| * Dans l'article "POSITIF1, -IVE,, adj. et subst. masc." POSITIF1, -IVE, adj. et subst. masc. I. − Qui peut être posé; qui est de la nature du fait, peut être posé comme un fait ou se fonde sur les faits. A. − [P. oppos. à naturel, dans qq. expr.] 1. Droit positif, loi positive, religion positive. Droit, loi, religion tels qu'ils existent en fait et qui sont établis par une autorité divine ou humaine. Ce droit positif n'a pu paraître aussi qu'en supposant un droit naturel antérieur, et ce droit naturel étant un lien réciproque est de sa nature un contrat social (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.li).On bannit de l'école laïque les doctrines de toute religion positive et les principes les plus élémentaires de la religion naturelle (Barrès, Cahiers,t.8, 1910, p.148).V. droit3I B 1 b ex. de Vedel et loi1I A ex. de Bonald. − En partic. ♦ Droit positif divin. ,,Tout ce que Dieu a ordonné, et qui ne fait pas partie du droit naturel`` (Ac. 1798-1878). ♦ Droit positif humain. ,,Ce qui est établi par les lois et par les coutumes des hommes`` (Ac. 1798-1878). Loc. adj. De droit positif. [P. oppos. à de droit divin] ,,Fondé sur la discipline de l'Église, sur une loi purement ecclésiastique, et non pas sur l'institution divine. L'Église peut dispenser de ce qui est de droit positif, mais non de ce qui est de droit divin`` (Ac. 1835-1935). 2. Théologie positive ou subst. fém. (vx) la positive. Partie de la théologie fondée sur l'étude des sources faisant autorité (Écriture sainte, Pères de l'Église, décisions des conciles, etc.). Il est savant dans la positive. Il s'est plus attaché à la positive qu'à la scolastique (Ac.1798-1878).Son enseignement [de Du Guet] durant ces années était celui de la théologie dite positive (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.5, 1859, p.365).La théologie positive fait de ces contingences une étude minutieuse, d'abord, parce que cette étude est nécessaire à l'intelligence des données traditionnelles, dont un théologien ne doit jamais s'écarter quand il expose les sources de la doctrine (Théol. cath.t.4, 11920, p.760). B. − PHILOS., lang. cour. 1. [En parlant d'un propos ou d'une proposition; p.oppos. à vague, imprécis, incertain] Qui pose un fait bien établi, qui exclut l'incertitude. Information positive; renseignements positifs; annoncer, énoncer, exprimer d'une manière positive. À côté des nouvelles positives, écrites, il y en a de plus amples, mais aussi plus incertaines et plus fantaisistes (Barbusse, Feu,1916, p.45).Je reviens encore sur ce que j'ai dit de la volonté qui me paraît plus clair et plus positif que ce qui concerne la foi (G. Marcel, Journal,1919, p.184).[J'] insisterai auprès de lui pour que MmeDebussy dise si oui ou non elle a des lettres de Chausson. (J'ai promis par téléphone à MmeChausson qu'elle aurait une réponse positive à ce sujet; que les réponses positives sur n'importe quoi sont difficiles, presque impossibles à obtenir!) (Du Bos, Journal,1925, p.319).Loc. fam. C'est positif. C'est sûr, certain. C'est positif qu'il y a des gens à Paris qui prennent le buffet au sérieux et font le premier repas de leur journée passé minuit (A. Daudet, Nabab,1877, p.196).J'étais bien sûr de plus la revoir... C'était positif! (Céline, Mort à crédit,1936, p.680). ♦ Région. (Canada). [En parlant d'une pers.] Qui est sûr, certain (de quelque chose). Je suis positif que Québec a été fondé en 1608, par Champlain, enfant de la Saintonge (Dionne1909).Je suis positif qu'il était absent (Canada1930). − En partic. [En parlant d'une déclaration ou d'une expression de la volonté] Qui est conçu ou énoncé avec netteté et fermeté. Synon. formel, catégorique, exprès.Ce refus ferme et positif ne me laissa nulle espérance (Genlis, Chev. cygne,t.1, 1795, p.216).Chaque jour, je fixais le lendemain comme l'époque invariable d'une déclaration positive (...): mais à peine me retrouvais-je auprès d'elle, que je me sentais de nouveau tremblant et troublé (Constant, Adolphe,1816, p.24). SYNT. Engagement positif; promesse positive; ordre positif; défense positive; décision, intention, résolution, volonté positive