| PORTIQUE, subst. masc. A. − Galerie couverte dont la voûte est soutenue par des colonnes ou des arcades sur au moins un côté, souvent accolée à un bâtiment et s'ouvrant sur un espace découvert. Long portique; portique antique; portique d'un temple; rue à portiques. On comprend mieux les dialogues de Platon en voyant ces portiques sous lesquels les anciens se promenaient la moitié du jour (Staël,Corinne, t.2, 1807, p.223).J'ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux (Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p.27).V. académie ex. 1: 1. ... peu à peu les boutiques s'ouvriront, un petit marché s'installera sous les portiques les plus larges, avec ses couleurs vives et ses bruits. Nous pourrons nous promener à travers toute la ville sans presque sortir de l'ombre, comme nous aurions été au sec s'il avait plu.
T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p.320. SYNT. Haut, vieux portique; portique circulaire; portique grec, renaissance, romain; double portique; portique d'une église, d'un palais; portique de marbre; portique à arcades; colonne d'un portique. P. anal. Portique de feuillage. Quelquefois les jardins descendent en pente au rivage derrière les arcades d'un portique de tilleuls, à travers une colonnade de pins, au bout d'une pelouse (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.204).Le derrière de la maison donnait sur un jardin entouré de portiques de treilles (Lamart.,Raphaël, 1849, p.138).− P. méton. ♦ Le Portique. École stoïcienne grecque. Les philosophes, la philosophie du Portique. Plus moral et plus imbu de la doctrine des devoirs que les épicuriens, Zénon et tout le Portique prescrivaient, en certains cas, le suicide au stoïcien (Balzac,Méd. camp., 1833, p.233).L'accord de l'Académie et du Portique était imposant (Théol. cath.t.4, 11920, p.1186). ♦ Région. (Canada). Vestibule, entrée. Un aut' fois tu balayes ton portique tu te tournes vis-à-vis la rue, (...) quand tu vas être accoutumée, tu vas pouvoir toute te sortir su'l'perron... (Y. Deschamps,Monologues, 1973, p.212 ds Richesses Québec 1982, p.1870). − P. métaph. Le tombeau est-il un abîme sans issue, ou le portique d'un autre monde? (Chateaubr.,Litt. angl., t.2, 1836, p.287).Le jeune et brillant professeur sut reconnaître l'intelligente faveur dont il avait été l'objet en publiant (...) cette admirable introduction à l'histoire de la maison d'Orléans, portique grandiose de l'oeuvre à laquelle l'historien devait donner vingt ans de sa vie (A. Daudet,Immortel, 1888, p.18). B. − P. anal. (de forme gén.) 1. CH. DE FER. Portique à signaux. Structure enjambant les voies et servant de support à des signaux. (Dict. xxes.). 2. CONSTR. ,,Élément de construction rigide, composé de deux poteaux et d'une poutre en bois, en fer ou en béton armé, et destiné à supporter une charge au-dessus de la portée de la poutre`` (Noël 1968). Le mur occidental, pourtant solidaire des piles soutenant les coupoles de la salle de travail, a été ouvert sur presque toute sa longueur au moyen de trois portiques en béton armé (Cain,Transform. B.N., 1959, p.47). 3. GYMN., JEUX. Installation formée de deux éléments verticaux reliés au sommet par un élément horizontal auquel sont accrochés divers agrès ou des balançoires. On trouvait de longs cheveux pris aux (...) basses branches des arbres dans le jardin, de longs cheveux accrochés au portique où pendaient le trapèze et la balançoire (Colette,Mais. Cl., 1922, p.114).Un grimper à la corde au portique pouvant se prolonger par un exercice d'équilibre sur ce portique pour se terminer par un saut en profondeur (R. Vuillemin,Éduc phys., 1941, p.42). 4. MANUTENTION. Appareil de levage formé d'une poutre munie d'un palan, montée sur des montants verticaux simples ou doubles, fixes ou mobiles. Les portiques nécessaires à la manutention pourront s'escamoter dans des constructions spéciales situées aux extrémités du barrage (Romanovsky,Mer, source én., 1950, p.99). ♦ Grue à portique ou grue-portique. Les carrières sont maintenant desservies par des grues-portiques (...) de 10 à 20 t de puissance servant à l'extraction et au stockage de centaines de milliers de tonnes (Lambertie,Industr. pierre et marbre, 1962, p.80). ♦ Portique roulant. Version de cet appareil où les montants verticaux peuvent se déplacer sur des rails. Au moyen de (...) cylindres de bois et d'un treuil, ils [les blocs de pierre] sont amenés sous un portique roulant électrique qui sert à leur manutention (Arts et litt., 1935, p.20-3). 5. MAR. Mât à portique. ,,Mât de cargo qui (...) est fait de deux pieds verticaux reliés entre eux par un longeron horizontal`` (Le Clère 1960). 6. Portique (magnétique). Installation de détection magnétique comprenant deux montants verticaux entre lesquels passent les voyageurs et qui permet, dans un aéroport de contrôler les passagers. Certaines compagnies aériennes ont installé des portiques magnétiques destinés à détecter les armes et les explosifs que contiendraient les bagages à main ou que cacheraient, sur eux, les passagers (Le Figaro, 8 sept. 1970ds Gilb. 1980, p.471). − Dispositif analogue pour éviter la fraude, à la sortie d'un magasin ou d'une bibliothèque: 2. L'un de ces points chauds c'est la bibliothèque où chacun peut entrer, se servir et sortir à sa guise. Lors du premier inventaire, cinq ans après l'ouverture, on s'aperçut que plusieurs milliers d'ouvrages manquaient. On a donc inséré dans tous les volumes des bandes magnétiques invisibles et dressé à la sortie un portique détecteur comme dans les aéroports.
Le Monde loisirs, 4 févr. 1984, p.IV. Prononc. et Orth.: [pɔ
ʀtik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1547 «galerie couverte soutenue par des arcades» (J. Martin, Arch. de Vitruve, III, 1 ds Gdf. Compl.); spéc. 1690 «école du philosophe Zénon» (Fur.); 2. 1690, 3 nov. «espèce de jeu où l'on fait tourner une boule autour d'un portique» (Dangeau, Mémoires ds Havard t.4); 3. 1819 gymn. (Clias, Gymnastique Elémentaire ds Petiot 1982). Empr. au lat. porticus, v. porche. Fréq. abs. littér.: 590. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1445, b) 992; xxes.: a) 523, b) 429. Bbg. Bäcker 1975, pp.168-169; p.258. |