| POSSESSIF, -IVE, adj. A. − GRAMM., au masc. 1. Adjectif possessif. Déterminant personnel exprimant, entre autres rapports, la possession (ex. mon, ma, mes). − Empl. subst.: 1. On doit employer le possessif, non l'article défini, quand il faut éviter l'équivoque, quand on parle d'un mal bien connu ou quand le nom est accompagné d'une épithète ou d'un complément: (...) Il se passa plusieurs fois, ses longues mains sur le visage. (G. Duhamel, La Nuit de la Saint-Jean [1935] p.110).
Grev.1969, § 427. 2. Pronom possessif. Pronom exprimant entre autres rapports, la possession (ex. le mien, la mienne; les miens, les miennes): 2. Les pronoms possessifs ne représentent pas toujours des noms précédemment énoncés; Ils prennent parfois par eux-mêmes le sens d'un nom particulier et désignent : Au masculin pluriel: des parents, des amis, des soldats; Le père travaille dur pour nourrir les siens. Devant ces assauts répétés, les nôtres tenaient bon.
G. Mauger,Gramm. pratique du fr. d'auj., 1968, p.142. B. − PSYCHOL., PSYCHANAL. 1. [En parlant d'une pers.] Qui éprouve le besoin de posséder (l'être aimé ou désiré), de se l'approprier, en développant à son égard des sentiments d'amour exclusif et dominateur. Une mère possessive cherche inconsciemment à maintenir son enfant dans l'état infantile, l'empêchant de se développer, afin de le tenir sous son emprise (Foulq.-St-Jean1962). 2. [En parlant d'une attitude, d'un sentiment] Qui manifeste ce besoin. L'enfant s'accuse lourdement (...) de la gêne qu'il éprouve sous le poids de l'affection goulue, égoïste et possessive de certaines mères (Mounier,Traité caract., 1946, p.701).[Mon père] était content de me voir: dans l'oeil possessif qu'il promenait sur moi de temps à autre, il y avait une satisfaction savourée, comme si une pièce précieuse de ses collections venait de réintégrer sa vitrine (Gracq,Syrtes, 1951, p.307). Prononc. et Orth.: [pɔsεsif], [-se-], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694 au masc. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 (Roques, Rec. gén. des lex. du Moy. Âge, t.2, I, 9494: possessiuus. possessis); mil. xves. possessif empl. par jeu de mots entre la relation grammaticale qui marque la possession et la jouissance des faveurs d'une femme (Ch. D'Orléans, OEuvres, t.2, p.302); 1765 adjectif possessif (Encyclop. t.13); 2. 1943 âme possessive (Beauvoir, Invitée, p.118). Empr. au lat. des grammairiens possessivus «qui marque la possession» (de possessum, supin de possidere «posséder»); cf. l'a. prov. possesiu terme de gramm. (ca 1350, Leys d'amors, fol. 57 ds Rayn.). Fréq. abs. littér.: 28. DÉR. Possessivité, subst. fém.,psychol., psychanal. Fait d'être possessif; comportement d'une personne possessive. Ce (...) courant de possessivité intense, exclusive et jalouse entre la mère et le fils se heurte à la barrière des convenances morales, et comme la mère reste enveloppée d'un nimbe d'idéale pureté, la sexualité se voit disloquée (Mounier,Traité caract., 1946, p.151).− [pɔsεsivite], [-se-]. − 1resattest. a) 1935 gramm. (L. Hjelmslev, Acta Jutlandica, t.7, 1, p.175), b) 1946 psychol. (Mounier, loc. cit.); dér. sav. de possessif d'apr. les mots où la finale est étymologique. BBG. −Figge (U.L.). Qq. rem. sur les pron. personnels et possessifs du fr. parlé contemp. In: Actes du Colloque franco-allemand de gramm. transformationnelle. 2. Tübingen, 1974, p.57-65. _ Godard (D.). Les Déterm. poss. et les compl. de nom. Lang. fr. 1986, no72, pp.102-122. _ Pinchon (J.). Morphosyntaxe du fr.: ét. de cas. Paris, 1986, pp.105-113. |