de faire qqc. 2. [En parlant d'un fait ou d'un objet; p.oppos. à abstrait, imaginaire, chimérique, idéal, latent, virtuel] Qui appartient au domaine de l'expérience, de la réalité sensible. Synon. réel, concret, effectif, tangible, actuel.Fait positif; résultats positifs; danger positif. Les uns s'applaudiront de leur sagesse qui n'admet rien que de positif, c'est-à-dire ce qui se voit, ce qui se touche, ce qui se laisse manier avec la main; les autres se passionneront pour des rêves (Lamennais, Religion,1825, p.47).L'homme qui veut rompre toute relation intellectuelle avec le fini et le contingent, risque donc de n'avoir plus d'objet positif de sa pensée. Il sort de la réalité pour entrer dans l'abstraction: les idées trop générales deviennent des moules où il ne coule plus aucun métal, de vaines formes sans matière (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p.267): 1. ... ce sont les choses mêmes qui parlent. C'est un fait. Oui. Mais que faire d'un fait? Rien ne ressemble plus qu'un fait aux oracles de la Pythie, ou bien à ces rêves royaux que les Joseph et les Daniel, dans la Bible, expliquent aux monarques épouvantés. En histoire, comme en toute matière, ce qui est positif est ambigu. Ce qui est réel se prête à une infinité d'interprétations.
Valéry, Variété IV,1938, p.136. ♦ En partic. [P. oppos. à moral] Qui a un caractère d'utilité pratique, qui concerne les intérêts matériels. Avantages positifs. En attendant le choix que je pourrai faire plus tard, j'ai accepté un petit intérêt dans la maison Louis-Philippe, la seule qui soit à même de faire des offres réelles et positives; et moi, je vous l'avouerai, je ne crois qu'au positif: et même, en fait d'intérêt, je suppose toujours que la personne qui me parle veut me tromper, si elle ne me donne du positif (Stendhal, L. Leuwen,t.1, 1835, p.169). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est réel, existe en fait; caractéristiques, aspects réels (d'une chose). J'abandonne aux romantiques leurs visions et je ne m'occupe maintenant que du positif, du réel de ce qui se passe dans mon coeur, non à la suite d'un caprice d'imagination mais par l'effet constant de ma conformation morale, des lois de mon être (M. de Guérin, Corresp.,1829, p.29).C'était cela, le positif, la vérité effective d'une situation (Proust, J. filles en fleurs,1918, p.936): 2. Considéré d'abord dans son acception la plus ancienne et la plus commune, le mot positif désigne le réel, par opposition au chimérique: sous ce rapport, il convient pleinement au nouvel esprit philosophique, ainsi caractérisé d'après sa constante consécration aux recherches vraiment accessibles à notre intelligence, à l'exclusion permanente des impénétrables mystères dont s'occupait surtout son enfance.
Comte, Esprit posit.,1844, p.64. ♦ En partic. Ce qui est matériellement avantageux (spécialement l'argent). V. supra ex. de Stendhal. 3. PHILOSOPHIE a) [En parlant de la connaissance ou d'un système de connaissances; p.oppos. à théorique, rationnel, philosophique, métaphysique] Qui repose sur des faits constatés ou vérifiables. Connaissances positives; principes positifs; chimie positive; psychologie positive. Il n'y a donc réellement pour l'homme de vérités positives, c'est-à-dire, sur lesquelles il puisse solidement compter, que les faits qu'il peut observer, et non les conséquences qu'il en tire; que l'existence de la nature qui lui présente ces faits, ainsi que les matériaux pour en obtenir (Lamarck, Philos. zool.,t.1, 1809, p.xxii): 3. De même que l'on oppose l'histoire positive à la philosophie de l'histoire, en entendant par histoire positive l'ensemble des faits historiques bien constatés, que chacun peut vérifier d'après les sources, et dont la certitude est indépendante de l'opinion qu'on peut se faire des conceptions philosophiques destinées à relier ces faits entre eux; de même on doit entendre par science positive, ou par la partie positive des sciences, la collection des faits que chacun peut vérifier, de manière à acquérir la certitude qu'ils sont exacts, par un de ces procédés qui ne laissent aucun doute dans l'esprit...
