matière plastique, destiné aux ordures ménagères d'un bâtiment, immeuble ou maison. Synon. boîte, caisse, sac, seau à/aux ordures (vieilli, v. ordure).Descendre, déposer la poubelle sur le trottoir; ramasser, rentrer, vider la/les poubelle(s); jeter, mettre qqc. à la poubelle; fouiller, faire les poubelles; bruit de poubelles remuées. Quelques poubelles heurtées, quelques roulements de camions-dépotoirs, voilà la musique ordurière de l'aurore dans une ville (Arnoux,Gentilsh. ceinture, 1928, p.126).Dans deux grosses poubelles non encore ramassées par les boueux, il aperçut des brimborions brisés (Queneau,Pierrot, 1942, p.220). ♦ P. anal. Lieu sale. Le journal Beaux-Arts a dénoncé dernièrement l'état de saleté scandaleux où se trouve Aigues-Mortes devenue une immense poubelle (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p.169).En particulier, qu'adviendra-t-il des déchets qui, venant de la France et de l'étranger, s'entassent dans cette usine de La Hague, et en font la poubelle nucléaire de l'Europe? (Le Point, 27 sept. 1976, p.105, col. 1). − En compos. Sac(-)poubelle. Poche en plastique souple destinée à garnir l'intérieur d'une poubelle ou à la remplacer, à emballer les ordures à ramasser. Sacs-poubelle contenance 10 litres. Depuis lundi matin, une équipe de l'Office d'HLM débarrasse d'énormes sacs poubelles bourrés de détritus de toutes sortes (L'Est Républicain, 24 nov. 1983, p.19). − Loc. verb., fam. Jeter (qqc.) à/dans la poubelle. Se débarrasser de quelque chose. C'est pour moi une véritable souffrance de songer à cette énorme masse qui se couvre d'imprimerie pour un jour, qu'on jette ensuite dans la poubelle (Gide,Corresp.[avec Claudel], 1905, p.60). ♦ Au fig. Jeter, mettre, porter à la poubelle. Rejeter avec mépris. Synon. mettre au panier*, mettre au rebut*.C'est bon à jeter à la poubelle. Que tout craque une bonne fois, qu'on la porte à la poubelle, cette République. Une honte. Plus que ça irait mal et mieux que ça vaudrait (Aragon,Beaux quart., 1936, p.88).Pensait-il que je pouvais le jeter à la poubelle ce corps qu'il venait de me donner? (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.318). 2. Boîte à ordures individuelle, de forme, de matière et de couleur variées, utilisée dans un appartement pour toutes sortes de déchets. Poubelle de cuisine, de salle de bains, à pédale; poubelle encastrée; nettoyer, vider la poubelle. L'évier de préparation, avec son robinet; au-dessous, la poubelle pour les déchets de légumes (Lar. mén.1926, p.472).P. métaph. L'esprit n'est pas une poubelle à vérités. L'ordre des vérités, et la manière de les connaître, importent beaucoup (Alain,Propos, 1914, p.181). ♦ Poubelle de table. Récipient utilisé pour recueillir les déchets des assiettes sur une table. B. − Au fig. Ensemble de choses rejetées, méprisées. Les poubelles de l'histoire. Tes grands-parents croquent allégrement l'énorme fortune que leur a laissée ton arrière-grand-père le banquier, qui, lui-même, l'avait ramassée dans toutes les poubelles du Second Empire (H. Bazin,Vipère, 1948, p.220).Je conseille (...) de se mettre en état de grâce [pour lire La Princesse de Clèves], de se vider d'une poubelle produite par les innombrables détritus de la radio et des magazines (Cocteau,Poés. crit. I, 1959, p.268): . Sa publication devint le dépotoir de ce qu'une défaite laisse de rancune entre les associés vaincus (...). Diverses personnes toutefois hésitaient à livrer gratuitement leurs poubelles.
Barrès,Appel soldat, 1900, p.501. Prononc.: [pubεl]. Étymol. et Hist. 1890 (Lar. 19eSuppl.). Empl. comme nom commun du nom du préfet de la Seine E. R. Poubelle [1831-1907], qui imposa l'usage de cette boîte à ordures d'immeuble en 1884. Fréq. abs. littér.: 76. Bbg. Migl. Nome propr. 1968 [1927], p.96, 193. |