| * Dans l'article "POSER,, verbe" POSER, verbe I. − Empl. trans. A. − Qqn pose qqc. ou qqn (pour un temps limité) 1. [Le plus souvent suivi d'un compl. second] Mettre dans un endroit qui assure un support, un appui. Synon. déposer, placer1; anton. enlever. a) [Suivi d'un compl. locatif] Poser un objet sur un meuble, une échelle contre un mur, un outil à terre, un livre devant soi, un enfant à ses côtés, un livre dans une bibliothèque. À peine eut-elle posé Jeanne dans son grand lit, que ce pauvre petit corps de fillette fut agité de violentes convulsions (Zola, Page amour,1878, p.804).À sept heures Balionte entra avec une bougie, posa sur la table le plateau (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p.266). ♦ Empl. pronom. passif. J'appréhendais sans doute d'entendre se poser l'échelle du pailler contre la façade (Bosco, Mas Théot.,1945, p.192). − [Sans compl. locatif] [La] femme qui à l'église s'agenouille auprès du cierge qu'elle vient de poser (Du Bos, Journal,1928, p.93). b) [Suivi d'un compl. de manière] Son fusil était posé la crosse en bas un peu obliquement (Flaub., Éduc. sent.,t.2, 1869, p.145). 2. En partic. [Le plus souvent sans compl. second] Se séparer, se débarrasser de ce que l'on porte. Synon. déposer, se décharger de.Poser ses bagages, sa canne, son parapluie. Posez vite vos affaires. Nous avons une bouillabaisse qui n'attend pas (Proust, Sodome,1922, p.900).Il posa sa valise, serra la main aux copains (Dabit, Hôtel Nord,1929, p.181): 1. Elle avait (...) pris sur ses bras notre petite soeur Suzanne pour monter le long escalier, en sorte qu'elle était essouflée. Elle posa l'enfant, se retint de respirer une seconde...
Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p.27. − Loc. verb. Poser les armes (v. arme II A 4 a); poser, quitter l'épée*; poser, lever le masque*; poser culotte (v. culotte1A 1 b); poser sa chique (v. chique1A). 3. P. anal. a) Mettre (une partie de son corps) sur/contre quelque chose ou quelqu'un. Poser sa tête sur un oreiller, sur l'épaule de qqn. Il se leva et vint poser son front contre les vitres (Maupass., Pierre et Jean,1888, p.414).Elle l'attire tendrement contre elle, prend la tête d'Andoche entre ses deux mains et la pose sur sa poitrine (Martin du G., Gonfle,1928, ii, 2, p.1200). − Poser le pied (dans un lieu). Commencer à y pénétrer. Que venait faire Cornebille à pareille heure, en plein coeur d'un parc où la marquise lui avait interdit de jamais poser le pied? (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p.100). b) Littéraire − Poser ses lèvres, un baiser sur (une partie du corps de qqn). L'embrasser de manière délicate. Et, sur les joues de la jeune femme impuissante, l'insolent posa deux baisers (Toulet, Tendres mén.,1904, p.139).Robert, se détournant un peu, posa ses lèvres sur le pied nu de Lilian (Gide, Faux-monn.,1925, p.968). ♦ Empl. pronom. passif. Ses lèvres se posèrent sur les joues de Florentine (Roy, Bonheur occas.,1945, p.102). − Poser les yeux, le regard sur (qqc. ou qqn). Regarder en s'attardant. Elle pose sur lui un regard indéchiffrable, étrangement attentif et limpide (Bernanos, MmeDargent,1922, p.7).Je pose les yeux sur un évangéliaire anglais d'avant la conquête normande (Morand, New-York,1930, p.135). ♦ Empl. pronom. Ses yeux se posèrent sur moi, souriants (Pesquidoux, Livre raison,1928, p.60). ♦ Loc. fig. Poser un regard neuf, nouveau sur qqc. Regarder (quelque chose) sous un jour nouveau. Il s'aperçut qu'il posait sur la vie un regard neuf (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p.829). B. − Qqn/qqc. est posé ou se pose 1. Vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Être installé, s'installer en recherchant une pose ou un effet plus ou moins marqué. La marquise, posée théâtralement dans son grand fauteuil, s'apprêtait (...) à jouer sa petite comédie d'étiquette (Sand, Valentine,1832, p.165). − Empl. pronom. réfl. ♦ [Suivi d'un compl. locatif] C'est une charmante jeune personne, dit Béatrix en se posant dans un fauteuil gothique (Balzac, Béatrix,1839, p.163). ♦ [Suivi d'un compl. de manière] Il interrogeait les femmes d'un oeil heureux en (...) se penchant en arrière et se posant de trois-quarts (Balzac, Illus. perdues,1837, p.87). 2. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé capable de voler] a) [Le suj. désigne un oiseau] Être à terre, ne pas voler. Des mouettes posées marquetaient en troupe la plage mouillée (Chateaubr., Mém.,t.4, 1848, p.403). ♦ Empl. pronom. réfl. Je vois deux hirondelles se poser dans l'allée du jardin (Delacroix, Journal,1853, p.67). − Posé sur.Perché sur. Un grand aigle aux plumes fauves, posé sur la branche d'un arbre (Green, Journal,1934, p.265). ♦ Empl. pronom. réfl. Le Ramier se pose bruyamment sur l'arbre le plus proche pour descendre de branches en branches jusqu'à la rive (Vidron, Chasse,1945, p.66). ♦ Rare, vieilli, empl. intrans. Poser sur.Se percher sur. Des merles bleus si légers qu'ils posent sur une herbe sans la faire plier (Renan, Vie Jésus,1863, p.67).Les oiseaux dans leur vol viennent poser sur lui [l'arbre solitaire] (Moréas, Stances,1901, p.113). b) [Le suj. désigne un insecte qui vole] Être en position de repos, ne pas voler. Deux bambins occupés à attraper des mouches posées contre un mur (D'Allemagne, Récr. et passe-temps,1904, p.179). − Empl. pronom. réfl. Se placer. De grosses mouches venaient se poser sur moi (Maurois, Climats,1928, p.15). c) Empl. pronom. passif. [Le suj. désigne un aéronef] Atterrir. Un avion militaire se posait dans leur verger (Giraudoux, Bella,1926, p.65). − [P. méton. du suj.] :
2. Je tournai donc autour de la lagune, à trente mètres d'altitude jusqu'à la panne d'essence. Après deux heures de manège, je me posai et capotai. Quand je me dégageai de l'avion, la tempête me renversa.
Saint-Exup., Terre hommes,1939, p.162. C. − Qqn pose qqc., qqn pose qqn.[De manière plus durable et avec une idée de précision] 1. Qqn pose qqc.Placer à l'endroit qui convient; procéder à l'installation d'un objet, d'un appareil ou d'un ensemble plus complexe. Synon. installer; anton. déposer.Poser une porte, des planchers, des rideaux, une serrure, l'électricité dans une maison, des voies ferrées. Dans les grandes villes, les lignes [téléphoniques] sont posées dans les égouts (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p.312).Il ne restait à poser que les tuiles du toit (Abellio, Pacifiques,1946, p.276). ♦ Loc. adv. Prêt à poser. V. prêt2A 2 a β. ♦ Empl. pronom. passif. Ces planches en bois blanc se posent presque toujours transversalement, en évitant de multiplier les morceaux (Nosban, Manuel menuisier,t.2, 1857, p.208). ♦ Loc. verb. (fig.). Poser des jalons (v. jalon); poser un lapin* (à qqn). a) ARCHIT., CONSTR. Poser une pierre, une colonne, une statue. Les placer à l'endroit qui convient en procédant à leur fixation ou à leur stabilisation. C'était pendant qu'on posait les statues du pont des Saints-Pères (...). Il y avait foule pour voir (...) soulever des statues si lourdes (A. France, Bergeret,1901, p.46). ♦ [Suivi d'un compl. de manière] Les pierres d'un édifice, posées deux à deux par points alternatifs, en affermissent toute la masse (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.310). − Loc. verb. ♦ Poser la première pierre* (d'un édifice). ♦ Poser à cru. ,,Élever sans fondation (une charpente, un mur, un pilier)`` (Noël 1968; dict. xixeet xxes.). ♦ Poser à sec. ,,Construire sans mortier, ce qui se fait pour les constructions en pierre de taille, en frottant les pierres avec du grès et de l'eau par leurs joints de lits bien dressés jusqu'à ce qu'il ne reste plus de vide`` (Noël 1968; dict. xixeet xxes.). ♦ Poser de chant (ou de champ), sur champ. ,,Mettre en place une pierre, une brique, une pièce de bois, en la faisant reposer sur sa face la plus étroite`` (Noël 1968). Imaginez deux lignes de doubles briques posées sur champ, deux lignes carrées entre