| PORTE-PAROLE, subst. masc. [Gén. avec compl. subst. prép. de désignant une ou des pers.] A. − Personne qui, officiellement ou de façon reconnue, exprime les idées d'une autre personne ou d'un groupe, parle en leur nom. Porte-parole autorisé, officiel; porte-parole de la classe moyenne, d'un gouvernement. Ce désir d'être soulevé par l'applaudissement des foules et d'en devenir le porte-parole inspiré n'a-t-il pas précipité un génie comme celui de Lamartine dans les misères de la politique quotidienne? (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p.127).Mes chers compatriotes, je suis assuré d'être votre porte-parole en remerciant l'auteur, M. Jules Baudot, ses interprètes excellents, et tout particulièrement cette jeune fille qui incarna d'une façon si parfaite et si impressionnante notre Jeanne d'Arc (Barrès,Cahiers, t.9, 1912, p.350).André Philip, porte-parole des socialistes, s'était efforcé d'expliquer l'adhésion gênée des siens en proclamant que la Chambre m'attribuait «le mandat impératif» de constituer un ministère où l'extrême-gauche serait représentée (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p.276). ♦ [À propos des personnages d'une oeuvre littér. par rapport à l'aut.] Quand un personnage dans un grand roman russe nous livre ses idées, c'est sa chair et son sang qui parlent et l'on y croit, mais comment ne pas voir que les personnages de tel écrivain moderne ne sont que ses porte-parole et que leurs discours sont interchangeables? (Green,Journal, 1949, p.311). − P. métaph. Je la regardais, d'abord de ce regard qui n'est pas que le porte-parole des yeux, mais à la fenêtre duquel se penchent tous les sens (Proust,Swann, 1913, p.141).Il cerne l'acte qui a gâché la liberté et, plus loin que l'acte, appelle à l'expiation le moi dont cet acte est le porte-parole dans le monde (Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.178). B. − P. anal. [À propos d'un écrit, surtout un journal, ou d'un autre moyen d'information] Ce qui présente, communique les idées d'une personne ou d'un groupe. En vain le bon défenseur de Picquart arguait que cette sorte de presse est le porte-parole naturel du gouverneur de Paris (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.216).Depuis quatre ans, votre oeuvre a été mon porte-parole, à moi qui n'ai pas de talent littéraire (Montherl.,J. filles, 1936, p.922).Chez nous aussi d'ailleurs, bien que plus modérément et de moins en moins, la radio fait office de porte-parole, sert de lien entre les dirigeants et les citoyens (Vocab. radioph., [1933-52]). Prononc. et Orth.: [pɔ
ʀtpaʀ
ɔl]. Att. ds Ac. 1935, plur. des porte-parole (id. ds Rob., Lar. Lang. fr.). V. porte-. Étymol. et Hist. 1. 1552 «messager» (Ch. Estienne, Dictionarium latino-gallicum ds Delb. Notes mss: Interpres, ung truchemant, ung porteparolle, ung avant parleur); 2. a) 1773-74 «celui qui parle au nom d'une ou de plusieurs personnes» (Beaumarchais, Mém., éd. Garnier, p.281 ds Brunot t.6, p.1315: Bertrand, le porte-parole); 1874 (Gazette des tribunaux, 21 mai, p.483, 4ecol. ds Littré Suppl. 1877); b) 1871 en parlant de quelque chose (L. Frankel, Procès-verbal, 5 janv., Intern. Paris, in Ann. de l'Ass. Nat., t.X, p.145 ds Dub. Pol., p.382: un organe qui soit son porte-parole). Comp. de l'élém. de compos. porte-* et de parole*. Fréq. abs. littér.: 64. |