| POT(-)AU(-)FEU,(POT AU FEU, POT-AU-FEU) subst. masc. inv. A. − ART CULIN. 1. Vx. Mets chaud composé de viande et de légumes bouillis à la marmite. Leur imagination est continuellement fixée sur l'idée d'un pot-au-feu qui bout tous les jours (Delécluze, Journal,1827, p. 437). 2. En partic. a) Potage chaud composé de viande(s), le plus souvent de boeuf, bouillie(s) longtemps à petit feu avec des légumes (notamment carottes, poireaux, navets, oignons, céleri), des aromates et parfois un os à moelle. Faire cuire, mijoter, mitonner un pot-au-feu; écumer le pot-au-feu; bouillon de pot-au-feu. Son imagination est toujours à bouillonner et les idées y dansent comme les navets et les pommes de terre dans un pot au feu (Claudel, Endormie,1883, p. 8).De quoi vivaient ces gens? (...) de bouillons arrachés les uns après les autres à d'inépuisables pot-au-feu (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., iii, p.78): . −Monsieur (...) est-ce que vous ne mettrez pas une ou deux fois le pot-au-feu par semaine (...)? −Oui. −Faudra que j'aille à la boucherie. −Pas du tout; tu nous feras du bouillon de volaille...
Balzac, E. Grandet,1834, p. 89. − Absol. Légumes du pot (Ac.1935).V. pot1I C. b) P. méton.
α) Pièce de boeuf à bouillir (macreuse, côte, gîte) servant à faire ce mets; vx, quantité de viande nécessaire à ce mets. Acheter un pot-au-feu de trois livres, trois livres de pot-au-feu; manger du pot-au-feu. Un matin que la vieille servante rapportait un pot-au-feu, elle pleura, elle dit que le boucher lui passait les bas morceaux (Zola, Dr Pascal,1893, p. 246).
β) Vieilli. Récipient destiné à faire cuire ce mets. En fonte, en terre, en grès, en porcelaine, en aluminium, en étain, que de marmites, de poêles, de pot-au-feu (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 77). − Expr., fam. ♦ On n'en mettra pas plus grand pot-au-feu (vx). On ne fera pas plus de frais, de cérémonie pour cela. (Ds Ac. 1835, 1878). ♦ On n'y trouve ni pot-au-feu, ni écuelle lavée (vx). Le ménage vit dans un grand désordre. (Ds Littré). B. − Empl. adj., au fig., fam., parfois péj. 1. [En parlant d'une pers.] Qui est trop occupé aux affaires de son ménage, qui aime rester confiné au foyer. Synon. casanier, pantouflard (fam.), popote (fam.).Mari, femme pot-au-feu; être très pot-au-feu. −De la rancune, pourquoi? Parce que vous êtes pot-au-feu? Elle s'éloigna. Il n'essaya pas de la retenir (Estaunié, Empreinte,1896, p. 210). 2. Plus rare. [En parlant d'une chose] Terre à terre, qui manque d'élévation spirituelle, de raffinement. Synon. prosaïque.L'ennui profond que m'inspirent les conversations purement pot-au-feu (Amiel, Journal,1866, p. 536).Qu'est-ce que notre bonheur pot-au-feu près du vôtre! (Renard, Journal,1903, p. 870). Prononc. et Orth.: [pɔtofø], [po-]. Att. ds Ac. dep. 1798. Prop. Catach-Golf. v. pot1. Étymol. et Hist. 1. a) 1673 métaph. culinaire (Sévigné, Lettre du 10 oct. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p.597); b) 1798 (Ac. on dit, pot-au-feu, en parlant de la viande destinée à être mise dans le pot); 2. a) 1762 adj. Milords pot-au-feû «dupes» (Chevrier, L'Observateur des Spectacles, no1 [I, 37] ds Fr. mod. t. 37 1969, p. 122); b) 1840 «attaché à son ménage» (Balzac, Prince Bohême, p. 376). Comp. de pot1, de au (art. déf. contracté, v. à1) et de feu1*. Fréq. abs. littér.: 128. Bbg. Quem. DDL t. 6, 10. _Roques (G.). Vingt nouv. dat. de mots... Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1972, t. 10, no1, p. 138. |