les pavés (Goncourt, Journal,1862, p.1151).Les briques sont posées de champ, (...) perpendiculaires à l'axe de la chaussée qu'on borde (Bourde, Trav. publ.,1929, p.94). ♦ Poser à plat. ,,Mettre en place une pierre, une brique en la faisant reposer sur sa face la plus large`` (Noël 1968; dict.xixeet xxes.). − Vieilli. [Toujours empl. au part. passé ou en empl. pronom.; le suj. désigne une construction ou un ensemble de constructions] Installer, construire. Une vallée qui (...) semble bondir sous les châteaux posés sur ces doubles collines (Balzac, Lys,1836, p.29).Visite à Béni-Souef (...). Jolie petite ville posée sur le Nil (Fromentin, Voy. Égypte,1869, p.58). ♦ Empl. pronom. passif. Être installé, construit. Le château (...) touche au hameau et se pose au bord de la place champêtre sans plus de faste qu'une habitation villageoise (Sand, Hist. vie,t.1, 1855, p.144). b) Spécialement − ARITHM. Inscrire, au cours d'une opération (addition, soustraction, multiplication) le résultat obtenu en commençant par le chiffre des unités pour terminer par celui des dizaines, centaines, etc.: 3. Supposons que nous ayons à multiplier 372 par 465. (...) procédons comme il suit: 5 fois 2 font 10, je pose 0 et je retiens 1, 5 fois 7 font 35, 35 et 1 font 36, je pose 6 et je retiens 3, 5 fois 3 font 15, 15 et 3 font 18, je pose 8 et je retiens 1.
Berkeley, Cerveaux géants,1957, p.242. − CHANT. Poser sa voix. ,,Émettre des sons avec aisance sans forcer le volume de la voix`` (Rougnon 1935, p.365). «Je suis un homme de théâtre», dit-il (...). On s'en est bien aperçu (...) à la façon dont il posait sa voix, dont il prenait ses temps (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p.325). ♦ Empl. part. Voix bien posée. ,,Voix qui, dans toute son étendue, peut émettre les sons pleins, fermes, ronds et vibrants, sans vacillation ou tremblement`` (Brenet Mus. 1926, p.365). Aussi le chanteur semblait-il triompher. Chaque note sortait avec une grande sûreté d'intonation; la voix était parfaitement posée (Reybaud, J. Paturot,1842, p.205). − JEUX. Poser un pion, un dé, une carte. Les jouer: 4. −Perrache, tu devrais te marier... −Pourquoi? −dit Perrache (...) −Pour moi! −dit Nachette en posant le double six.
Goncourt, Ch. Demailly,1860, p.113. 2. Qqn pose qqn a) Vieilli. Poser un garde, une sentinelle. Les mettre en faction à un endroit précis. Synon. poster.Des gardes furent posées sur les ponts et dans les places publiques (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.3, 1821-24, p.59).Il était dur, après les marches, d'être obligé, à l'étape déserte (...) de poser des sentinelles, d'occuper des postes (Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.451). b) Vieilli. Déposer quelqu'un que l'on véhiculait à un endroit précis. La diligence la posait en ville [Lise] à une heure bien incommode (Lacretelle, Hts ponts,t.2, 1933, p.7). c) BEAUX-ARTS − [Le suj. désigne l'artiste] Poser le modèle. Installer le modèle dans l'attitude souhaitée. Synon. usuel faire poser un modèle (v. ce mot II B 1).Il posait un beau modèle devant lui, le copiait péniblement (Gautierds La Presse,17 févr. 1849). − Loc. verb. [Le suj. désigne le modèle] Poser le nu, l'académie. Synon. poser nu (v. infra II B 1).Un peintre de Montparnasse lui demandait de poser l'académie (Arnoux, Paris,1939, p.217): 5. Cette présence de peintres, d'esthètes, de courtiers en tableaux, de poètes et de midinettes toujours prêtes à se déshabiller pour poser un nu...
Fargue, Piéton Paris,1939, p.153. d) Au fig. Poser sa candidature. Présenter officiellement sa candidature. Peu après il se tourna vers la politique active et posa sa candidature à la députation (Sartre, Nausée,1938, p.120). D. − Au fig. 1. Qqn pose qqn.Jouer le rôle de, se faire passer pour. Synon. camper: 6. Au demeurant, il est d'un commerce sympathique; il ne pose jamais l'érudit, au contraire; il poserait plus volontiers l'homme du monde qui n'a besoin de rien savoir...