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p.481. − P. méton. Qui est propre à établir des connaissances positives. Méthode positive; étude positive (des faits, des phénomènes). N'y a-t-il pas devoir à se dégager, autant que faire se peut, de toute conception psychologique, ethnologique ou sociale, et à remplir cette mission première, c'est-à-dire l'observation positive des faits humains sur la terre, en y mêlant le moins possible l'élément subjectif humain? (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p.26). ♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Leibnitz le premier a réalisé dans une belle harmonie cette haute conception d'une philosophie critique, que Bayle n'avait pu atteindre par trop de relâchement d'esprit. Le XIXesiècle est appelé à la réaliser et à introduire le positif dans toutes les branches de la connaissance (Renan, Avenir sc.,1890, p.154). b) En partic. [Chez Auguste Comte et ses disciples] − [Dans la loi des trois états définie par Auguste Comte; p.oppos. à état théologique ou fictif et à état métaphysique ou abstrait] État (âge) positif. Troisième et dernière étape dans l'histoire de l'esprit humain qui rejetant alors la recherche des causes et les spéculations métaphysiques, s'en tient à l'étude des phénomènes et de leurs relations. V. abstrait ex. 26: 4. Le principe fondamental d'Auguste Comte est d'écarter toute recherche métaphysique sur les causes premières et finales, de ramener toutes les idées et toutes les théories à des faits et de n'attribuer le caractère de certitude qu'aux démonstrations de l'expérience. Ce système comprend une classification des sciences et une prétendue loi de l'histoire qui se résume dans cette affirmation: que les conceptions de l'esprit humain passent successivement par trois états: l'état théologique, l'état métaphysique, l'état scientifique ou positif.
Pasteurds Travaux,1882, p.427. ♦ Synon. de positiviste (v. ce mot A 1 a).Philosophie positive. Système philosophique fondé par Auguste Comte et prétendant reposer uniquement sur les sciences positives. Synon. positivisme.La philosophie positive exerce déjà et doit surtout exercer une grande influence sur la culture des sciences (Littré-Robin1855).Dans la philosophie dite positive et ensuite positiviste (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.4).P. méton. Qui relève de la philosophie positive ou positivisme. Politique, religion positive. Ainsi, la morale positive se distingue, non seulement de la morale métaphysique, mais aussi de la morale théologique en prenant pour principe la prépondérance directe du sentiment social (A. Comte, Système de politique positive,i, 93, 1852-54ds Foulq.-St-Jean 1962).Dans la Religion positive, l'Humanité est le Grand Être auquel on rend un culte, la terre le Grand Fétiche et l'espace le Grand Milieu; le dogme se fonde sur la philosophie positive et spécialement sur une morale altruiste: «Vivre pour autrui» (Foit.11968). 4. P. méton. [En parlant d'une pers. ou de ses facultés; p.oppos. à chimérique, imaginatif, rêveur, idéaliste, etc.] :
5. Le monde a changé de tour et de manière de voir; il est devenu positif, comme on dit: je le répète sans idée de blâme: car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits (...) disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l'expérience, disposé à l'étude patiente (...) il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler.
Sainte-Beuve, Caus. lundi,t.11, 1855, p.282. a) Qui a le sens des réalités. Synon. pratique, réaliste.Il regardait la vie sérieusement en esprit positif et pratique (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Étrennes, 1887, p.1066).Le vrai conducteur révolutionnaire!... Et toujours positif, réaliste... L'action d'abord, la doctrine, après! (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p.53): 6. Mirabeau parla beaucoup, et surtout beaucoup de lui. Ce fils des lions, lion lui-même à tête de chimère, cet homme si positif dans les faits, était tout roman, tout poésie, tout enthousiasme par l'imagination et le langage...
