| POSTICHE1, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − Vx. ,,Fait et ajouté après coup`` (Ac. 1798-1935). Synon. rapporté.Ornements postiches. C'est surtout dans l'ornementation que l'on rencontre une multitude d'inventions postiches, de formes parasites qui ne tiennent en rien au système d'ordonnance du reste de l'édifice (Chabat1881). − P. anal., dans le vocab. de la crit. artist. Qui apparaît comme un élément artificiellement ajouté à une oeuvre. Je sors d'OEdipe (...). Cette tragédie a de grandes beautés, mais (...) l'exposition est postiche (Stendhal, Journal,1804, p.88).On a dit que l'amour était de surcroît, et postiche, dans cette pièce politique. Quelle étrange erreur! Il est très exactement un des éléments de l'action (Brasillach, Corneille,1938, p.402). B. − Vieilli 1. Qui n'a que l'apparence de quelque chose. Synon. faux (antéposé), simulé.Ils se souviennent du procédé de Potemkin, et des villages postiches dont il sema l'itinéraire de Catherine de Russie (Reybaud, J. Paturot,1842, p.437).La prieure lui avait dit d'amener son frère le lendemain soir, après l'enterrement postiche au cimetière (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.649). 2. Au fig. [En parlant d'une qualité, d'un sentiment] Qui est feint ou affecté. Synon. artificiel, simulé, factice, faux (antéposé).Son faux dédain de la vie et sa misanthropie postiche (Balzac, Muse départ.,1844, p.99).Mmede Cambremer, dont la culture toute postiche s'appliquait exclusivement à la philosophie idéaliste, à la peinture impressionniste et à la musique de Debussy (Proust, Sodome,1922, p.944): . Moi, je peux arriver à me faire une sorte de sincérité postiche, c'est-à-dire à discuter par exemple très sérieusement sur les vitesses d'auto, ou sur les agréments respectifs de tel ou tel point de vue.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.249. 3. Rare. [En parlant d'une pers. désignée par son statut ou sa fonction] Qui se présente (mensongèrement) comme ayant tel statut ou telle fonction. Toute cette racaille de noblesse postiche qui vit, comme le romantisme de M. de Marchangy, sur la sempiternelle poésie des tourelles (Flaub., Champs et grèves,1848, p.172). − ARM., vx. Caporal, grenadier postiche. Simple soldat servant momentanément comme caporal, comme grenadier. (Ds Ac.; dict. xixes.). C. − [En parlant d'une partie du corps] Qui remplace ce qui fait défaut, naturellement ou à la suite d'un accident. Synon. artificiel, faux (antéposé).Barbe postiche; seins postiches. Qu'importe en effet qu'on puisse passer pour beau, pour jeune, avec du fard et des cheveux ou des dents postiches (Maine de Biran, Journal,1818, p.133).La Noue, surnommé Bras de Fer, à cause d'un bras postiche par lequel il avait remplacé celui qu'il avait perdu dans un combat (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p.222). D. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ne pas savoir admirer l'économie, la suppression de l'inutile, autant que l'on eût fait la fantaisie, le postiche et le gratuit (Gide, Journal,1902, p.125). II. − Subst. masc. Montage de cheveux, artificiels ou naturels, remplaçant ou complétant une partie de la coiffure. Les chignons, hauts sur la tête, vont faire leur apparition et nécessiteront l'emploi de postiches (Stéphane, Art coiff. fém.,1932, p.170).Un petit homme ventru (...) qui dissimule sous un postiche une calvitie qui pourrait causer préjudice à la vente de ses lotions capillaires (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p.1036). REM. Postichement, adv.,hapax. Je n'ai aucun défaut ou vice à dissimuler postichement (Gautier, Fracasse,1863, p.332). Prononc. et Orth.: [pɔstiʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1609 postice «supposé» (Victor, s.v. postizo); 1638 «fait, ajouté après coup» (Sully, Mém., t.12, p.308 ds Littré); 1671 postiche«emprunté, artificiel» [s'oppose à naturel] (Pomey); 1690 subst. postiches «faux cheveux» (Fur.). Empr. à l'ital. posticcio «artificiel, feint, qui n'est pas naturel» (dep. xives., P. de' Crescenzi d'apr. DEI) que l'on explique −soit comme un dér. de posto, part. passé de porre «placer» (cf. poste1 et 2; FEW t.9, p.167a) −soit comme issu avec apocope du lat. tardif appositicius «feint», proprement «placé à côté» (v. Walde-Hofm. t.2, p.336), dér. de appositus, part. passé de apponere(REW3no553): l'esp. apostizo, att. de ca 1330 à la fin du xves., antérieurement à la forme postizo qui n'est att. que dep. la fin du xves., vient à l'appui de cette hyp. (v. Cor.-Pasc.; cf. FEW t.25, p.49a). DÉR. Posticheur, -euse, subst.Personne qui fabrique ou apprête des postiches. Le chignon de madame Prune, amplifié à souhait par d'habiles posticheurs (Loti, Trois. jeun. MmePrune,1905, p.123).− [pɔstiʃoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1889 (Coppée, Contes rap., p.235); de postiche1, suff. -eur2*. BBG. −Dauzat Ling. fr. 1946, p.39, 278. _Hope 1971, p.217. _Vidos 1939, p.195. |