Martin du G., Devenir,1909, p.33. ♦ Poser à + subst.Poser au grand homme, au justicier. Le petit homme qui posait à l'arbitre se frappa les mains (Guèvremont, Survenant,1945, p.224): 7. Pour faire une blague, pour faire rigoler, pour poser au malin, pour rien, il leur avait donné ce papier.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.124. ♦ Poser pour + subst.Il pose pour le don Juan, il est encore jeune, dans quelques années, vous le rencontrerez avec un vieux débris qui l'aura maté (Poulot, Sublime,1872, p.107). − Empl. pronom. réfl. ♦ Se poser en + subst.Se poser en héros, en protecteur, en redresseur de torts, en séducteur. Personne n'a plus le droit de se poser en témoin ni en juge (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.274).−Avez-vous l'intention de vous poser en victime? (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p.225). ♦ Se poser comme + subst.Se poser comme un génie, comme le maître, comme un traître. On sent que sous la forme légère qu'il donne à ses paroles, le candidat remisé à la porte va sérieusement se poser comme le directeur des votes de l'Académie! (Goncourt, Journal,1893, p.364): 8. ... [les franciscains] se répandent sur l'Italie déchirée par tant de discordes, essayant de réconcilier partout les partis, de déraciner les erreurs, se posant comme les arbitres suprêmes...
Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p.XLVIII. ♦ Se poser comme + adj.Quelquefois, se posant comme expérimentée, elle disait du mal de l'amour avec un rire sceptique qui donnait des démangeaisons de la gifler (Flaub., Éduc. sent.,t.1, 1869, p.189). ♦ Fam. Se poser là. Faire preuve de peu de mesure, de peu de modération dans son comportement, dans ses actes. Comme délicatesse vous vous posez là (L'Est Républicain,6 mars 1984, p.409, col. 5). 2. Qqn pose qqc. a) Admettre en affirmant comme une vérité irréfutable ou comme une conséquence nécessaire; présumer, supposer. Synon. établir, postuler, présupposer.Poser un principe, une règle: 9. Le dogme de l'immortalité future, et la définition de l'homme telle qu'on l'avait posée d'abord, formaient deux prémisses d'où se devait conclure, conséquence suprême et glorieuse, la résurrection de la chair.
Ozanam, Philos. Dante,1838, p.252. ♦ Poser (qqc.) pour (principe, etc). Poser Dieu pour principe, et le Verbe va suivre: le Fils naît forcément du Père (Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.46). ♦ Poser pour (maxime, etc.) que + ind.Posons, avait dit au contraire Jean-Jacques, pour maxime incontestable, que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p.124). ♦ Poser en (principe, axiome, règle, etc.) que + ind.Nous pouvons poser en principe que tout être vivant, fût-ce le plus rudimentaire, naît d'un être vivant préexistant (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.26).Le Dr Coué pose en règle que la volonté contrainte le cède toujours et sans aucune exception, en efficacité, à l'imagination libre (Mounier, Traité caract.,1946, p.457). ♦ Poser comme (principe, etc.) que + ind.Pour le moment, posons comme principe, si vous le voulez bien, que l'opération picturale implique un choix préalable, dans la réalité, de certains éléments rares et précieux (Lhote, Peint. d'abord,1942, p.11). ♦ Poser que + ind.Soit un modèle à deux revenus seulement: salaire et profit. Posons que le produit tout entier est absorbé par les deux revenus (Perroux, Écon. XXes.,1964, p.417). ♦ Ceci, cela posé. Ceci, cela admis. Vous n'êtes pas compromis, ni laissé là par moi. (...) soyez tranquille, je vous donnerai de l'ouvrage. Cela posé et bien dit, voici en quoi selon moi vous déviez (Hugo, Corresp.,1853, p.154). b) Formuler, énoncer. − Poser un problème. Nul n'esquive le problème de la pratique; et non seulement chacun le pose, mais chacun, à sa façon, le tranche inévitablement (Blondel, Action,1893, p.x). ♦ Empl. pronom. Le problème de Baudelaire pouvait donc (...) se poser ainsi: «Être un grand poète, mais n'être ni Lamartine, ni Hugo, ni Musset» (Valéry, Variété II,1929, p.145). − Poser une question. Quelqu'un pose la question: qui a fait cela? Je me lève et je réponds: c'est moi (Ricoeur, Philos. volonté,1949, p.55). ♦ Empl. pronom. Ici se pose une question: le littérateur veut-il, en vertu de son essence, exprimer uniquement son âme personnelle? (Benda, Fr. byz.,1945, p.157). 3. Qqn pose qqc. à qqn a) Poser un problème, une devinette, une colle à qqn. Soumettre à quelqu'un un problème, une devinette, une colle à résoudre. Il aimait naturellement à commander et à briller, et avec les ouvriers pas de risque qu'on lui posât des colles sur la géographie ou l'histoire ancienne (Aragon, Beaux quart.,1936, p.41).Il continua de la sorte à poser à tout le monde sa devinette (Druon, Gdes fam.,t.2, 1948, p.160): 10. Quelquefois (...), il (...) me faisait une question imprévue sur quelque vulgaire connaissance comme la géographie ou l'algèbre, me posant le plus facile problème d'enfant...
Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.154. − Empl. pronom. réfl. indir. C'est un problème qu'aujourd'hui encore je me pose sans pouvoir le résoudre (Reybaud, J. Paturot,1842, p.16). b) Poser une question à qqn. Lui demander de répondre, de dire ce qu'il pense de. −Je vais te poser une question, fit-il. −Eh bien? Parle. −Ai-je bien agi avec Simon? Ai-je été juste? (Green, Moïra,1950, p.109). − Empl. pronom. réfl. indir. Chaque jour, et tout le long du jour, je me pose la question (...): est-ce que j'aurais peine à mourir? (Gide, Journal,1922, p.729). c) Poser ses/des conditions (à qqn). Les formuler de manière nette et impérative. D'ailleurs, avant de commencer à réfléchir, il faut que je vous pose des conditions (Pagnol, Fanny,1932, i, 2etabl., 4, p.79). 4. Qqc. pose qqc.Soulever, faire apparaître. La disparition d'Olivier, sans l'inquiéter beaucoup, car elle le savait sujet à ces sortes de fugues, n'en posait pas moins un problème (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p.998).La partition posait deux difficultés de principe: celle de la tablature, et celle de la technique de la notation (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p.81). − Qqc. pose qqc. à qqn.Il est bien clair que ces obsessions des malades nous posent un très curieux problème de psychologie (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p.27). − Empl. pronom. passif. Apparaître. D'autres problèmes, cependant, se posent en 1922 (Barrès, Cahiers,t.14, 1922, p.73). 5. Vieilli. Qqc. pose qqn.Le placer dans une situation avantageuse. Le succès obtenu par son livre l'a posé dans le monde des lettres. Je me livrerai à la peinture, aux beaux-arts, cela pose un homme (Flaub., Corresp.,1855, p.79).Cela posait tout de suite une demoiselle d'avoir sur son album à souvenirs le portrait de Christian II (A. Daudet, Rois en exil,1879, p.256). − Empl. pronom. réfl. Se poser (dans le monde). S'y faire une position avantageuse: 11. −Tu n'as pas su te poser à Juvigny. On donne des dîners partout; as-tu seulement tenté une démarche pour faire inviter ta femme et ta fille? −J'ai pour principe de ne jamais m'imposer, répondit le brave homme...
Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.43. II. − Empl. intrans. A. − Vieilli. [Le suj. désigne un élément d'une construction ou une partie du corps hum.] Poser sur (qqc.).Synon. reposer sur.Enfin mes pieds posèrent sur une plate-forme plus large (About, Roi mont.,1857, p.215).Une salle carrée dont le plafond bleu posait sur quatre piliers massifs (Gautier, Rom. momie,1858, p.169). − HÉRALD. Disposer, placer. Un pavillon aux armes de Monte-Cristo, armes représentant une montagne d'or, posant sur une mer d'azur, avec une croix de gueules au chef (Dumas père, Monte-cristo,t.2, 1846, p.383). B. − Qqn pose 1. BEAUX-ARTS. [Le suj. désigne le modèle] Demeurer un certain temps immobile dans l'attitude choisie par l'artiste afin qu'il puisse reproduire son modèle. Faire poser un modèle; poser nu, debout, allongé. Une élégante Roumaine que tous voulaient faire poser, Manet comme Boldini et Helleu (Blanche, Modèles,1928, p.211).Philippe, avec dévotion, faisait des portraits de Suzanne et jamais la jeune femme ne refusait de poser (Duhamel, Suzanne,1941, p.229). ♦ Poser pour (le buste, la tête). Pendant que je pose pour mon portrait, Bracquemond, tout en crayonnant, me raconte un peu sa vie (Goncourt, Journal,1879, p.48).[Les artistes] lisent les caractères dans les physionomies avec une finesse qui me faisait peur, quand je posais pour ce buste (Bourget, Tapin,Enf. morte, 1928, p.80). ♦ Poser pour l'ensemble et, p.ell., poser l'ensemble. Poser en pied. (Dict. xixeet xxes.). − P. anal., LITT. Poser pour un écrivain. Lui servir de modèle pour créer un personnage de roman: 12. On peut reconnaître dans toute oeuvre d'art (...) celles [les femmes] qu'il a le plus aimées. Elles-mêmes n'ont fait que poser pour l'écrivain dans le moment même où, bien contre son gré, elles le faisaient le plus souffrir.