Chateaubr., Mém.,t.1, 1848, p.226. − Péj. Qui est trop exclusivement attaché à la réalité matérielle, qui est dépourvu d'idéal. Synon. matériel, prosaïque, terre à terre, utilitaire.Cette tour, qui était jadis le beffroi du prince-évêque, est maintenant la prison des filles publiques; triste et froide antithèse que le bourgeois voltairien d'il y a trente ans eût faite spirituellement, que le bourgeois utilitaire et positif d'à présent fait bêtement (Hugo, Rhin,1842, p.62). b) Dans le domaine intellect.Qui s'attache aux faits, est soucieux d'exactitude, de précision. Synon. (esprit) scientifique, rigoureux.Je la cite [une lettre] pour ce qui concerne les procédés de Proust. On y verra, d'abord, que, confiant en sa mémoire, il n'a jamais pris de notes; en constatant la pénétrante minutie avec laquelle il a scruté un de mes textes, la quantité d'objections qu'un léger anachronisme a soulevées en lui, on conviendra que Proust était, au contraire de ce que certains ont cru, l'esprit le plus positif, le plus soucieux d'exactitude (Blanche, Modèles,1928, p.126).Celui-là est positif; il cherche quelque connaissance sur quoi il puisse faire fond (Alain, Propos,1934, p.1240).Mais qu'est-ce que l'esprit positif, sinon l'ouverture à toute l'expérience et aux valorisations de l'expérience dont l'expérience elle-même témoigne? (Mounier, Traité caract.,1946, p.391). − PHILOSOPHIE ♦ Esprit positif. Celui qui, d'après Auguste Comte, caractérise l'état positif. V. supra I B 3 b. ♦ Qui se réclame de la philosophie positive. L'école positive. Quelles idées supérieures parfois au fond de ces extravagances dont se moque le savant «positif» (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p.337).En empl. subst. M. Brignolin, un positif (...) vient de temps en temps pour le malheur des sauces. Il essaie des jus concentrés basés sur la chimie, qui sentent le savant et gâtent le dîner (Vallès, J. Vingtras,Enf., 1879, p.188). C. − GRAMM. [P. oppos. à comparatif et à superlatif] Degré positif ou subst. masc. le positif (de l'adj. ou de l'adv.). Forme qui énonce la qualité ou la modalité telle qu'elle est. Dites-moi sur trois tons: c'est bien, c'est beau, c'est magnifique; vous aurez là un positif, un comparatif et un superlatif qui sont si grandioses chacun en leur genre, que je rougis de les offrir à votre encensoir (Balzac, Lettres Étr.,t.1, 1837, p.391).Dans les phrases Pierre est heureux et Pierre conduit prudemment, l'adjectif heureux et l'adverbe prudemment sont au positif (Ling.1972). II. − [P. oppos. à négatif] A. − 1. [En parlant d'un jugement, d'une proposition] Qui n'exprime pas le refus ou la négation de quelque chose, mais qui accorde ou affirme quelque chose. Ce n'était pas un secret, cette haine du roi de l'acier pour l'oeuvre du docteur Sarrasin (...). Mais de là à se ruer sur une ville paisible, à la détruire par un coup de force, on devait croire qu'il y avait loin. Cependant, l'article du New York Herald était positif (Verne, 500 millions,1879, p.175).V. négatif I A 1 ex. de De Gaulle. − P. méton.: 7. Toute formule théologique n'est qu'une expression chiffrée, ce qui détermine deux méthodes théologiques. L'une procède par affirmations et c'est la théologie positive: en définissant Dieu elle le limite. Il faut la compléter par la théologie négative qui procède par négations et rejette tout anthropomorphisme.