Proust, Temps retr.,1922, p.901. 2. PHOTOGRAPHIE a) Demeurer un certain temps immobile devant l'objectif afin d'être photographié. Ah! bel indifférent, vous donc aussi, avant de poser devant l'objectif, vous vous donnez un coup de peigne, et vous ne laissez courir que des photographies retouchées! (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p.401).Le temps interminable que mettaient autrefois à vous faire poser les photographes quand la lumière était mauvaise (Proust, Temps retr.,1922p.826). b) Maintenir ouvert l'objectif d'un appareil photographique pendant un temps supérieur à un dixième de seconde afin de prendre un cliché. Votre photo est sombre, vous avez trop posé. (Dict. xxes.). 3. Au fig. Prendre une attitude affectée, manquer de naturel. Synon. fam. crâner, se pavaner.Les monarques posent toujours, et les grands monarques plus peut-être que tous les autres (Sand, Consuelo,t.3, 1842-43, p.213): 13. Qu'on ne te reproche pas ces simagrées que tu faisais avec tes nobles amis. Ce n'est rien. Tu posais, tu grimaçais malgré toi. Nous grimaçons tous.
Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p.51. − Loc. Poser pour la galerie*. 4. Vieilli. Faire poser qqn.Le faire attendre. Ah çà! (...) ils ne viendront pas, les médecins! (...) voilà une heure qu'ils nous font poser! (Gyp, Docteurs,1892, p.44). − En partic. Faire attendre (quelqu'un) en le trompant par des prétextes, des vaines promesses. Synon. fam. faire lanterner* qqn.Elle aurait bien voulu manquer encore celui-là [le rendez-vous], mais elle avait fait poser ce pauvre vicomte, deux fois le mois dernier, et elle n'osait point recommencer si tôt (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Rendez-vous, 1889, p.1111). Rem. 1. Dans qq. ex., poser est empl. abusivement et par confusion graph. au sens de «pauser»: Nous nous donnâmes à peine le temps d'y poser [à Strasbourg] et ne fîmes presque que nous élancer de la voiture sur la selle des chevaux (Sainte-Beuve, Volupté, t.2, 1834, p.206). [Les guides] posaient une minute sur un bloc solide pour permettre au monsieur de reprendre haleine (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p.183). 2. Empl. subst. a) Formulation. Au simple poser de telles questions l'orthodoxie s'insurge évidemment (Weill, Judaïsme, 1931, p.82). b) Équit. V. posé III A 2. Prononc. et Orth.: [poze], (il) pose [po:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. pausar «déposer, ensevelir» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 351); ca 1050 poser «id.» (Alexis, éd. Chr. Storey, 587); 2. a) 1188 «mettre en place une chose» (Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 6250); 1680 poser la première pierre (Rich.); 1579 poser (des) sentinelles (Larivey, Les Jaloux, éd. Viollet le Duc, VI, 46); b) 1792 «jouer un dé au domino» (Encyclop. méthod. Jeux, t.3, p.71); 1654 arithm. (Cyrano de Bergerac, Le Pédant joué, II, 2); c) 1669 peint. «donner la pose appropriée au modèle» (Molière, Gloire du Val de Grâce, 91); 1840 mus. poser la voix (Garcia, Art chant, p.95); 3. 1155 «fixer, déterminer, établir» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 71); 1269-78 «présumer, supposer» poson que (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 18757-18758); 1657-62 cela posé (Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg, section VII, 385); 1690 poser des principes (Fur.); 1879 poser un acte «accomplir» (Arrêt de la cour de cassation de Belgique ds Dupré 1972); 4. 