Philos., Relig., 1957, p.50-15. − LOG. Terme positif. ,,Qui pose ou affirme une qualité par opposition à la privation ou à l'exclusion de cette qualité`` (Lal. 1968). Un terme positif exprime une qualité (savant), un terme négatif exprime l'absence d'une qualité (ignorant) (Goblot1920).V. expulsif A ex. − GRAMM. [P. oppos. à négatif et à interrogatif] Proposition (phrase, tournure) positive. Proposition qui énonce l'existence d'un fait ou d'un état. Synon. affirmatif (v. ce mot A 1 d).À cette formule [le départ en Espagne] positive succéda l'interrogation: «Quand partez-vous?» Je répondis sans savoir à quoi je m'engageais: «Dans huit jours» (Gautier, Tra los montes,1843, p.1).À la tournure négative «Pierre ne paraît pas content» correspond l'expression positive «Pierre paraît mécontent» (Dagn.1965). 2. [En parlant d'un devoir, d'un ordre] Qui commande, prescrit quelque chose (p.oppos. à ce qui défend, interdit). Dans les commandements de Dieu, il y en a de positifs et de négatifs (Ac.1798-1935).[Jahvé] sanctifie lui-même ses adorateurs fidèles et ses prêtres. Il veille à l'observation des préceptes positifs et fait punir de mort un Israélite qui avait violé le repos sabbatique (Théol. cath.t.4, 11920, p.964). B. − 1. [En parlant d'une notion, d'une qualité, d'un état, d'une action] Qui ne se définit pas par la négation, l'absence ou la privation de quelque chose, mais repose sur l'existence de quelque chose de réel, d'effectif. Acte positif; tort positif; qualités positives. Il faut être de Genève et avoir toujours eu un milieu peu conforme à ses goûts, pour n'aspirer qu'à ce bonheur négatif, après avoir connu de vue tous les genres de bonheur positif. Cette ambition privative caractérise les individus qui n'ont pu s'épanouir à leur gré (Amiel, Journal,1866, p.54).Le narcissisme peut se présenter sous un aspect positif: présomption, vanité, assurance provocante, ou négatif: sentiments d'infériorité, manque de confiance en soi (Mounier, Traité caract.,1946, p.149).À la notion, au fond surtout négative d'enquête «critique» (établir ce que le document n'est pas: qu'il n'est pas un faux, qu'il n'est pas menteur...), il me paraît utile de substituer la notion positive de compréhension du document: cette recherche vise et aboutit en fait à établir ce qu'est en réalité le document (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p.107): 8. Je ne comprenais pas encore que le mal est un principe positif, actif, entreprenant; je croyais alors que le mal était fait du défaut du bien, comme l'ombre du fort défaut de la lumière, et volontiers rattaché-je à la lumière toute espèce d'activité.
Gide, Journal,Feuillets, 1916, p.607. − Qui est propre à agir de façon efficace et favorable; qui apporte quelque chose de bénéfique, de souhaitable. Synon. constructif, fécond.Attitude, influence positive. Ce qu'il importait de signaler à notre moment de 1656, c'était le double résultat imprévu de ce miracle de couvent, résultat oratoire immortel dans les Provinciales, résultat politique et positif en ce que la reine, comme on l'a indiqué, s'en trouva subitement arrêtée et adoucie (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.3, 1848, p.122).Il n'en demeure pas moins que la liberté, dans cette conception première, dispose d'un certain «efficace». C'est une liberté positive et constructive. Sans doute ne peut-elle changer la qualité du mouvement qui est dans le monde, mais elle peut modifier la direction de ce mouvement (Sartre, Sit. I,1947, p.320): 9. ... toute l'ascèse de la morale épicurienne et stoïcienne est une ascèse purement négative; elle demande l'abandon de tout sans offrir de compensation. L'ascèse de la morale chrétienne, au contraire, est une ascèse positive; au lieu de mutiler le désir en niant son objet, elle comble le désir en lui en révélant le sens.
Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p.68. ♦ P. méton. [Souvent considéré comme abusif; en parlant d'un jugement émis] Qui s'exprime en faveur de quelque chose ou de quelqu'un, reconnaît ses qualités positives. Un ouvrage dont la plupart des comptes rendus ont été positifs (Lar. Lang. fr.). La critique de ce film a été positive (Pt Rob.1977). 2. BIOL., MÉD. a) [En parlant d'une réaction, d'un examen, de son interprétation] Qui met en valeur la présence de l'élément recherché. Cuti-réaction positive. [Précédé d'un nom propre désignant la réaction étudiée] Wassermann nettement positif (Quillet1965).Je serai émue quand les médecins auront fait un diagnostic positif. Jusque-là, je ne crois pas à votre lèpre, ou je n'y crois qu'à demi (Montherl., Lépreuses,1939, p.1499).La réaction négative avec l'eau iodée et la réaction positive avec la liqueur de Fehling indiquent, en fin d'expérience, l'apparition d'un sucre réducteur par hydrolyse de l'amidon (Camefort, Gama, Sc. nat.,1960, p.126).V. négatif ex. 8. − P. méton. [En parlant d'un sujet] Chez qui la réaction en question se produit, qui est porteur de l'élément pathogène considéré. Les sujets positifs à la tuberculine sont ceux qui présentent une réaction allergique à la tuberculose; l'absence de réaction les fait appeler négatifs (Villemin1975). b) En partic.