1718 poser l'état d'une question «déterminer d'une façon précise les termes d'une question» (Ac.); 1789 poser une question (Mirabeau, I, 295 ds Ranft); 1862 poser sa candidature (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.1, p.400); 5. ca 1150 «établir quelqu'un dans une fonction» (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 160); rare jusqu'au xixes. 1841 (Balzac, Fausse maîtr., p.44); 6. 1188 «mettre bas quelque chose qu'on porte sur soi» (Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 2422); 1567 poser les armes (Amyot, Vies, Eumen, 8 ds Gdf. Compl.); 1669 poser le masque (Molière, Tartuffe, 4, 4); 1837 poser ses scrupules (Balzac, Employés, p.38); 1866 poser sa chique «se taire», «mourir» (Delvau, p.79); 1878 poser culotte (Rigaud, Dict. jargon paris., p.277). B. 1. a) Ca 1140 «reposer (en parlant d'un mort)» (Geoffroi Gaimar, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 1742); b) 1680 «être appuyé sur quelque chose» (Rich.); c) 1822 peint. «(en parlant d'un modèle) rester immobile dans l'attitude voulue par le peintre» (Delacroix, Journal, p.20); d) 1834 faire poser (qqn) «le faire attendre» (Balzac, Gaudissart, p.290); e) 1835 «prendre des attitudes, des manières affectées (Ac.); 1883 poser pour la galerie (Huysmans, Art mod., p.168); 2. a) ca 1145 verbe pronom. «s'étendre (sur un lit)» (Wace, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 1532); b) av. 1794 «en parlant du regard» (Chénier, OEuvres poét., II, p.36); c) 1846 «se faire, se donner une position avantageuse» (Balzac, Cous. Bette, p.91); d) 1835 se poser comme (Id., Fille yeux d'or, p.353); 1839 se poser en (Id., Fille Ève, p.148); 1947 se poser là (Fallet, Banlieue sud-est, p.25); 3. a) 1538 part. passé «calme, mesuré» (Est.); 1840 gens posés «qui ont une situation sociale bien assise» (Balzac, Prince Bohême, p.381); b) 1869 verbe subst. le poser «action du cheval qui pose un pied sur le sol» (Littré); 1903 part. passé subst. «id.» (Nouv. Lar. ill.); c) 1874 part. passé fém. subst. «endroit où un navire pose sur le fond» (Rapport du préfet de la Manche dans l'Avranchin, 8 nov., Suppl. ds Littré Suppl. 1877). Du lat. pop. pausare «cesser, s'arrêter», d'où dans le lat. des inscriptions chrét. «se reposer (en parlant d'un mort)», a pris le sens de poser dans le lat. parlé de basse époque en absorbant les différents sens du lat. ponere (v. pondre), sens qui a éliminé le sens propre réservé à reposer* (Bl.-W.; cf. aussi A. Stefenelli, Geschichte des fr. kernwortschatzes, p.72 et 259). Fréq. abs. littér.: 10131. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6661, b) 13661; xxes.: a) 16079, b) 20407. DÉR. Posage, subst. masc.,vieilli. Action de poser, de mettre en place à l'endroit qui convient; résultat de cette action. Quant à la difficulté du transport et du posage [des pierres] sans aucun moyen mécanique, elle disparaîtra (Voy. La Pérouse,t.4, 1797, p.34).Céram. Posage (des couleurs). Application, à la surface des poteries, de couleurs résistant au feu. [L'opération du] posage par immersion de l'enduit vitrescible (Al. Brongniart, Arts céram.,t.1, 1844, p.177).Le mathématicien (...) proposa de faire voir le posage des couleurs [sur les poteries] (Flaub., Éduc. sent.,t.1, 1869, p.251).− [poza:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) 1532 posage de bateaux «rade» (ds Delb. Notes mss ds DG), b) 1694 «action de poser» (Ac.); de poser, suff. -age*. BBG. −Klein Vie paris. 1976, pp.206-210. _Picoche (J.). Précis de lexicol. fr. Paris, 1977, p.81. _Quem. DDL t.17. _Spitzer (L.). Etymologische Miszellen. Neuphilol. Mitt. 1923, t.24, p.153. |