α) [Dans le système de détermination des groupes sanguins dit système Rhésus (sang, groupe sanguin et p.méton. sujet)] Rhésus positif ou Rh positif. Dont les hématies contiennent l'antigène Rh ou facteur Rhésus, mis en évidence par l'agglutination de ces hématies lorsqu'elles sont mises en contact avec un sérum produisant les agglutinines anti-Rh correspondantes. Les deux types sanguins Rh positif et Rh négatif sont déterminés héréditairement comme tous les autres groupes sanguins. Le facteur Rh est un facteur mendélien dominant transmis par un gène Rh positif auquel correspond l'allèle dominé Rh négatif (Biol.,1965, p.1085 [Encyclop. de la Pléiade]).En 1939, Landsteiner découvrait les antigènes Rhésus: lorsque l'enfant est Rhésus «positif» (car son père est Rhésus positif) ses globules rouges portent les antigènes Rhésus absents chez la mère Rhésus «négatif» (Recherche et Santé, vol. 6, déc. 1982-janv. 1983, p.20).
β) MICROBIOL. Gram positif(s) (ou gram +). Groupe de microbes définis par leur aptitude à prendre la coloration dite de Gram (p.oppos. aux Gram négatif(s) qui ne la prennent pas). La méthode de Gram consiste à faire agir sur les bactéries, préalablement fixées sur une lame, une solution phéniquée de violet de gentiane dont l'action est renforcée par une liqueur iodo-iodurée, le lugol. Ainsi traitées, toutes les bactéries se colorent en violet. Dans un second temps, on fait agir pendant quelques secondes de l'alcool éthylique à 95o. Certaines bactéries gardent la coloration violette (on les dit Gram positif), d'autres se décolorent (J.-Cl. Burdin, E. de Lavergne, Les Bactéries,Paris, P.U.F., 1966, p.18).
γ) BIOL. ANIM. et VÉGÉT. [En parlant d'une réaction d'orientation (tropisme) ou de locomotion (taxie, tactisme) de certains organismes] Qui s'effectue dans la direction de l'élément agissant. Nous dirons que l'Algue présente un phototactisme positif (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t.1, 1931, p.414).V. héliotropisme ex. de J. Rostand.
δ) PSYCHANAL. Le complexe d'OEdipe positif se réfère à l'amour pour le parent de sexe opposé et à la rivalité avec le parent du même sexe, tandis que le complexe d'OEdipe négatif se réfère à l'amour pour le parent du même sexe et à la rivalité avec le parent du sexe opposé (Rycr.1972). C. − [Dans des domaines techn. ou sc. où l'empl. du mot positif, comme celui de son anton. négatif, pour qualifier des objets, des phénomènes, des grandeurs, procède souvent d'une convention] 1. ARTS a) GRAV. Dessin positif. Dessin noir sur blanc (p.oppos. à dessin négatif qui est blanc sur noir) (d'apr. Bég. Estampe 1977). Lorsqu'on veut transformer un dessin qui est positif en dessin négatif, il s'agit d'une inversion, dite noir au blanc (Bég.Estampe.1977). b) PHOT., CIN. Épreuve (copie, image, etc.) positive ou subst. masc. un positif. Épreuve définitive tirée d'après un négatif sur un support (papier, verre, film, etc.) et reproduisant les zones de lumière et d'ombre conformément à celles du sujet photographié. Dans l'insolation, la tache de lumière qui traverse le transparent du négatif a toujours tendance à s'élargir, ce qui alourdit par conséquent les noirs de l'image positive. Si l'on copie au contraire sous positif, ce sont les blancs qui s'élargissent, les noirs s'affinant (Civilis. écr.,1939, p.10-7).Le filtre jaune ne permet pas seulement de rétablir les valeurs de bleu exactes; s'il est d'une densité suffisante, il absorbe totalement toute radiation bleue; le négatif est alors très transparent et le positif très foncé (Prinet, Phot.,1945, p.68). ♦ P. méton. Papier positif. Papier dont on se sert pour obtenir l'épreuve positive. Prenez votre cliché négatif et mettez-le sur une des glaces du châssis à reproduction, posez dessus une feuille du papier positif préparé par l'opération précédente, le côté de la préparation sur l'endroit du cliché (Le Gray, Phot. sur papier et verre,1850, p.19). − CIN. ,,Film comportant −après tirage et développement −des images ou une modulation sonore, ou les deux éléments simultanément`` (Cinéma 1968). Positif muet; positif son. Quand ces différents travaux seront terminés, la «copie de travail» ou première épreuve positive du film est prête. Elle est constituée par deux bandes séparées dont l'une porte l'image et l'autre le son (Arts et litt.,1936, p.88-12). 2. GÉOL. Mouvement positif. V. mouvement I A 2 b. 3. MATHÉMATIQUES a) Nombre positif. Nombre réel égal ou supérieur à zéro (par convention affecté du signe +, sauf lorsqu'il est seul ou se trouve en tête d'une opération, cas où il s'écrit sans signe). Le vrai mécanisme peut comprendre immédiatement que le nombre négatif n'est en rien plus irréel que le nombre positif, ce qu'un réalisme superficiel ne comprendrait pas (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p.252).L'opposé d'un nombre positif est négatif et réciproquement. Le seul nombre positif et négatif est 0 (Bouvier-GeorgeMath.1979).V. négatif ex. 6. ♦ (Nombre, élément) strictement positif. Supérieur à zéro. Un élément x de G tel que x > 0, c'est-à-dire tel que x ≥ 0 et x ≠ 0, est dit strictement positif (Chamb.1972). − P. méton. Grandeur, quantité, fonction positive. Grandeur, quantité, fonction mesurée par un nombre positif. La constante C est égale à la somme des forces vives dues au. vîtesses très-petites que l'on a imprimées aux mobiles; cette constante est donc une quantité positive et très-petite, que l'on peut même supposer aussi petite que l'on voudra, en diminuant convenablement ces vîtesses (Poisson, Mécan.,t.2, 1811, p.301). − P. anal., ÉCON. [En parlant de la différence entre deux sommes] Qui exprime un excédent. Bilan globalement positif. La richesse à laquelle s'attachent les mercantilistes est celle du tout assujetti au prince: elle se mesure par le métal précieux, nerf de la prospérité et de la puissance, puis par le solde positif de la balance des contrats et de la balance du commerce (Univers écon. et soc.,1960, p.4-4).Les revenus des investissements, encore positifs en 1919, étaient négatifs en 1946 (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p.583). b) Sens positif − [Sur une droite] Mode de parcours d'un mobile choisi par convention par opposition au sens négatif, en général de la gauche vers la droite. Une droite orientée ou axe est une droite sur laquelle est fixé un sens positif (Lar. 3, s.v. sens). − [Sur un cercle ou pour un angle; p.oppos. à sens négatif ou à sens rétrograde] Mouvement de rotation choisi par convention, en général inverse de celui des aiguilles d'une montre. Synon. sens direct.On dit qu'un cercle est orienté si l'on choisit sur ce cercle un sens de parcours appelé «sens positif», le sens opposé s'appelant «sens négatif» (...) Habituellement, on prend le sens inverse de la marche des aiguilles d'une montre (V. Lespinard, R. Pernet, J. Gauzit, Math.,Lyon, A. Desvigne, 1952, p.146). 4. PHYSIQUE a) ÉLECTR. Électricité positive. Électricité qui se manifeste sur le verre frotté avec un morceau de drap (anciennement appelée électricité vitreuse ou vitrée, p.oppos. à l'électricité résineuse ou électricité négative). Jusque vers 1930, le nombre des particules se manifestant à l'échelle microphysique paraissait assez limité. L'électron, unité d'électricité négative, très léger et très mobile, le proton, unité d'électricité positive, plus lourd et moins mobile, le photon, grain d'énergie faisant partie de la structure de toutes les radiations (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2, 1964, p.143).V. négatif I B 2 ex. de Bernardin de Saint-Pierre et de Gasnier. ♦ Charge positive (d'un corps). Quantité d'électricité positive correspondant à un défaut d'électrons. Un atome ou une molécule auxquels il manque des électrons sont dits ionisés et prennent une charge positive (Électron.1963-64). − P. méton. Qui a une charge électrique positive. ♦ [En parlant de particules] Électrons positifs (positons); ions positifs (cations). La propagation rectiligne des rayons positifs dans l'espace au delà de la cathode est démontrée par les dimensions de l'ombre portée sur l'écran phosphorescent par un obstacle qui se trouve sur le trajet des rayons (MmeP. Curie, Isotopie,1924, p.73). ♦ [Dans un système à courant continu] Borne positive, pôle positif (d'un générateur, d'une pile); électrode positive (anode). [Dans un accumulateur pour automobile] les plaques positives alternent avec les négatives et chaque ensemble de plaques, les positives d'une part et les négatives de l'autre sont soudées à une barre dite de connexion reliée elle-même à l'élément suivant. Comme avec les piles on adopte généralement le montage en tension, c'est-à-dire que l'on relie le positif d'un élément au négatif de l'autre et ainsi de suite. Il reste à chaque extrémité un pôle positif de libre et un pôle négatif qui seront les pôles de la batterie, ceux où on attachera les fils (Soulier, Gdes applic. électr.,1916, p.181). b) MAGNÉT. Pôle positif de l'aimant. V. pôle B 2 magnét. REM. Positiver, verbe trans.,hapax. Fonder sur des connaissances positives. Quelques efforts (...) où l'on se proposait vainement de positiver la science sociale (Comte, Philos. posit.,t.4, 1839-42, p.26). Prononc. et Orth.: [pozitif], fém. [-i:v]. Pt Rob., Warn. 1968 [po-]; Lar. Lang. fr. [pɔ-]; Martinet-Walter 1973: [po-], [pɔ-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Déb. xives. «certain, réel» (Jean Chapuis, Trésor, 996 ds Rose, éd. Méon, t.3, p.370: vie positive [p.oppos. à vie supellative]); 2. 1365 «qui est posé, établi (p.oppos. à naturel)» (Oresme, Monnoies, éd. L. Wolowski, p.26: loy antique positive); 3. xives. subst. gramm. (Traité de gramm., Mazarine 578, fo41 vods Thurot, p.168: le positif, le comparatif, le supellatif); 4. 1664 «qui a un caractère de certitude» (Molière, Mariage forcé, V); 5. 1656 théol. subst. la positive (Pascal, Provinciales, V, éd. R. Lafuma, p.391); 6. a) 1749 «fondé sur l'expérience, sur l'observation des faits réels» (Juvenel de Carlencas, Essais cité ds Fr. mod. t.14, p.296: sciences positives, physique positive); b) 1813 âge positif, philosophie positive (Saint-Simon, Mém. sur la science de l'homme, ds l'OEuvre de Saint-Simon, par C. Bouglé, p.55 et 58); c) 1822 (A. Comte, Système de politique positive ds Comte, Philos. posit., t.1, avertissement, p.VII); 7. 1810 le positif de la vie (Staël, Allemagne, t.3, p.205). B. 1547 subst. désigne un clavier de l'orgue qui devait être posé à terre (L. Deschamps de Pas, Église N.-D. de St-Omer, t.2, p.100). C. 1. 1751 math. quantité positive (Encyclop. t.13); 2. a) 1761 électricité positive (Euler, Lettres à une Princesse d'Allemagne, éd. Cournot, t.2, p.116); b) 1806 pôle positif et pôle négatif (Ann. chim. et phys., t.58, p.57, note); c) 1850 phot. (Le Gray, loc. cit.). Du b. lat. positivus terme de gramm. «conventionnel, accidentel» et «(adj.) employé au positif» (de positum supin de ponere «poser», v. ce mot); sur l'évol. du mot au xviiieet xixes., v. F. Schalk, Positif als Modewort ds Rom. Forsch. t.71, pp.138-159. |